Quels livres emporter en vacances? La sélection de la rédaction selon votre destination
Au moment de boucler la valise, il s’agit de ne pas oublier son passeport, les lunettes de soleil, suffisamment de sous-vêtements, et puis de quoi lire, ça va sans dire! Mais quels livres emmener avec soi en vacances? Tout dépend de la destination où vous comptez le dévorer…
Après tout, on adapte bien sa garde-robe à sa destination de vacances, alors pourquoi n’en ferait-on pas de même des livres qu’on prend avec soi pour le voyage? C’est qu’on n’a pas la même manière de lire en bord de mer qu’en plein city-trip, ni forcément les mêmes envies… Ça tombe bien: la rédaction a compilé ses coups de coeur lecture pour l’été 2024, classés en fonction de l’endroit où vous les découvrirez.
Bonne lecture!
Notre sélection de livres pour des vacances…
À la plage
En bord de mer ou de piscine, on a envie d’une lecture douce comme la brise qui rafraîchit nos corps caramélisés par le soleil. De l’intrigue, oui, mais pas de prise de têtes, et si possible, une trame aussi feel good que les chouchous, cocktails et autres crèmes glacées qu’on s’enfile sans compter.
Ghosts, Dolly Alderton (Fayard)
« Vous aimez les jolies plumes, du genre à manier aussi bien l’humour que les sentiments? Vous allez adorer Dolly Alderton, journaliste et autrice de talent, qui déroule ici une histoire (trop) bien connue de celles et ceux qui sont exposés aux affres du dating moderne. Soit le ghosting subi par Nina, trentenaire à la carrière d’autrice florissante qui vient de pendre la crémaillère de son nouvel appartement. Lorsqu’elle rencontre Max, sex symbol aux faux airs de viking qui lui annonce dès le premier rendez-vous qu’il finira par l’épouser, tout paraît enfin lui sourire… Sauf que si c’était si simple, il n’y aurait pas de livre, ou en tout cas, pas celui-là, et quel dommage ce serait, car c’est pile le genre d’ouvrage qu’on dévore de la première à la dernière page, avant de foncer acheter tout ce que l’auteure a écrit d’autre ».
Notre désir est sans remède, Mathieu Larnaudie (Actes Sud)
« Avec sa blondeur angélique, ses pommettes taillées au couteau et ses yeux de biche, l’actrice américaine Frances Farmer n’avait rien à envier à ses illustres contemporaines, à commencer par une certaine Norma Jean Baker… Et pourtant. Internée contre son gré en hôpital psychiatrique, et plus connue aujourd’hui pour sa santé mentale vacillante que pour ses rôles sur grand écran, celle qui a inspiré son nom de scène à Mylène Farmer a vécu une vie hors du commun, retracée avec maestria par un auteur brillant, dont on avait déjà admiré la plume et l’esprit vifs dans Les Effondrés et Strangulation, entre autres. On croit lire une sage hollywoodienne, et il y a de ça, mais c’est beaucoup plus profond aussi, et ainsi que le phrase très joliment sa maison d’édition, ce roman soutient une réflexion politique sur le corps jeté en pâture à la gloire ».
L’invitée, Emma Cline (10/18)
« L’été touche à sa fin à Long Island, et Alex n’est plus la bienvenue. Un faux pas lors d’un dîner et Simon, l’homme plus âgé chez qui elle habitait, la raccompagne à la gare et lui paye un billet retour pour New York. Sans ressources, avec pour toute possession un téléphone qui a pris l’eau et ce don qu’elle a d’orienter à sa guise les désirs des autres, Alex décide de rester à Long Island, dans ce monde très fermé où elle n’a pas sa place. On suit ainsi le récit de sa semaine d’errance, entre villas luxueuses et plages privées où elle n’a pas sa place, et qu’elle refuse pourtant de quitter, et on se prend de passion pour cette fille paumée qu’on adore silencieusement juger. Et nous, jusqu’où serait-on prêts à aller pour sauver la face? »
Aesthetica, Allie Rowbottom (Fayard)
« Dans le Los Angeles des années 2030, Anna, devenue célèbre grâce à Instagram, s’apprête à subir Aesthetica, une procédure qui va lui permettre de gommer ses chirurgies esthétiques passées. L’occasion, pense-t-elle, de revenir à une version plus authentique d’elle-même, sauf que pile quand elle s’apprête à renouer avec son passé, celui d’un ancien petit ami vient la hanter. Entre les plaines du Texas, la Californie du Sud et un futur qui ne semble finalement pas si lointain, ce roman confirme tout le bien qu’on pensait déjà d’Allie Rowbottom à la lecture de Jell-O Girls, l’autobiographie de sa famille dysfonctionnelle: sa plume, acérée et incisive, est décidément à suivre. Et niveau lecture estivale maline mais pas (trop) pesante, on fait difficilement mieux que ce roman ».
