Catherine Monsigny, jeune avocate de 26 ans, plaide une affaire de meurtre dans la Creuse, en France. Un lieu qui la remue et fait remonter en elle des terreurs enfantines. Avec subtilité, l’auteure nous propose un scénario délicieusement mystérieux, riche en questions et en péripéties.

Que déclenche en vous le mot enfance ?

Souffrance. J’ai eu une enfance heureuse, mais je n’ai presque pas de souvenirs avant 7 ans. C’est troublant… Je me souviens d’un gouffre incroyable avec le monde des adultes. Ainsi, je me suis juré de ne pas oublier cette solitude écrasante.

Petite, vous vouliez devenir…

Puéricultrice, pour apprendre aux mamans à s’occuper de leurs enfants. J’aime me promener dans le présent, mais tout âge se nourrit de tous les autres. On reste une et même personne, qui comprend plus de choses et suit le chemin qui lui convient.

En quoi les femmes sont-elles  » les moteurs de vos intrigues  » ?

Dans mes polars, j’en fais des victimes ou des criminelles actives, qui vont à l’encontre du stéréotype de la femme fatale, cinglée ou pure innocente.

Qui est pour vous la femme idéale ?

J’adore Ava Gardner, la plus belle, et Virginia Woolf dont j’aurais aimé être l’amie.

Vos héros …

… ne sont pas des super-héros ! Même les forteresses ont une faille, c’est ça qui les rend intéressantes. Le passé finit toujours par nous rattraper. Impossible de le fuir, il court plus vite que nous. J’aime être surprise par la vie et les romans.

Qu’aimez-vous dans le polar ?

Il s’agit d’un genre populaire. Accessible à tous, il propose de nombreux niveaux de lectures, tout comme les romans de Dickens, Dumas ou Balzac qui désirent captiver le lecteur. Ce divertissement nous permet d’échapper aux scories de nos vies.

Pourquoi ce genre concourt-il à  » comprendre l’incompré-hensible  » ?

En m’attaquant à des actes incroyables et mystérieux, je m’oblige à chercher  » des saloperies  » en moi, afin de donner une réalité aux personnages. Mais il y a des endroits où je ne peux pas aller, comme le meurtre d’enfant. Ce qui m’interpelle, c’est l’irruption de la violence dans une vie ordinaire. Le passage à l’acte nous révèle quelque chose de nous-mêmes, mais cela ne signifie pas qu’on en soit tous capables.

Qu’y a-t-il de plus diabolique en vous ?

Je cache bien mon jeu… On ne connaît jamais les gens, même les plus proches. Pour qu’il y ait une civilisation, on doit porter des masques. Le roman consiste à voir ce qu’il y a dessous. Étant multiples, nous sommes tous des personnages de roman.

Et d’angélique ?

Mon sourire.

 » L’homme vit d’espoir « , quel est le vôtre ?

Qu’il y ait plus de solidarité et de fraternité. Ce qui m’effraie dans cette société, ce sont les inégalités.

La Rigole du Diable, par Sylvie Granotier, Albin Michel, 358 pages.

KERENN ELKAÏM

On ne connaît jamais les gens, même les plus proches.

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