Balade décontractée dans la capitale du Grand-Duché
Curieusement, alors que Luxembourg-Ville traîne l’image d’une cité sans âme, onéreuse et vouée à ses expats, nous l’avons découverte chaleureuse, verte, chic et cool. On y a même trouvé de quoi (bien) s’occuper durant deux copieuses journées.
JOUR 1
8h30 – Sur de bons rails
Depuis Bruxelles-midi, le temps de trajet pour atteindre Luxembourg-Ville est de trois heures trente. Nos 43 euros déboursés pour le billet aller-retour seront nos seuls frais de déplacement: sur place, tous les transports en commun sont gratuits. Dès que nous posons un pied à terre, nous lâchons les quelques mots appris durant le voyage: en lëtzebuergesch, « bonjour » se dit « Moien ».
12h00 – Valises posées
A un jet de pierre de la gare, se trouvent les Rotondes, deux anciens hangars à locomotives reconvertis en centre d’expositions. Juste à côté, un conteneur dans le même esprit industriel abrite la Buvette – l’endroit idéal pour manger un bout, le temps file. De là, il ne faut que quelques minutes (à pied) pour rallier le Graace, l’hôtel le plus cool de la ville. Aménagé sur le site d’un ancien atelier de métallurgie, l’établissement arbore de nombreuses percées visuelles, un joli lobby extérieur, une maison de thé installée sur le toit ou une cour entourée d’arbres. Autres atouts des lieux? Son intérieur boisé et le doux bruissement des arbres masquant la rumeur urbaine. La manager, elle, n’a pas seulement des racines belges: elle connaît aussi les meilleures adresses de la ville… et nous l’écoutons religieusement.
13h00 – Ici, c’est (un peu) Paris
Luxembourg a toujours attiré assez peu de « vrais » touristes et demeure à ce jour une ville d’expats, instances européennes obligent. Néanmoins, durant la crise, le fameux « tourisme de proximité » a clairement attiré de nouveaux visiteurs, tandis que les Luxembourgeois eux-mêmes ont pris conscience qu’ils avaient bien plus à offrir qu’une armée d’interprètes, des déjeuners d’affaires et des salles de conférence. Entre ruelles pavées sans voitures, terrasses couvertes et tintements de verres, ce vent de renouveau se traduit par une offre d’enseignes extrêmement séduisante. D’autant que Paris, qui n’est finalement pas bien loin, semble avoir sa petite influence dans les assiettes. La preuve au Paname, sur la place de… Paris, qui propose lunchs, brunchs et dîners jusqu’aux petites heures. Tabourets de bar jaunes, plateaux de tables marbrés et cocktails rehaussés de fleurs comestibles: le propriétaire Gabriel Boisante est clairement l’entrepreneur horeca le plus en vue du moment, lui qui exploite notamment l’Amore et le Bazaar, deux enseignes branchées aux décors ultraphotogéniques.
15h30 – Du skatepark à la cathédrale
Heureusement, la capitale du Luxembourg est moins vaste que celle de la France. On en fait le tour en deux belles journées, et les escales ne sont séparées que de quelques enjambées. Notre itinéraire nous mène jusqu’au skatepark Péitruss, une attraction à ne pas manquer, que vous soyez ou non mordu de planche à roulettes. Avec ses 2 750 m2 de bowls et de rampes, ce site impressionnant est niché au creux d’une vallée arborée qui attire également les fans de fitness, de step, de patin, de danse… ou de pique-niques. Pour une vue imprenable sur ce parcours aux formes très architecturales, on s’installe tout en haut de La Passerelle, un viaduc à arches du XIXe siècle qui enjambe la rivière Pétrusse. Scindée en une « ville haute » et une « ville basse » par la vallée verdoyante dessinée par le cours d’eau, Luxembourg doit ses beaux paysages aux humeurs de ses reliefs. Depuis le viaduc, les yeux sont inévitablement attirés par les tours de la cathédrale Notre-Dame, autre surprise de cet horizon lunatique…
16h30 – Retour d’ascenseur
Cap vers le quartier historique de Grund, le long des méandres de l’Alzette. Pour ceux qui n’ont pas envie de faire le trajet à pied, l’ascenseur du Plateau du St-Esprit dépose les visiteurs 41 mètres plus bas, en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Ici, pas de gratte-ciel mais les maisons blanches et ocres traditionnelles du XIXe siècle, qui contrastent agréablement avec la verdure de la rivière et des parcs environnants. De Gudde Wëllen, un petit bar en plein air avec vue sur la vallée, est probablement le meilleur endroit pour apprécier la beauté du quartier sous les guirlandes lumineuses qui se mettent à scintiller dès la tombée du jour, tandis que le volume de la musique augmente lentement. A une dizaine de minutes de marche, se trouve Um Plateau, l’un des restaurants les plus réputés de la ville, avec son intérieur rétro chic et sa grandiose cour arborée. La carte des desserts est particulièrement captivante, et l’on conseille par exemple l’éclair au chocolat ou les figues confites au miel… dignes de tous les superlatifs.