Butcher & Blackbird, Brynne Weaver (Verso)
« Vous connaissiez les romans d’amour et les comédies romantiques, découvrez la killer romance, phénomène #BookTok (et littéraire) qui même suspense, adrénaline et romance, ça va sans dire. Dans ce roman à succès, vendu à plus de 400.000 exemplaires et en cours d’adaptation pour la télévision, on suit les (més)aventures de Sloane et Rowan, meurtriers et rivaux qui se lient d’une amitié improbable née de leur prédilection particulière pour les autres serial-killers. Meurtres, chaos et passion torride sur fond des petites villes de Virginie-Occidentale à la chic Californie, en passant par le centre de Boston et le Texas rural: on suit ces deux chasseurs se lancent dans une compétition annuelle macabre et sanglante, qui les oppose aux monstres les plus dangereux du pays, et c’est jouissif ».
Carolyn et John, Stéphanie Des Horts (Albin Michel)
« Ils sont jeunes, riches, beaux, non, sublimes, bref, ils ont tout pour eux. Et l’avenir s’annonce plus prometteur encore, car John-John Kennedy est né dans la famille la plus prestigieuse des Etats-Unis, dont il est promis à prendre la tête un jour comme son père avant lui. Mais le nom Kennedy est aussi associé à une malédiction, et les deux héros tragiques de cet ouvrage au croisement du roman et de la biographie ne vont pas y échapper. Avant même de commencer la lecture du livre, on sait déjà comment l’histoire se finit, mais Stéphanie Des Horts a le don de tenir tout de même les lecteurs en haleine, grâce à un méticuleux travail de recherche qui donne à voir des facettes méconnues, et même plutôt sombres, de ce couple si lumineux. Un vrai coup de coeur, et la lecture estivale parfaite ».
Hot Milk, Déborah Levy (Du Sous-sol).
« Tombés en amour des textes sensibles et cérébraux de Deborah Levy en découvrant sa trilogie autobiographique non conventionnelle, Ce que je ne veux pas savoir, Le Coût de la vie et Etat des lieu, à force, on peut dire que cette autrice est devenue une amie, même si elle ne le sait pas. Son Hot Milk enfin traduit en français agrège tout ce qui emmènera loin et en même temps au plus près : la chaleur de l’été andalou, la présence inquiétantes de molles méduses qui ont envahi les plages, la confrontation de deux figures opposées, Sofia et sa mère Rose – la première a 25 ans, jamais terminé sa thèse et mis sa vie de côté pour s’occuper de la seconde, qui souffre d’une mystérieuse maladie des os. « J’enquête sur les symptômes de ma mère depuis aussi loin que je m’en souvienne. Si je me considère comme une détective accidentelle mue par un désir de justice, cela fait-il de sa maladie un crime non résolu ? Si oui, qui est le coupable et qui est la victime ? » Tout ça promet de l’existentiel, un peu de philosophie en douce, de la poésie assurément et de l’intrépidité, on peut faire confiance à Deborah Levy qui aime Guillaume Apollinaire, Simone de Beauvoir, Colette et la mer. Il faut se dépêcher de lire Hot Milk, avant que les images ne viennent surimposer leur puissance car de livre, il se mue en film, bientôt sur les écrans, réalisé par la britannique Rebecca Lenkiewicz, avec « Emily » Emma Mackey, Vicky Krieps et Fiona Shaw ».
