livres printemps 2024
Notre sélection de livres sortis au printemps 2024 - Unsplash

Romans, non-fiction… La rédaction partage ses livres préférés du printemps 2024

Kathleen Wuyard Journaliste & Coordinatrice web
Amélie Micoud Journaliste

En quête de bonnes feuilles pour les vacances qui s’annoncent, ou juste d’ouvrages avec lesquels assouvir votre passion dévorante pour la lecture? Vous êtes en veine, la rédaction vous partage ses livres préférés du printemps 2024.

Un printemps placé sous le signe des sorties littéraires, tous genres confondus, histoire de satisfaire l’appétit de lecture des papivores de tous poils. À moins qu’il ne faille dire de toutes pages? Qu’importe, on n’est pas là pour pinailler mais bien pour alourdir encore un peu plus sa pile à lire, qui n’attend que ces livres lus et adorés par les journalistes de votre magazine préféré.

Nos coups de coeur lecture

Pénitence, Eliza Clark (Fayard)

Le résumé: Nord-Est de l’Angleterre, au lendemain du vote du Brexit. Trois adolescentes dans un McDonald’s d’autoroute. Bourrées de caféine, de sucre, d’adrénaline, couvertes de sable et soulevées d’éclats de rire, elles viennent de laisser leur amie brûler vive entre les quatre murs d’une cabine de plage.

Cinq ans plus tard, Alec Z. Carelli, journaliste à scandales et auteur disgracié, rôde dans les rues de Crow-on-Sea, la ville côtière du drame. Son objectif : faire la lumière sur ce qui s’est déroulé ce soir-là, découvrir les motifs du meurtre et relancer sa carrière en berne. Mais le mystère s’épaissit très vite, sans cesse exacerbé par les dépositions contradictoires et les accommodements de l’auteur avec la vérité.

Pourquoi on a aimé: À l’heure du streaming et autres réseaux sociaux, il n’est pas toujours simples, même pour les papivores les plus voraces, de se détacher des écrans pour prendre le temps de lire un livre. C’est sans compter sur le talent d’Eliza Clark pour croquer l’époque, « neurasthénique, voyeuse, fabulatrice, mégalomane et sans avenir, gavée de junk food comme d’histoires de serial killers », mais aussi, pour s’y adapter, avec un roman qui se dévore comme une série Netflix rythmée, les pages s’enchaînant toujours plus vite pour découvrir qui, quoi, comment. Et terminer, comme après des heures de binge-watching, avec un drôle de sentiment de contentement et de léger malaise, fin percutante oblige, le plaisir d’avoir savouré une plume acérée en prime.

La collectionneuse de mots oubliés, Pip Williams (10/18)

Le résumé: Esme a grandi entourée de mots, dans le Scriptorium où son père, lexicographe, rassemble des définitions pour constituer le premier dictionnaire d’Oxford. Mais le jour où elle découvre la fiche égarée de bonne-à-tout-faire, la petite fille comprend que tous les mots ne sont pas égaux. Le plus souvent, les termes triviaux qui ont trait aux femmes et à leur vie quotidienne sont écartés par son père et ses collègues.

Elle décide alors de sauver les paroles de ces femmes. Tout en traçant sa voie dans une société encore très étriquée, Esme commence à constituer son propre dictionnaire. Celui des mots oubliés.

Pourquoi on a aimé: À la fois historique et actuel, engagé et tendre, poétique et sérieux, ce petit roman qui se lit de manière agréable et enlevée est pile le genre de volume à glisser dans son bagage avant quelques jours de vacances ou un long voyage, et à lire avec le sentiment agréable d’en apprendre tout en se délassant. L’héroïne est attachante au possible, et on finit le récit de cette collectionneuse pas comme les autres avec l’envie de se lancer aussi dans une compilation de mots oubliés et pourtant importants.

Une histoire de la lecture, Alberto Manguel (Babel)

Le résumé: Parti à la recherche des raisons qui ont fait aimer le livre, Alberto Manguel propose un étonnant récit de voyage à travers le temps et l’espace, dont chaque étape lui est occasion de détours, de visites, de réflexions profondes et d’anecdotes réjouissantes. Célébration heureuse de la plus civilisée des passions humaines, cette histoire écrite du côté du plaisir et de la gourmandise se lit comme un véritable roman d’aventures.

Pourquoi on a aimé: Plus qu’un livre d’histoire(s), la grande et la myriade de plus petites qui tissent la vie des uns et des autres, cet ouvrage est avant tout une véritable lettre d’amour à la lecture. Ainsi que l’essence même de ce qu’on attend d’un « bon livre »: qu’il soit passionnant, instructif, bien écrit, et puis si vraiment on veut pinailler, joliment illustré. Carton plein pour cette histoire de la lecture rééditée pour le plus grand plaisir de celles et ceux qui n’avaient pas encore eu la chance de la lire.

