Ce designer britannique affiche une discrétion qui tranche dans l’univers actuel du design. Une grande leçon de simplicité.

1. Bien qu’il soit very british, cette sorte d’Alvar Aalto contemporain au flegme britannique est fondu d’amour pour l’art de vivre japonais. L’humour en plus.

2.Né à Londres en 1959, il est passé par le Kingston Polytechnic Design School et le Royal College, a fait ses gammes à Berlin, fréquenté beaucoup le monde du design à Milan, aimé les amandiers en Corse. Aujourd’hui, il se pose souvent à Tokyo.

3.Dans la lignée des designers de l’objet dit  » honnête « , tels Achille Castiglioni ou Enzo Mari, Morrison fait peu de concessions. Mais il reste insondable et complexe, sensuel et moins ascétique qu’on ne le raconte.

4.Son récent engouement pour Jaime Hayon, le designer espagnol aux visions baroques et délirantes, prouve qu’il peut aimer la discrétion tout en restant curieux et bon vivant. Adore les vrais bistrots parisiens, déteste les cafés design.

5.Après son indémodable chaise en contreplaqué Plywood (1988) –  » plus simple tu meurs  » – reconnaissable au premier coup d’£il, il est très à l’aise dans l’art de s’asseoir : sur un tabouret de liège recyclé comme sur des modules et des systèmes raffinés de canapés, ou lové dans un fauteuil de bureau hyperconfort.

6. Il travaille pour Cappellini, Vitra, Flos, Magis, Established & Sons, Rowenta, etc., avec la fidélité et la rigueur qu’on lui connaît.

7.La perfection, il la veut perfec-tible à l’infini. Il prouve qu’un objet fonctionnel peut aussi être poétique. Il incarne le charme discret de la simplicité, de la non-ostentation. Il se joue des pleins et des vides. Il est un maniaque des détails et des assemblages. Il excelle dans le légèrement décalé qui transforme tout.

8. Sa dernière chaise Trattoria (Magis) vue au salon de Milan 2009, en polycarbonate aux couleurs vives et hêtre clair, est confondante de sobriété. Le roi du naturel donne au banal un supplément d’âme.

9. Fana de l’essentiel, il a créé pour le réfectoire du couvent de la Tourette (Eveux), £uvre de son maître à penser Le Corbusier une chaise-hommage aux pieds en forme de ski qui lui donnent l’air d’être agenouillée. Il ne croit qu’à l’authentique. Ni aux  » besoins supposés ni aux besoins créés par le marketing, qui ne sont pas réels « . Il a la dent dure avec le petit monde du design en général et des médias en particulier, qu’il rend responsable de la médiocrité ambiante.

10. Jusqu’au 18 janvier prochain, on peut aussi apprécier toute la mesure de son talent au Musée des arts décoratifs de Bordeaux où il reconstitue, dans des salons XVIIIe, la table baptisée Super Normal, conçue avec le designer Naoto Fukasawa et sur laquelle il présente des objets qui symbolisent pour lui ce que devrait être  » normalement  » le design,  » aujourd’hui plus que jamais « .

Carnet d’adresses en page 100.

PAR ÉLISABETH VÉDRENNE

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content