Poussière blonde, Tatiana Rosnay (Albin Michel)
« Ces deux-là n’auraient sans doute jamais dû se rencontrer. Et pourtant, elles ont plus en commun qu’il n’y paraît. Pauline est femme de chambre et là voilà qui entre dans la suite 614 du Mapes Hôtel, à Réno. Elle devait être vide. Mais Mrs. Arthur Miller, alias Marilyn y ère encore, hagarde face à son couple en pleine débâcle. Le lien improbable qui se tisse alors entre les deux femmes laisse entrevoir à Pauline un autre destin que celui qui semblait tout tracé pour elle. Que l’on ne s’y trompe pas : c’est bien elle, le personnage principal de ce récit limpide et non la star dont nous pensons déjà tout connaître. Avec en arrière-plan, la poussière blonde du désert du Nevada qui s’envole sous les sabots des mustangs sauvage. Dépaysement garanti ».
Happy Place, Emily Henry (Hauteville)
« Harriet et Wyn ont toujours été le couple parfait, aussi indissociable que le gin et le tonic, jusqu’à ce qu’ils rompent il y a six mois. Pourtant, lors de leur voyage annuel dans le Maine avec leur groupe d’amis de longue date, ils décident de cacher leur rupture et de jouer la comédie pour préserver l’harmonie. Mais maintenir cette façade devient de plus en plus difficile, confrontant Harriet et Wyn à leurs sentiments et à la réalité de leur séparation… Chaque roman qu’Emily Henry publie est un petit bijou de comédie romantique et Happy Place ne fait pas exception. Dès les premières pages, on est transporté dans ce cottage au cœur de ce groupe d’amis qui se connaissent depuis toujours. L’humour est omniprésent et la dynamique entre les personnages principaux est brillamment écrite. Au-delà de la romance, le livre explore également l’importance des amitiés, montrant à quel point elles nous forgent et nous font grandir. C’est une lecture à la fois divertissante, touchante et empreinte de nostalgie ».
Libre, par Adriana Karembeu (Editions Leduc)
« Cette autobiographie de la top des années 90 Adriana Karembeu se lit comme un conte de fées, avec son lots de péripéties et de vilénies envers l’héroïne et son happy end façon « ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants ». Sans aucun tabou, l’ex-femme de la star du ballon rond, Christian Karembeu, raconte, en 200 pages, son parcours, depuis sa Tchécoslovaquie natale, où elle subissait les violences physiques et morales d’un père méprisant, jusqu’à son accomplissement en tant que maman aujourd’hui. Sur le catwalk, la jolie blonde aux jambes kilométriques a défilé pour les plus grands créateurs. Aujourd’hui, à 52 ans, elle accueille avec philosophie les premiers signes de l’âge et entend tirer des obstacles franchis des leçons pour la suite. Si de prime abord, on aurait pu craindre un récit un brin trop léger, on s’est finalement immergé dans cette belle histoire racontée avec sensibilité et humour. On y a même puisé quelques mantras pour soi-même. Le livre parfait pour se détendre sous le parasol, les doigts de pied en éventail, au bord de la Méditerranée ».
Ces petits riens qui font tout, Cheryl Strayed (10/18)
« Promotion, coup de foudre, aventure, mais aussi deuil, tromperie ou encore situation financière compliquée: aucune situation n’est tabou pour Cheryl Strayed. Laquelle, avant de rédiger Wild et de connaître la gloire grâce à son adaptation au cinéma, répondait au courrier des lecteurs du magazine littéraire The Rumpus. Adapté lui aussi à l’écran, mais en série (Tiny Beautiful Things) cette fois, Ces petits riens qui font tout compile les échanges épistolaires de l’auteure américaine et s’avèrent être à la fois passionnants à lire, mais aussi, constituer l’antidote idéal à nombre de problèmes, qui trouvent leur solution dans ces pages ».