JOUR 2
9h00 – Maison en thés
Gudde Moien! A l’hôtel Graace, tout est une micro-aventure, même le chemin qui mène au toit-labyrinthe. Accessible par une succession d’escaliers en colimaçon, il accueille notamment une maison de thé contemporaine, le Mizu. On y entame cette nouvelle journée en ne sachant que choisir, notre coeur balançant entre matcha, sencha, houjicha et kukicha. Heureusement, le sympathique propriétaire Pit Romersa, qui a appris l’art du thé de son père, se fait toujours un plaisir de conseiller ses hôtes. Il en profite pour nous faire examiner la structure particulièrement astucieuse de la toiture, un concept qui figure justement parmi les nominés du Prix de l’Union européenne pour l’architecture contemporaine (Mies van der Rohe Award) de l’année 2022.
10h00 – Un quartier à idées
Si le quartier de Bonnevoie est un peu moins pimpant que le reste de la ville, il a un coté « brut de décoffrage » qui interpelle. Derrière un coin, apparaît l’amusant Ryanhair, un salon de coiffure qui propose « un service de qualité à prix low-cost » dans un cadre un brin criard au logo bleu et jaune, et dont la carte de fidélité a la forme d’une carte d’embarquement. Un district qui a moins de lustre, d’accord. Mais aussi plus d’authenticité: ce n’est pas un hasard si beaucoup de jeunes entrepreneurs choisissent l’endroit pour faire bouillonner leurs concepts. Pour s’imprégner de cette ambiance « hype », direction le bar à café et petit-déjeuner Glow (idéal pour les amateurs de viennoiseries véganes), l’Alavita (le nouveau resto du petit supermarché bio éponyme), la Buvette citée plus haut (pour un brunch plus consistant) ou le Bouneweger Stuff dont le menu permet, au passage, d’apprendre quelques nouveaux mots luxembourgeois.
11h30 – Un musée de verre
La ville de Luxembourg abrite un musée d’art contemporain pour le moins incroyable. Pour s’y rendre, on emprunte l’ascenseur panoramique puis le funiculaire Pfaffenthal-Kirchberg – plus haut, toujours plus haut – jusqu’au quartier européen et ses gratte-ciel méticuleusement entretenus par une armée de laveurs de vitres. Ici, le bling ne manque pas et la capitale présente soudain un tout autre visage. Le bâtiment qui abrite le MUDAM a été conçu par le célèbre architecte sino-américain Ieoh Ming Pei, à qui l’on doit également la pyramide du Louvre. Il a choisi une alternance de murs en pierre calcaire écrue et d’immenses parois en verre, qui crée à l’intérieur de fascinants jeux de lumière. De quoi faire briller de plus belle les collections permanentes où logent une série de grands noms: Alvar Aalto, Marina Abramovic, Hussein Chalayan, Gilbert & George, Steve McQueen ou encore Cy Twombly.
15h00 – Le temps des souvenirs
Pas question de reprendre le chemin de la gare sans dénicher un petit souvenir qui en jette. En cherchant un peu, on tombe sur quelques sympathiques adresses alternatives. Par exemple? Ky?, la toute nouvelle boutique de Minhye Jung, qui propose notamment des articles de papeterie originaux, des céramiques, des objets design… ou des kimonos vintage issus de la collection personnelle de cette Luxembourgeoise aux racines coréennes. Un peu plus loin, se trouve Vinoteca, où l’on dégote le parfait sésame à savourer dans le train: un coffret pique-nique comprenant une bouteille de vin, des verres, un tire-bouchon et quelques produits locaux à déguster. Prost!
En pratique
Se renseigner: le plein d’infos, d’activités et d’adresses: visitluxembourg.com
A ne pas louper:
- Pont Adolphe. Pont piétonnier offrant une vue spectaculaire sur la vallée.
- Bazaar. Un resto au menu hautement instagrammable.
- Bloom. Pour des cafés de qualité.
- Hostellerie du Grünewald. Hôtel-restaurant mentionné au Gault&Millau.
- Market by Jeremy. Livres, plantes et café.
- Philharmonie Luxembourg. Salle de concert conçue par Christian de Portzamparc.
- Tube. Café idéalement situé pour observer les passants.
- Vins fins. Bar à vin sur un coin de rue, carte exigeante.
- Villa Vauban. Musée d’art dans une villa entourée d’un parc historique.
- Circuit Wenzel. Promenade balisée reliant la ville haute à la ville basse.
- Xtrabold. Boutique de baskets et vêtements branchés.
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