Cécile Djunga

Vis ma vie de mascotte des Diables à Paris

Cécile Djunga Humoriste, comédienne et fan des Diables rouges

Ça y est ! Je vais mourir. Piétinée dans une fan-zone remplie d’Irlandais alcoolisés. On m’a proposé un défi: faire un reportage du match des Diables depuis la fan-zone à Paris. Aïe, comment moi, petite supportrice belge, du haut de mon mètre 02, j’allais survivre dans cet endroit, entourée de Parigots fans de foot ? Est-ce que j’allais être la seule du Plat Pays ? Est-ce qu’on allait gagner ? Est-ce que j’allais me faire kidnapper par des Hooligans ? Allez, challenge accepté, c’est parti !

13h

Je me prépare en mode : noir, jaune, rouge. Mon maillot pour soutenir l’équipe, du rouge à lèvres assorti pour faire joli et mes bottines tout terrain pour arpenter cette fameuse fan-zone boueuse. Oui, parce qu’à Paris aussi il pleut. Faut qu’on arrête de penser qu’il n’y qu’en Belgique qu’il fait dégueulasse.

On a mis le paquet côté look (ici avec les supporters néerlandais)
On a mis le paquet côté look (ici avec les supporters néerlandais)© Cécile Djunga

14h30

Vis ma vie de mascotte des Diables à Paris
© DR

J’arrive sur place, à savoir juste en dessous de la Tour Eiffel, magnifique ! Des vendeurs à la sauvette vendent des drapeaux pas chers. « Hey Gazelle ! Pour toi drapeau 4€ ! ». Cool, ça m’intéresse… jusqu’à ce que je me rende compte que c’est un drapeau allemand : « Hey, je suis peut-être une gazelle, mais j’suis pas idiote ».

Il y a des policiers partout. Je tente le « Laissez passer, laissez passer, je suis la mascotte belge! » Mais ce flic me regarde tellement de travers que je n’ai même pas le temps de me prendre pour une star. Retour à la réalité. Je fais la queue comme tout le monde.

Après 7 fouilles au corps, 12 portiques de sécurité et 4 scanners, on me laisse rentrer.

Ici ça rigole pas : on me confisque mon selfie stick. Apparemment c’est dangereux. Merde, moi qui voulais faire des super prises de vues. Je râle un peu.

La sécurité me prend aussi mon parfum. J’essaie d’amadouer le vigile en disant que je ne veux attaquer personne, juste ne pas sentir le vieux vestiaire de foot, mais bizarrement, ça ne marche pas. Je râle encore plus. Je râle, mais je suis rassurée parce qu’on se sent vraiment en sécurité dans cette fan-zone.

15h

Tout sourire
Tout sourire© Cécile Djunga

Le match commence. Pas beaucoup de compatriotes. Les Belges présents sont pour la plupart des expats. Pas très expressifs, un peu blasés… Parisiens quoi. Rien à voir avec l’ambiance que j’ai connue à Lyon quelques jours plus tôt.

Je me sens un peu seule.

Et ces mêmes Parisiens qui me regardent du coin de l’oeil. Ils doivent se dire « C’est qui cette gonzesse bariolée qui se prend pour une Belge ? » C’est vrai que j’y suis allée fort côté look. En même temps pas le choix, parce que quand on voit ma tête, ma belgitude ne saute pas aux yeux…

Alors, qu'y a-t-il finalement sous un kilt de supporters écossais, perdus dans la fan zone?
Alors, qu’y a-t-il finalement sous un kilt de supporters écossais, perdus dans la fan zone?© Cécile Djunga

Les Irlandais chantent à tue-tête. Ils sont très nombreux et tellement en fête que j’ai envie de chanter avec eux et de leur voler leur pinte. Mais bordel Cécile, reste focus sur le match et arrête de mater! Bah quoi ? Il y a des mecs en kilt beaucoup trop mignons… Je veux juste savoir si le dicton dit vrai moi…y a-t-il quelque chose sous leur kilt ?

Bah oui… déçue.

Pleins d’Irlandais un peu pâlots qui me font penser à mon De Bruyn. Oh De Bruyn, mon pauvre, ici personne n’arrive à prononcer ton nom correctement…

15h45

En duo avec Miguel, fan portugais
En duo avec Miguel, fan portugais© Cécile Djunga

C’est la mi-temps. Toujours pas de but. Je me dis que les Belges vont se la jouer à la française et que je n’ai qu’à revenir à la 89e minute. Pourquoi ne pas aller attendre en dormant sur les WC. Nan finalement je pars me balader dans la fan-zone. C’est immense ! Des supporters venus de toute l’Europe, des couleurs partout, une super ambiance! Je rencontre un Portugais, Miguel qui me dit : « Bon, les Belges, vous allez marquer quand là ? ». Je lui réponds « Attends, j’envoie un SMS à Lukaku ».

16h05

Reprise du match. Et Buuuuuuut !!!!!!!! Quelle joie ! Enfin. Les supporters belges se réveillent. On est comme des fous ! La fête peut commencer. Les soutiens-gorges volent et vive Lukakuuuuu !

Comme quoi, il suffit parfois juste d’un SMS…

16h19

Encore un but ! Waw! Merci Witsel ! Les Parisiens à côté de moi commencent enfin à me respecter. L’un deux, Mathieu, tente même une vanne avec un accent belge douteux : « Les Diables ont retrouvé la frite, deux fois ! » Hahaha ! Hashtag #TaGueule !

Un supporter anglais qui n'a pas lésiné sur le total look non plus
Un supporter anglais qui n’a pas lésiné sur le total look non plus© Cécile Djunga

Je crie, je danse, je fais même une photo avec un suppositoire anglais quand il s’agit de foot, le ridicule ne tue pas !

16h29

3e but! Lukaku, frère, prochaine fois je t’appelle direct ! Les Belges envoient du rêve. Tout le monde dans la fan-zone applaudit, on est devenus des héros.

Les Irlandais continuent à chanter de plus belle. Là, je me demande s’ils ont compris qu’ils perdaient 3 – 0?

17h

Fin du match. Explosion de joie. Bravo les Diables ! La petite brochette de Belges entonne « Waar is da feestje ? Hier is da feeste ! » Tout le monde danse et les Irlandais nous encerclent. Je me retrouve projetée sur les épaules d’une montagne. Un rugbyman irlandais, roux, d’1m97. Oh my god, j’aurais pas dû mettre une jupe. Tout le monde chante autour de moi. Je me sens comme une reine. J’ai l’impression d’avoir mis un but. Ou peut-être qu’ils pensent que je suis vraiment la soeur de Lukaku ?

Le porté irlandais
Le porté irlandais© Cécile Djunga

Finalement, cette fan-zone, c’était une expérience hors du commun. J’ai vu des gens heureux et fiers de leur pays. Un moment convivial et festif avec des personnes venues de partout. Le moyen de retrouver ses compatriotes et de célébrer le sport. Et puis il y a à peu près 1 fille pour 100 mecs, imaginez comme on est chouchoutées.

Chapeau aux Irlandais pour leur fair-play. Et même des supporters hollandais (pourtant pas qualifiés pour l’Euro) venus nous soutenir. Et puis bon, ça reste que du foot hein, on est là pour s’amuser.

Mais, hey les Diables, en vrai, on va quand même tous les ni**** !!!

Le drapeau belge guidant le peuple de fans
Le drapeau belge guidant le peuple de fans© Cécile Djunga

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