Le goût du bonheur, par Sophie Avon (Mercure de France)
« On est en 2022, c’est l’été. Paul a acheté une maison de vacances dans les Landes et y reçoit sa sœur Lili, la soixantaine, et son compagnon. Tandis que les protagonistes se laissent aller à la torpeur estivale sous les pins, les incendies qui dévasteront la région cette année démarrent. A la peur des premiers instants, succèdent l’effroi, le désespoir… Mais aussi l’envie de voir renaître sous les cendres un monde meilleur. Cette histoire, on l’emporte pour lire dans une pinède, histoire de se rappeler que cette nature est précieuse et à chérir, assuré de se laisser emporter par l’écriture fine et sensible de Sophie Avon ».
Sportives
À la campagne, en forêt ou à la montagne, on enchaîne les kilomètres, à vélo ou à pied, et une fois venu le temps de se poser avec un bon bouquin, on veut tout ou rien: soit un livre qui continue à faire pulser l’adrénaline, soit, au contraire, le genre d’ouvrage qui permet de mettre son esprit au repos. Un grand écart mental, donc, à effectuer en piochant dans notre sélection de livres à tous les rythmes.
Heidi chérie, Lotte & Søren Hammer (Actes Sud)
« Au Danemark, un criminel s’en prend aux forces de l’ordre en kidnappant leurs enfants. Une petite fille est retrouvée morte, puis c’est au tour de deux adolescentes de disparaître. Au sein de la police, c’est la panique, et ça palpite pas mal aussi du côté des lecteurs de ce roman policier au rythme enlevé et à l’intrigue extrêmement bien ficelée, qui rappelle pourquoi l’appellation « scandinave » est un gage de qualité pour les amateurs du genre ».
Les Olympes, par Maïa Brami, Valentine Goby, Mathieu Palain, Sylvain Pattieu, Jennifer Richard, Caroline Solé, Carole Trébor, Jo Witek, (Albin Michel)
« Année olympique oblige, on a envie de s’immerger dans les grands destins de ces sportifs – et surtout sportives – qui écrivent l’histoire. Leur détermination est bien souvent à toute épreuve et les sacrifices consentis aussi énormes que leur talent. Quand on parle de femme, à la dimension performance s’ajoute aussi d’autres thématiques car, de tous temps, dans de nombreuses disciplines, elles ont été discriminées, victimes de misogynie, voire de violences. Comme si le corps féminin n’avait pas le droit de se surpasser. Ce livre raconte le destin de huit de ces guerrières qui ont réussi par leurs prouesses à faire bouger les lignes et forcer le monde à changer. De la skipper Florence Arthaud, qui fut la première à remporter la Route u Rhum, à la tenniswoman Serena Williams, qui toute sa carrière dut se confronter au racisme ambiant, en passant par la footballeuse Megan Rapinoe, également défenseuse très active de la cause LGBTQIA+. Un recueil de récits, écrit à plusieurs plumes, qu’on lissera d’office dans nos bagages, surtout si on a envie de se booster pour gravir le Mont Ventoux à vélo ou faire un trek dans le désert du Sahara ».
