Ladies, sortez vos stilletos, votre sautoir de perles et votre mouchoir en dentelle vintage : les filles de Sex And The City vous donnent rendez-vous dès ce mercredi 4 juin au cinéma, plus fashion addicts que jamais. Weekend les a rencontrées toutes les quatre à Londres, au lendemain d’une première survoltée.

Quand l’invitation est tombée à la rédaction – des rencontres intimistes à Londres, avec les quatre  » fantastic four  » -, l’idée d’un face-à-face avec chacune d’elles, aussi superstars soient-elles, n’avait pourtant rien d’intimidant.  » C’est un peu comme si nous allions retrouver quatre bonnes copines, qu’on aurait un peu perdu de vue depuis quatre ans « , résume cette journaliste, envoyée spéciale d’un nouveau magazine russe destiné aux trentenaires célibataires et tout naturellement baptiséà Sex And The City. Comme Carrie, l’héroïne numéro 1 de la série, la jeune femme arborait fièrement à l’angle gauche de son décolleté plutôt plongeant une large fleur en tissu bouffante. Dans la suite où je patientais avec elle, une petite vingtaine de journalistes venus du monde entier – une écrasante majorité de girls, faut-il le préciser – se dévisageaient du coin de l’£il, jaugeant la hauteur des stilettos de la voisine ou la marque de son  » it  » bag. Histoire de se donner un semblant de contenance face à l’excitation montante.

La veille au soir, lors d’une première londonienne survoltée, Carrie, Miranda, Samantha et Charlotte avaient retrouvé la foule du tournage : des milliers de fans massées sur Leicester Square pressées d’apercevoir ces BBF – pour best friends forever, autrement dit meilleures amies pour la vie – auxquelles elles s’étaient identifiées au fil des 94 épisodes d’une série devenue culte pour des générations de femmes.

C’est peu de dire qu’elles nous avaient manqué, depuis la fin de leurs aventures new-yorkaises, en 2004. En dix ans, elles avaient fini par prendre une sacrée place dans nos vies, franchement irrationnelle quand on y pense, tissant avec leurs fans de plus en plus nombreuses un lien difficilement qualifiable : proche de l’attachement qu’un enfant peut porter à un  » ami imaginaire  » et nourri par l’envie irrépressible de ressembler à ces femmes aussi fortes qu’attachantes, un rien trop belles pour être vraiment vraies.

Une même question sur toutes les lèvres

Enfin, Gina, l’attachée de presse de la prod, arrive, montre en main.  » Les filles vont se succéder, précise-t-elle. Vous avez 20 minutes chrono avec chacune d’elles ( lire aussi nos interviews séparées).  » Comme moi, mes cons£urs russe, brésilienne, suédoise et finlandaise ont tout à coup des papillons qui se bousculent dans le ventre. Et sur les lèvres, une même question. Comment les quatre actrices ont-elles vécu cette trop longue interruption !

 » Pour moi, l’aventure SATC ne s’arrêtera jamais, insiste Kristin Davis. Même avant que nous ne tournions le film, ce n’était pas fini. Je n’ai jamais quitté Charlotte. C’est difficile à décrire, mais j’ai le sentiment qu’elle fera partie de moi pour toujours. Pas un jour ne passe sans que quelqu’un m’aborde dans la rue en me parlant d’elle. Je n’ai jamais vécu l’absence que le public a peut-être ressentie. Aussi, lors des scènes de tournage en extérieur, et le soir de la première, à Londres, voir ces milliers de fans autour de nous, c’était vraiment réconfortant. J’aime l’idée d’avoir contribué à cette longue relation loyale qui lie les gens entre eux et dont tellement de bonnes choses sont ressorties. Car au final, ce que nous avons voulu faire passer dans le film et pendant toutes ces années, c’est un message d’amour et d’amitié qui nous touche tous, que nous puissions ou non nous offrir des chaussures à 400 dollars (environ 260 euros).  »

Cynthia Nixon aussi se sent fière de cette connexion quasi universelle qui les relie, elle et son personnage, à tant de femmes aujourd’hui.  » SATC a contribué à détricoter le stéréotype de la vieille fille qui passe sa vie à pleurer devant son téléphone en attendant qu’il sonne, insiste celle qui incarne une Miranda plus fidèle à elle-même que jamais. Les célibataires ont des amis, elles sortent, elles passent du bon temps ensemble. La série n’a rien inventé, elle a juste mis en lumière une réalité bien présente dans un environnement ultraglamour. Pour moi, retrouver Miranda après quatre ans, c’était un réel plaisir. Elle m’avait manqué, j’ai eu tellement de bonheur à l’incarner pendant toutes ces années. Et dans le film, on ne raconte surtout pas la même histoire : les filles se retrouvent, on voit le chemin qu’elles ont parcouru, où elles en sont arrivées dans la vie. C’est unique pour un acteur de vivre cela.  »

Pour Sarah Jessica Parker, Carrie à l’écran – à moins que ce ne soit l’inverse ? On s’y perd finalement ! – ce long-métrage était avant tout une chance pour quatre femmes dans la quarantaine ou plus si affinité, de porter à elles seules un film majeur à l’écran.  » J’ai fait de mon mieux, pendant toutes ces années. C’est un bonheur de faire partie de cette histoire non conventionnelle à laquelle tant de gens s’identifient désormais. « 

