YouTubeurs et millenials sont-ils en train d’enterrer la télévision?

Michelle Phan, Youtubeuse beauté qui occupe la 5e place dans les classement des YouTubers les mieux payés au monde entre 2014 et 2015 (3 millions de dollars) © capture d'écran

Beaucoup de « millenials » ont fait de YouTube, Dailymotion ou Facebook leur destination privilégiée pour visionner les contenus vidéos de créateurs devenus stars, au point de concurrencer la télévision traditionnelle même si l’écosystème pose encore question.

« Les jeunes ne regardent plus vraiment la télévision, mais des vidéos en ligne qui sont plus courtes et plus axées sur le talent » de chaque intervenant, explique Fabienne Fourquet, ancien cadre de la chaîne câblée américaine A&E et de Canal+ qui dirige aujourd’hui l’agence 2btube. « Ils ne veulent plus devenir stars de cinéma, mais YouTubers. C’est un autre monde », ajoute celle dont l’agence gère les intérêts de plusieurs producteurs de contenu vidéo en langue espagnole.

Ces agences sont souvent appelées multi-channel network (MCN) ou réseau de chaînes multicanal et représentent quasiment tous les « YouTubers » de premier plan, pour les aider notamment à monétiser leurs contenus.

En tête, le Suédois Felix Kjellberg, alias « PewDiePie », qui compte 45 millions d’abonnés sur YouTube et dont les revenus ont atteint, selon le quotidien suédois Expressen, 7,4 millions de dollars en 2014.

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La somme est importante mais le situe bien loin des stars du cinéma et de la télévision américaine, alors que ses vidéos sont régulièrement visionnées plus de dix millions de fois chacune et en très grande majorité par des jeunes, cible privilégiée des annonceurs.

Fabienne Fourquet explique ainsi que trois-quarts des internautes qui regardent les contenus de 2btube ont moins de 34 ans. Cela pose la question de l’équilibre d’un modèle économique entièrement façonné par les plateformes vidéos et dominé par YouTube, filiale de Google, mais le média reste incomparablement plus accessible que le cinéma ou la télévision.

Devenue « YouTubeuse » pour partager ses recettes, la chef britannique Caroline Artiss a démarré dans sa cuisine, à se filmer seule, et compte désormais plus de 39.000 abonnés à sa chaîne YouTube.

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Elle vient d’être recrutée par une agence, prépare un livre de recettes et a ouvert, avec d’autres chefs, un restaurant à l’aéroport d’Heathrow, à Londres. « Je n’arrive toujours pas à y croire », dit-elle à l’AFP. « J’étais une mère célibataire, à Londres, à suer pour joindre les deux bouts et là j’ai l’occasion de créer ma propre chaîne de télévision, d’une certaine manière », s’émerveille-t-elle.

Démocratiser la création

Selon le site Internet Live Stats, environ 125.000 vidéos sont visionnées sur YouTube chaque seconde, soit plusieurs milliers de milliards de vues par an.

Signe de la popularité des YouTubers, quelque 25.000 personnes ont assisté en juin à l’édition annuelle de Vidcon, le salon de la vidéo en ligne organisé à Anaheim (Californie, ouest). « Avec l’émergence des plateformes vidéo et la popularisation du smartphone, nous avons démocratisé la création », explique James Creech, cofondateur de Paladin, spécialisé dans l’accompagnement des nouveaux créateurs de contenu vidéo. « Un jeune de 17 ans peut concurrencer, depuis sa chambre, des chaînes comme CBS (l’une des quatre grandes chaînes gratuites aux Etats-Unis, NDLR) et se bâtir une audience qui pourra rivaliser avec un groupe de médias majeur », sous réserve d’être créatif et de mettre régulièrement du contenu en ligne, souligne M. Creech.

« A la télévision classique, il y a des dessins animés. Sur YouTube, il y a de vraies personnes et les jeux que j’aime », explique Henry Crawford, jeune Californien de 11 ans, amateur de jeux vidéo en ligne. Pour lui, « la télévision, c’est guignol ».

Comme internet en général, les plateformes vidéo permettent aux internautes de bénéficier d’un choix plus grands de contenu qui corresponde à leurs centres d’intérêt et offre une souplesse d’utilisation inégalée pour les créateurs. « C’est un bouleversement majeur », prévient M. Creech. « Nous sommes en pleine révolution dans les médias et c’est très excitant ».

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