L’esprit des sommets, Robert MacFarlane (Les Arènes)
« Depuis la nuit des temps, les êtres humains sont attirés par les sommets. Oui mais pourquoi? Et surtout, pourquoi donc sont-ils prêts à risquer leur vie pour les atteindre? L’écrivain voyageur anglo-saxon Robert Macfarlane tente une (longue) réponse dans cet ouvrage qui remonte les siècles afin de mieux comprendre cette insatiable quête de frissons qui anime l’Humanité. Alors que le tourisme de masse n’épargne plus les montagnes et à l’heure où les plus majestueux cônes naturels de notre globe – de l’Everest au Mont Blanc en passant par le Kilimandjaro – sont littéralement pris d’assaut, la réflexion est évidemment passionnante. Et hautement documentée, à travers un livre qui parle aussi bien des grandes expéditions du passé que de l’alpinisme moderne, le tout saupoudré d’un émerveillement quasi poétique dont nos vacances ont (forcément) un peu besoin… »
Kim et les papys braqueurs, Main basse sur les bijoux de la Kardashian, Patricia Tourancheau (Seuil)
« Y a de l’argot à tous les étages. Normal quand on est une petite bande de cinq papys braqueurs, sortis tout droit de ces films de genre français des joyeuses golden sixties où il était question de gangsters gouailleurs. No stress, le lexique est en annexe, on pourra réviser cet été. Y a aussi un choc des cultures plutôt drôle et extrêmement passionnant. A notre gauche Kim Kardashian, star, qui avait eu la malencontreuse idée de montrer urbi et orbi la photo de sa bague de fiançailles, un diamant de 18, 8 carats évalué à 4 millions de dollars, ça fait un peu moins en euros… Et qui pour honorer la Fashion Week de sa présence , s’était installée dans un hôtel particulier à Paris, en octobre 2016. A notre droite, cinq bandits armés et cagoulés qui ayant eu vent de l’affaire juteuse, s’introduisent dans la demeure, saucissonnent Kim et font main basse sur ses bijoux, ciel, avant de prendre la fuite à bicyclette. La suite, rocambolesque, est à découvrir dans ce jouissif bouquin écrit par la fait-diversière Patricia Tourancheau qui sait de quoi elle parle ».
La Louisiane, Julia Malye (Stock)
« Amateurs de saga mêlant la petite histoire à la grande, ce roman au long cours comblera votre été. Tout commence en 1720, à Paris. Charlotte, Pétronille et Geneviève sont toutes trois enfermées à la Salpêtrière. Avec une centaine d’autres femmes, elles sont embarquées à bord de « La Baleine », direction La Louisiane pour y épouser des colons français. C’est d’abord une histoire de courages que nous conte Julia Malye : celui de survivre à une traversée infernale de 3 mois. Puis aux sévices que leurs infligent les maris abuseurs qu’elles n’ont pas choisis. En sous-titre, c’est toute la violence de la colonisation qui s’étale sous nos yeux : du rapt des terres indigènes à l’arrivée des premiers esclaves, cette culture de la domination qui perdure encore aujourd’hui n’en finit pas de dessiner les contours de l’état colonial ultime qui restent les Etats-Unis ».
Tous les membres de ma famille ont déjà tué quelqu’un, Benjamin Stevenson (10/18)
« Si pour vous, il n’y a rien de tel qu’un bon roman à énigmes, vous allez adorer vous plonger dans la réponse australienne (et moderne) à Agatha Christie. D’autant que son auteur, Benjamin Stevenson, est lui-même très friand du genre, et a donc tous les tours et détours pour amener ses lecteurs à des conclusions qui ne les rapprochent pas toujours du dénouement d’une enquête truculente: il faut dire que quand les cadavres se succèdent lors d’une réunion de familles de tueurs, tout le monde est suspect… »
La disparition de Chandra Levy, Hélène Coutard (10/18)
« L’an dernier, nous vous proposions dans la même collection true crime en partenariat avec le magazine Society, l’histoire incroyable de L’inconnu de Cleveland. Cet été, c’est La disparition de Chandra Levy que nous dévorerons sur notre transat. Le pitch : une jeune stagiaire au Federal Bureau of Prisons à Washington DC disparaît. On découvre qu’elle est la maîtresse d’un élu démocrate… Vous aurez une idée de la suite, l’histoire (vraie) est évidemment louche et le mystère est dense. Comme les cinq autres ouvrages de la collection, cette affaire « aux accents de série télévisée » raconte l’Amérique. Et pour ce nouvel opus on est servis, puisqu’on est à DC, en plein 11 septembre et post-scandale Monica Lewinsky. Une lecture palpitante en perspective ».
Citadines
En ville, quand on choisit de se trimballer un bouquin dans un sac qui déborde déjà des smartphones des uns et des autres, d’une gourde, d’une protection solaire adaptée et peut-être même, qui sait, d’un appareil photo, on en veut pour son argent: des formats compacts, qui captivent dès la première page et se dévorent avec délice à chaque pause terrasse.