Un dressing 5-étoiles pour Carrie

Certes, pendant ces années d’absence, nos  » fantastic four  » ont un peu changé. Elles ont pris quelques rides, qu’elles assument fort bien d’ailleurs, perdu ou pris quelques kilos – non, non, pas de noms : comme aime à le dire Samantha, entre filles on ne  » balance  » pasà -, gagné en assurance aussi. Mais ne comptez pas sur moi pour vous dévoiler toute la trame du récit ! Depuis des mois, les spéculations construites sur des indiscrétions de tournage vont bon train sur le Net : mariage, bébé, rupture, infidélitéà tout y est. Peut-être pas exactement dans cet ordre. Ni dans les rôles qu’on imagineà

Charlotte a trouvé le bonheur auprès de son mari, Harry, et de leur petite fille Lili, arrivée tout droit de Chine trois ans plus tôt. Miranda, en exil à Brooklyn, mène de front une vie de famille trépidante et une brillante carrière d’avocate d’affaires. Samantha, partie pour Los Angeles, se consacre corps et âme à Smith, son unique clientà et amant. Quant à Carrie, auteur de trois best-sellers et définitivement sortie de la dèche financière, elle surfe sur une vague nommée bonheur avec John James Preston – alias Mr Big – qui se dit prêt à lui offrir un dressing 5-étoiles en gage d’amour éternel. Et là, on vous entend déjà hurler :  » Big s’engager ? On croit rêverà « 

Mais SATC ne serait plus SATC si le conte de fées ne se mettait pas à déraper. Pour le pire et bien sûr le meilleur ; la définition même du meilleur restant pour chacun de nous, chaque jour, à inventer.  » Ce qui est fun, c’est de déconstruire les mythes, insiste Michael Patrick King, scénariste durant les six ans de la série et réalisateur de SATC : the movie. Aussi brillantes soient-elles, la société essaie encore toujours de faire avaler aux femmes que leur destinée, c’est celle de Cendrillon. C’est peut-être vrai pour certaines, sûrement pas pour toutes. Mon job à moi, depuis dix ans, c’était de démonter tout cela, de travailler sur le mot  » heureux  » et ce qu’il veut dire. Pour que chacun puisse trouver le moyen, au final, de l’être à sa manière.  »

Car les envies, les rêves, les fantasmes, ne sont pas les mêmes à 20 qu’à 50 ans.  » Au fil du temps, les quatre filles ont fini par représenter un très large éventail de femmes, poursuit Michael Patrick King. Des célibataires, bien sûr, et cela, toutes les femmes l’ont un jour été dans leur vie, même celles qui ensuite se sont mariées, ont eu des enfants. Dès le début, les personnages ont été en constante évolution. Cela n’avait pas de sens pour moi de laisser nos quatre BFF célibataires envers et contre tout. Logiquement, au bout de six ans, elles avaient toutes les quatre grandi, fait des choix. Alors, ces petites histoires drôles de sexe avec des types improbables, ne pouvaient plus tenir la distance. Parce que ce genre de personnes finit par quitter votre vie si vous mûrissez et que vous tirez profit des erreurs du passé. « 

Les 20 ans et plus, nouvelle cible du film

Les relations durables dans lesquelles les quatre amies s’étaient toutes engagées ne se prêtaient plus au rythme effréné d’une série télévisée sans risquer de faire tomber les personnages dans la routine et dans l’ennui.  » Mais un film, pourquoi pas ? » ajoute Michael Patrick King. Si les groupies de la première heure ont aujourd’hui l’âge et peut-être la vie de Carrie, Samantha, Charlotte ou Miranda, les  » twenty something « , ces nouvelles cibles à séduire – de 20 ans et des poussières – pour relancer la vente de la série en DVD, avaient besoin d’une héroïne de leur âge à laquelle elles puissent aisément s’identifier.  » C’était important pour moi de garder le niveau d’énergie de la série, souligne le réalisateur. C’est pour cela que j’ai créé le personnage de Louise, l’assistante de Carrie.  » Débarquée à New York en droite ligne de Saint-Louis, avec le rêve secret d’y trouver l’amour – une motivation qui suffira à Carrie pour l’engager – et une pulsion pour les sacs de luxe qu’elle se contente de louer à la semaine tant qu’elle n’a pas les moyens de se les acheter. Pas de doute, la relève semble bien assuréeà

Accros aux aventures de ces princesses modernes, ils et elles seront nombreux, à n’en pas douter, à se précipiter dès ce mercredi 4 juin dans les salles, au risque d’être un peu déçu.  » Après quatre ans, vous vous demandez bien sûr, si cela va toujours fonctionner, si la magie va toujours opérer « , avoue Kim Catrall. Un peu comme lorsqu’une vieille copine qui vous a retrouvée sur Facebook vous invite à déjeuner. De prime abord, vous hésitez. Vous vous dites, bien sûr, qu’en 2 h 20 vous n’aurez jamais assez de temps pour retrouver l’intensité du lien d’avant. Que vous n’oserez plus du tout vous confier. Parce que vous ne serez peut-être plus du tout compatibles. Mais vous y allez quand même. En sachant déjà que quoi qu’il arrive, vous n’auriez manqué ce rendez-vous pour rien au mondeà

Isabelle Willot

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