Entière, Comment mon corps m’a sauvée, Chloé Hollings (PayotPsy)

Le résumé: Comment devenir une femme équilibrée et vivre sa féminité sans la subir ? Entre feelgood et body positive, Chloé Hollings témoigne de la méfiance de nombre de jeunes femmes à l’égard de leur féminité et de leur corps parce que leur parcours type passe par les cases fausse-couche, avortement et agression sexuelle. Chloé, trentenaire, n’y a pas fait exception, mais elle a fini par trouver le moyen de son épanouissement. Son secret ? Ni rejeter ce qu’on vit, ni être dévorée par ce qu’on a vécu. Chose possible à condition de chercher à se connaître un peu, revisiter son passé, écouter son corps. Et surtout de se libérer des injonctions sociales pour s’autoriser à faire enfin les choses à sa façon.

Pourquoi on a aimé: Dans un monde où les injonctions à « s’accepter », quoi que cela veuille dire, sont aussi nombreuses que celles à ne pas dépasser un certain IMC et à rentrer dans une fourchette étroite de tailles de vêtements sous peine de ne pas répondre à des standards étriqués, ce livre fait l’effet d’une bouffée d’air frais. Difficile de ne pas se reconnaître à la lecture de certaines pages, et en compatissant avec Chloé, on en finit par se dire que notre corps mérite lui aussi qu’on soit plus tendre avec lui.

Demain, même heure, Emma Straub (10/18)

Le résumé: Au milieu de ses voisines manucurées de l’Upper West Side, Alice Stern détonne. Elle travaille dans l’école où elle a étudié, elle est en couple mais elle vit seule, dans le même studio qu’il y a quinze ans, et elle n’a pas prévu d’arrêter de fumer. Sa vie est passée en un clin d’œil, et la voilà à l’aube de ses quarante ans. Alice pensait qu’elle aurait eu plus de temps pour se prendre en main. Elle pensait aussi qu’elle aurait plus de temps auprès de Leonard, son père, malade.

Le soir de son anniversaire, elle s’endort devant leur ancien appartement de Manhattan. Le lendemain matin, elle se réveille en 1996, le jour de ses seize ans. Et, encore plus choquant : elle se retrouve face à un Leonard fringant. Alice comprend vite comment passer d’une temporalité à l’autre et explorer les différentes versions de sa vie et de celle de son père. Maintenant qu’elle en a le pouvoir, changera-t-elle le cours de leur existence ?

Pourquoi on a aimé: Qui n’a jamais dû dire au revoir à un être aimé? Le deuil a beau faire partie intégrante de la vie, cela ne le rend pas plus facile pour autant, et Emma Straub en a fait les frais. De cette expérience bouleversante, elle a tiré un roman qui l’est tout autant, et au cours de la lecture duquel on alterne entre les yeux qui piquent et les éclats de rire, voire même, parfois, les deux en même temps. Triste sans jamais être lourd, Demain, même heure invite à profiter du moment présent, d’en profiter pour passer du temps précieux avec les personnes qu’on aime, et puis, aussi, si on le lit avant de s’endormir, à faire des rêves doux-amers où l’on s’imagine, comme Alice, pouvoir retourner dans le passé et passer du temps avec celles et ceux qui nous manquent. Un bijou d’émotion dans un petit format ultra simple à emporter avec soi.

Mangeuses, Lauren Malka (Éditions Les Pérégrines)

Le résumé: On lie souvent les troubles alimentaires féminins à l’intensification du diktat de la minceur dans les années 1970, mais ce phénomène, encouragé par l’industrie capitaliste, est bien plus ancien. Du mythe d’Ève, soumise à perpétuité au désir masculin pour avoir goûté au fruit défendu, à l’émergence des premiers restaurants – réservés aux hommes –, en passant par leur exclusion de la gastronomie, les femmes semblent condamnées à cuisiner et servir tout en s’affamant, à être ménagères ou gloutonnes quand les hommes sont grands chefs ou fins gourmets.

Comment a-t-on déréglé l’appétit des femmes ? Comment les mouvements féministes contemporains abordent-ils le rapport à la nourriture et au corps ? En fouillant dans l’histoire et la littérature, et en donnant la parole à des mangeuses de tous horizons, ce récit-enquête incarné tente de répondre à ces questions et apporte quelques miettes d’espoir dans un monde d’affamées.

Pourquoi on a aimé: Journaliste et podcasteuse, Lauren Malka chronique pour Causette et pour l’émission de Jamy Gourmaud Les Épicurieux. Autant dire que tant la gourmandise que les sujets de société la connaissent, et par chance, elle a décidé de combiner les deux dans cette exploration ambitieuse, qu’on lit avec appétit, même si, parfois, certaines réalisations tordent l’estomac. Ecrit avec le rythme soutenu de la presse, mais étendu délicieusement au format d’un roman, cette enquête lève le voile sur toute une série de problématiques de société – et donnera une furieuse envie à ses lectrices de se resservir…

Comme à la maison, Diane Dupré La Tour (Actes Sud)

Le résumé: « Ce livre est le récit d’un accident de la vie. Pas juste d’un accident de voiture, mais de tout cet incroyable accident que constitue la vie elle-même, du début à la fin. »

Ébranlée par la mort de l’homme avec lequel elle partage sa vie, Diane Dupré la Tour décide de changer les règles du jeu qui régissent son existence. Elle cofonde, en 2016, Les Petites Cantines, des restaurants participatifs où vient cuisiner qui veut et vient manger qui veut, pour un prix libre. Le but n’est pas d’en tirer profit, mais de relier les gens les uns aux autres. Dans ce récit qui tisse ensemble l’intime et l’universel, elle raconte son chemin personnel de retour à la vie et la naissance d’un projet qui redonne à d’autres l’appétit de vivre.