Les yeux de Mona, Thomas Schlesser (Albin Michel)
« Épinglé par notre cellule graphique, mais aussi par le Dr Philippe Boxho lors du portrait chinois que nous lui avons consacré, ce roman, ainsi qu’il le raconte, est ‘l’histoire prétexte d’une petite fille aveugle qui doit suivre une psychothérapie. Sa maman demande au grand-père de l’amener à ses séances psy. Mais le papi amène sa petite fille dans les grands musées d’art parisiens. Les œuvres sont donc expliquées par l’auteur à travers les yeux de la fillette. Et quand on déplie la couverture du livre, on voit toutes les œuvres évoquées dans l’ouvrage. C’est un très beau livre, qui donne envie de voir l’œuvre pour s’en faire une idée soi-même. Il n’impose rien, il suggère. Et nous, on le glisse dans la valise pour en prendre plein les yeux (et le coeur)' ».
Torture blanche de Narges Mohammadi (Albin Michel)
« Vous l’entendez ce cri inextinguible des femmes iraniennes ? « Femme, vie, liberté ». Depuis leur cellule, même bâillonnées, torturées, emmurées, elles ne cessent de s’époumoner. Depuis plus de 20 ans, Narges Mohammadi est l’une des voix puissantes de la rébellion. La prix Nobel de la paix 2023 qui purge pour l’heure une peine de douze ans à la prison d’Evin, à Téhéran, parle de son expérience dans les geôles iraniennes. Et fait aussi entendre la voix des autres prisonnières qui comme elle ont éprouvé dans leur chair et dans leur âme l’incarcération en quartier d’isolement, la « torture blanche », la « mère de toutes les exécutions ». Elle n’a décidément peur de rien, cette militante qui force le respect et écrit, terriblement lucide : « Quelque fois, je me disais que si je n’avais pas été une personne aussi ouverte, sociale et heureuse, si j’avais passé un peu plus de temps seule avec moi-même à la maison et m’étais exercée à la solitude, je me serais mieux adaptée à la vie en cellule, qui aurait alors été plus facile. J’étais responsable de mon malheur. » Avec sa plume, cette arme puissante, Narges Mohammadi participe à la transmission des expériences et offre ainsi des outils pour résister aux dictateurs ».
Terrasses, Laurent Gaudé (Actes Sud/Leméac)
« Fallait-il donc qu’il fasse si doux, ce soir du 13 novembre 2015 à Paris ? Que cette soirée avant que l’horreur ne frappe aie des allures de fête ? L’auteur multirécompensé nous livre un récit choral que l’on dévore le souffle coupé, alors qu’on en connait d’avance la fin tragique. Il y a ces sœurs jumelles qui ont choisi la ville lumière et non pas Barcelone pour célébrer ensemble leur anniversaire, la jeune mère qui s’offre un soir rien qu’à elle, l’urgentiste désemparé, celui qui a tout vu depuis le trottoir d’en face… Pourquoi eux et pas moi, ce cesse-t-on de se demander en tournant fébrilement les pages, en quête d’une rédemption qui ne viendra jamais. C’est dur et triste mais surtout nécessaire. Pour éviter l’oubli comme la sidération qui empêche le retour à la vie ».
Cassavetes par Cassavetes, Ray Carney (Capricci)
« C’est le combo parfait pour une fan sous influence: les propos vibrants d’un cinéaste mort en 1989, une iconographie d’une beauté folle et les analyses ouvertement subjectives de l’auteur. Soit Cassettes par Cassavetes, avec photos de plateau et photogrammes qui restituent la beauté de son œuvre, le charme fou de son esthétique et l’érudition disruptive de Ray Carney du genre « Cassavetes n’était pas une personne simple. Il pouvait se montrer étonnamment généreux et attentionné, mais il pouvait aussi être exaspérant, inconséquent, buté et manipulateur. C’était un idéaliste mais aussi un escroc ». De Shadows (1958) à Love Streams (1984), son testament cinématographique, John Cassavetes aura façonné son œuvre comme on entre en guérilla – hypothéquant sa maison pour pouvoir filmer, tournant autour de son héroïne principale, Gena Rowlands, avec laquelle il forme un couple sublimissime et embarquant dans l’aventure ses amis comédiens Seymour Cassel, Peter Falk et Ben Gazzara. ‘Il faut rester droit, disait-il. Vous ne pouvez exprimez que ce que vous êtes' ».
