Chez Hermès, on prend la légèreté très au sérieux. Le premier prix du design décerné par la maison récompense trois objets poétiques et fonctionnels à la fois. Weekend Le Vif/L’Express a participé à leur sélection.

Aux côtés d’un jury qui a d’emblée placé la barre très haut.

Le projet était ambitieux, exigeant. Et en même temps pétri de rêves, comme on aime en faire chez Hermès. Le rêve de faire naître des objets légers mais pas futiles, respectueux de ceux qui les conçoivent et de ceux qui plus tard les adopteront. Le rêve aussi de  » mettre le pied à l’étrier  » de jeunes talents, comme Emile Hermès, déjà, aimait à le faire lorsqu’il dirigeait la maison parisienne de 1921 à 1951. Au final, trois objets parmi les 17 lauréats arrivés en bout de parcours se sont vu décerner un troisième prix ex aequo, doté pour chacun d’un montant de 15 000 euros. Des idées clin d’£il, with a twist, bousculant nos envies de voyage qu’il s’agisse d’inventer de nouveaux bagages ou cette curieuse chaise à bascule qui invite à se bouger tout en douceur sans quitter la maison.

 » D’un commun accord, nous avons décidé qu’il n’y aurait cette fois ni premier, ni second prix, justifie Pascale Mussard, directeur artistique d’Hermès, à l’origine de ce projet avec son cousin Pierre-Alexis Dumas. Aucun des objets présentés ne répondait pleinement à nos critères. « 

Pour la première édition de ce prix du design contemporain qui avait pour thème  » La légèreté au quotidien « , 2 500 candidats issus de l’Europe entière s’étaient inscrits et pas moins de 700 dossiers complets étaient parvenus aux huit commissions de sélection composées de journalistes, de directeurs de musées et de designers renommés comme Hella Jongerius, Ron Arad, Alfredo Häberli, Marti Guixé ou Ingo Maurer. Un jury dont Weekend Le Vif/L’Express faisait partie pour la zone Benelux et Scandinavie et qui, comme le jury final, s’est montré très sélectif.

 » Le prix Emile Hermès est immensément doté ( NDLR : le premier lauréat, s’il y en avait eu un, aurait dû remporter 50 000 euros, le second 25 000) et pas seulement d’un point de vue financier, insiste Pascale Mussard. La qualité du jury était exceptionnelle. Tous les projets ont été étudiés avec énormément de respect. Nous exigions beaucoup dès le départ : de la fonctionnalité, de l’émotion, de l’innovation et l’adéquation au thème qui était aussi vaste que complexe. Chez Hermès, nous en demandons beaucoup et c’est normal. Car c’est la façon d’être de notre maison.  »

Pour prolonger l’aventure, le jury final, présidé par l’exubérant designer italien Enzo Mari, a décidé d’organiser un séminaire de deux jours, chez Hermès, à Paris, auquel seront conviés les 17 lauréats.  » Nous voulons aller plus loin que la simple remise d’une distinction, ajoute Pascale Mussard. Réfléchir avec ces jeunes designers au sens de ce projet, parler avec eux de ce qu’ils ont réalisé et aussi leur faire connaître ce que le design représente pour Hermès. Notre objectif n’était pas de trouver des objets à mettre en production mais de soutenir la création, de faire la connaissance de jeunes talents avec lesquels nous pourrions, un jour, peut-être, faire un bout de chemin. « 

D’ici là, les 17 projets prototypés par les créateurs feront aussi l’objet d’une exposition itinérante qui traversera toute l’Europe. Visible jusqu’au 11 novembre prochain au musée des Arts décoratifs à Paris, elle se posera l’an prochain au Grand-Hornu, à l’initiative du Grand-Hornu Images.

 » Cette première expérience nous a beaucoup appris, conclut Pascale Mussard. Elle nous a tous enthousiasmé, nous a fait sortir de notre ronron quotidien. Et la maison tout entière l’a ressenti. Il se passait quelque chose. Nous aimerions que cela perdure. Avec le prix Emile Hermès, c’est notre avenir que nous construisons. « 

Isabelle Willot

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