Pourquoi on a aimé: Abordé non par l’angle de la fiction mais plutôt du témoignage, le deuil prend ici une dimension bien plus personnelle encore. Est-ce que ce livre est parfois confrontant et difficile à lire? Bien sûr, et c’est la gorge serrée que l’on tourne certaines pages comme pour tenter d’éloigner le mauvais sort. Mais c’est aussi et surtout un message de résilience, d’amour et d’espoir, comme un baume qui donnera peut-être des idées aux personnes qui souffrent du manque et qui découvriront dans le témoignage de Diane Dupré La Tour d’autres possibles.

Des Murmures, Ashley Audrain (JCLattès)

Le résumé: Trois voisines devenues amies (oui, on pense bien sûr à Desperate Housewives) se côtoient avec tout ce que les conventions sociales exigent, lorsqu’on est un adulte d’âge moyen parent ou « juste » en couple. Le vernis social commence à fissurer lorsque l’une des protagonistes hurle sur son fils aîné lors d’une garden-party et que tout le monde, à son insu, l’entend. Mais ce vernis craquèle complètement et laisse entrevoir les sous-couches planquées en-dessous le jour où cet enfant a un accident.

Pourquoi on a aimé: On vous prévient : ça pique. Des murmures est le genre de livre qui tend un miroir et nous fait nous poser LA question : et si c’était moi ? Est-ce qu’il n’y aurait pas un peu de ces personnages – ces femmes en l’occurence – en chacun.e de nous ? L’écriture, brodée autour de vécus pourtant si banals, est redoutablement efficace et nous tient en haleine jusqu’au bout. Mais au-delà d’un bon thriller comme les Américain.e.s savent si bien les faire – on imagine sans difficulté une adaptation de l’ouvrage au cinéma – c’est une cruelle satire sociale que dresse ici Ashley Audrain, en titillant intelligemment nos questionnements très contemporains autour de la maternité. Les amitiés entre femmes, le couple, la parentalité… ce roman gratte là où ça fait mal, et c’est masochistement bon.

Et 3 nouveautés du printemps 2024 attendues avec impatience au rayon livres…

Monique s’évade, Edouard Louis (Seuil)

Le résumé: Une nuit, j’ai reçu un appel de ma mère. Elle me disait au téléphone que l’homme avec qui elle vivait était ivre et qu’il l’insultait. Cela faisait plusieurs années que la même scène se reproduisait : cet homme buvait et une fois sous l’influence de l’alcool il l’attaquait avec des mots d’une violence extrême. Elle qui avait quitté mon père quelques années plus tôt pour échapper à l’enfermement domestique se retrouvait à nouveau piégée. Elle me l’avait caché pour ne pas « m’inquiéter » mais cette nuit-là était celle de trop.

Je lui ai conseillé de partir, sans attendre. Mais comment vivre, et où, sans argent, sans diplômes, sans permis de conduire, parce qu’on a passé sa vie à élever des enfants et à subir la brutalité masculine ?

Ce livre est le récit d’une évasion.

Les obsessions bourgeoises, Madeleine Meteyer (JCLattès)

Le résumé: Céleste s’interroge : depuis quand son amie Servane a-t-elle développé cette curieuse obsession pour les objets de valeur ? La première fois qu’elles se rencontrent, elles ont quinze ans, Servane porte des ballerines qui bâillent sur les côtés et débarque dans un lycée huppé de la capitale tandis que Céleste, impeccablement à la mode, règne sur ce monde dont elle n’a jamais eu à apprendre les codes. Céleste introduit Servane à Thaïs, à Mathilde, au déconcertant Étienne, aux rallyes parisiens, et les deux jeunes femmes tissent une amitié que rien ne semble pouvoir menacer. 

Pourtant, lorsque des années plus tard, à l’occasion des vingt-sept ans de Céleste, un vase précieux disparaît, un doute s’insinue, coriace. Chercher à posséder ce dont d’autres disposent si facilement fait-il de Servane une suspecte ? À mesure que l’enquête avance, une jeunesse dorée se déchire et les rancœurs passées ressurgissent, abîmant la sensation, fragile, d’avoir trouvé sa place.

Une Sirène américaine, Julia Langbein (Gaïa)

Le résumé: Penelope Schleeman, une prof d’anglais fauchée, débarque à L.A. pour participer à l’adaptation de son bestseller féministe, Chercher la sirène, l’histoire d’une jeune fille en fauteuil roulant qui découvre que ses jambes atrophiées sont les vestiges d’une nageoire caudale… Contrainte par le studio de faire de son héroïne un objet sexuel, Penelope assiste alors à d’étranges phénomènes. Devient-elle folle, ou sa créature aurait-elle pris vie pour se venger du traitement indigne que lui inflige Hollywood ?

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