Etat de terreur, Louise Penny & Hilary Clinton (Actes Sud)
« Oui, c’est bien « cette Hilary Clinton » là qui troque la politique pour la plume et s’associe avec son amie, la talentueuse Louise Penny à qui on doit déjà les enquêtes toujours très réussies d’Armand Gamache, pour signer un roman pour le moins inspiré. Et inspiré de faits (presque) réels, aussi, peut-être? Dans l’état de terreur mis en scène ici, un nouveau président entre en fonction après quatre années marquées par un repli des États-Unis sur le plan des affaires internationales. Quand une série d’attentats terroristes met à mal l’ordre mondial, la secrétaire d’État fraichement nommée est chargée de constituer une équipe capable de déjouer un complot meurtrier, scrupuleusement conçu pour tirer profit d’un gouvernement américain déconnecté. Le résultat: un thriller de haut vol où on ressent à quel point une des deux autrices (d)écrit les coulisses d’un pouvoir qu’elle ne connaît que trop bien. Epatant ».
La fille du terrassier, Guillaume Clicquot (Fayard)
« Ny aurait-il pas un peu de Laure Manaudou dans cette championne de natation devenue idole d’une génération avant de décider subitement de mettre fin à sa carrière? En tout cas, on se passionne pour la lecture des (més)aventures de Muriel Barrocco, triple championne olympique de natation, qui surprend tout le monde en annonçant qu’elle fait une pause à l’âge de 23 ans. Paradoxalement, les sollicitations publicitaires décuplent, Muriel devient alors influenceuse et profite enfin des joies de la frivolité, et associe son père, dont la prospérité a toujours été liée à sa réussite, à ses affaires. Ingénue, immature et pour certains idiote, la star des bassins ne risque-t-elle pas de perdre pied? On a 300 pages pour le déterminer, et on se délecte de chacune d’elles. »
Jules Verne contre Nemo, Céline Ghys (Fayard)
« Une enquête, oui, mais historique s’il vous plaît, avec un roman malin et à l’écriture fluide qui nous emmène à Amiens, en 1882. Un homme massacre une comédienne dans une ruelle, et signe son crime du nom du Nemo inventé par Jules Verne quelques années auparavant. Aux côtés de l’auteur lui-même ainsi que d’un enquêteur de renom, un jeune journaliste mène l’enquête dans un huis-clos urbain fascinant qui revient sur la création de la police criminelle et révèle les balbutiements de la police scientifique ».
La vie mouvementée de Michal K., Martin Carnoy (10/18)
« Nous sommes en août 1939, et Michal Klein, adolescent issu d’une famille aisée, embarque dans un train qui l’emmène loin de sa Pologne natale pour fuir le conflit imminent avec l’Allemagne. Pour l’adolescent, c’est le début d’un parcours long et difficile qui va le transformer progressivement en tueur aspirant à venger les siens. Pour le lecteur, plus qu’un roman, c’est un récit obsédant sur la réparation, la revanche, et les manières dont on se (re)construit quand on est confronté au pire, le tout sur fond d’une période qu’il ne s’agirait pas d’oublier ».
Et pour voyager sans partir de chez soi…
En cuisine ou depuis le confort d’un fauteuil ou d’une chaise longue, on part loin, très loin au gré des pages.
