Aurélie Wehrlin

To buy or not to buy, telle est la question…

Aurélie Wehrlin Journaliste

Les calendriers ont de l’humour. Ou peut-être nous envoient-ils un message, une alerte pour sauver les meubles et notre peau, avant que le « Tout doit disparaître » ne s’applique à notre humanité. Mais peut-être les calendriers n’ont-ils pas de conscience…

Qui ne connaît pas encore le Black Friday, premier vendredi après le Thanksgiving américain où les Américains, et depuis quelques années le monde entier, se ruent sur les promotions post ripailles pour étancher sa soif de consommation, renflouer les caisses, et plus probablement écouler une surproduction qui mène au naufrage environnemental… Promotions, prix cassés, offres exceptionnelles, black thursday, ne passez pas à côté… En attendant le Cyber Monday, où rebelote, après avoir laissé passer le week-end, on se relance dans la quête de l’offre de dingue et la réduction de malade sur le pc, le smartphone, ou je ne sais quel appareil électronique tout à fait dispensable et à l’obsolescence programmée de nos rêves de consommateurs.

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Cette année, cette ruée consumériste tombe le 29 novembre. Ironie du sort, au même moment que la Journée internationale sans achat. Un hasard du calendrier emblématique de notre époque, écartelée entre la consommation à tout va, désormais sans limites « grâce » à internet et à ses milliers d’e-shops et mégaplateformes de commerce en ligne, – dont les plus grandes arborent des noms issues de la mythologie grecque ou des contes orientaux comme pour mieux s’adresser à nos archétypes fondateurs – et de l’autre côté, les mouvements minimalistes qui prêchent une décroissance aiguë, jusqu’à en devenir intenable.

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Au delà du köpskam, cette honte d’acheter du neuf qui nous vient du Nord, certains poussent les logiques du minimalisme et des préceptes largement médiatisés de Mary Kondo à leur paroxysme, pour aboutir à une sorte d’ « anorexie de l’achat », sans l’aspect mortifère de cette pathologie alimentaire. Des comportements d’autant plus regrettables au vu du cynisme de la papesse du rangement et de l’élagage drastiques, qui vient de lancer son e-shop pour vendre des propres objets, remplis d’étincelles de joie » si l’on en croit l’entrepreneuse à succès. On en perdrait presque son latin, le souvenir de son code bancaire et toute confiance en l’humanité.

Cette schizophrénie est telle entre le rejet d’acheter du neuf et le besoin de consommer pour faire partie de la société, que certains individus – de plus en plus nombreux – achètent de la seconde main, éthiquement acceptable, mais de manière compulsive. On se dit alors que le système déraille, et que c’est une éducation à la consommation qui se fait urgente, et non plus un énième green shop, pis-aller pour continuer à nous faire consommer, sous la bonne conscience de l’éthique, politiquement correct et environnementalement acceptable.

Mais ce serait là une révolution à entamer, à mener, dans nos sociétés baptisées « de consommation » au fer rouge. Et de trouver une nouvelle fonction aux hommes, femmes et enfants qui la font vivre.

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