Les sept secrets d’Esther WIlding, Holly Ringland (Fayard)
« La dernière fois qu’Aura Wilding a été aperçue, elle marchait sur la grève, face à la mer. Elle est partie pour ne plus revenir, laissant derrière elle un cri strident et mystérieux. Un an plus tard, sa petite sœur Esther essaie de refaire sa vie, et nous, on la suit dans les paysages à la beauté âpre de Tasmanie, où elle fait la découverte du journal intime d’Aura. Entre l’Australie, le Danemark et les contrées mystiques qui se cachent en chacun d’entre nous, ce roman émouvant qui explore l’amour sororal et l’univers du tatouage fait vagabonder l’esprit de la manière la plus agréable qui soit ».
L’inconnue du portrait, de Camille de Peretti (Calmann Lévy)
« Peint à Vienne en 1910, le tableau de Gustav Klimt Portrait d’une dame est acheté par un collectionneur anonyme en 1916, retouché par le maître un an plus tard, puis volé en 1997, avant de réapparaître en 2019 dans les jardins d’un musée d’art moderne en Italie. Aucun expert en art, aucun conservateur de musée, aucun enquêteur de police ne sait qui était la jeune femme représentée sur le tableau, ni quels mystères entourent l’histoire mouvementée de son portrait. Des rues de Vienne en 1900 au Texas des années 1980, du Manhattan de la Grande Dépression à l’Italie contemporaine, Camille de Peretti imagine la destinée de cette jeune femme, ainsi que celles de ses descendants. Une fresque magistrale où se mêlent secrets de familles, succès éclatants, amours contrariées, disparitions et drames retentissants ».
L’Ecosse fantastique – l’appel de Merlin, Dimitri de Larocque Latour (Magellan & cie)
« A votre gauche, l’un des beaux pays d’Europe, alias l’Ecosse. A votre droite, l’un des plus grands mystères de l’Histoire, alias Merlin l’Enchanteur. Au milieu de tout cela, coulent les merveilleuses images de Dimitri de Larocques Latour, un photographe tombé à la fois de l’Ecosse et de ses secrets les mieux cachés. Son objectif? Partir sur les traces du célèbre magicien et de ceux qui ont écrit la légende arthurienne, en traversant des paysages sauvages, des forêts brumeuses, des châteaux (évidemment) hantés et des lacs qui reflètent encore les ailes des anges égarés. Si les magnifiques photos se regardent avec les yeux grands ouverts, le reste appartient à l’imagination de chacun… »
La lionne, Karen Blixen en Afrique, de Tom Buk-Swienty (Gaïa)
« On la surnommait La lionne, parce que c’en était une. Karen Blixen (1885-1962) portait le nom de son mari le baron Blixen-Finecke qui lui avait transmis son titre de noblesse et sa syphilis. Elle aimait l’aventure, les grands espaces, la liberté, l’Afrique et un aristocrate anglais qui finit tout bonnement par lui briser le cœur. Elle était devenue l’une des premières dirigeantes d’entreprise au monde, à la tête de la Karen Coffee Compagny. Plus tard, insomniaque et brisée, elle se nourrira de cette expérience pour la raconter dans sa Ferme africaine. Un best-seller et le début d’un mythe. Comment dès lors démêler le vrai du fantasmé dans cette vie hautement romanesque ? C’est la tâche que s’est assignée le journaliste et biographe danois Tom Buk-Swienty dans ce récit complet, richement illustré, d’un parcours qui additionne la Première Guerre Mondiale, les grands safaris, des récoltes catastrophiques, un amour tragique, la passion de cette terre kenyane et la perte de tout ».
Va où la rivière te porte, par Shelley Read (Robert Laffont)
Fin des années 40, Victoria, 17 ans, travaille dans le verger de pêches de son père, à Iola, une petite ville au cœur des étendues sauvages du Colorado. Seule femme survivante de la famille, elle supporte comme elle peut un père colérique, un oncle acariâtre et un frère violent. Sa rencontre avec Wil, un jeune vagabond amérindien, va littéralement bouleverser son existence, entre histoire d’amour interdite et drames en cascade. Un premier roman pour l’autrice native de la région, Shelley Read, qui décrit aussi avec brio la saisissante nature de l’Ouest américain servant de décor à ce poignant récit initiatique.
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