Comment se constituer une réserve de bonnes bouteilles en bénéficiant de l’expertise de professionnels ? Weekend a sollicité pour vous 5 sommeliers au top. Leur mission : élire chacun 5 vins contemporains, originaux, ultraféminins… et dont le prix avoisine les 10 euros.

« Ma carte des vins a évolué au cours des dernières années, nous assure tout de go Roland Kempinaire (Les 3 p’tits Bouchons, à Charleroi). Les femmes influent de plus en plus sur le choix du vin. Et elles savent ce qu’elles aiment. Un autre signe qui ne trompe pas : il y a davantage de femmes viticultrices. Un importateur belge, Jacques Delire, s’est même fait une spécialité de les inscrire à son catalogue. « 

Daniel Marcil (Chez Marie, à Bruxelles) apprécie, lui aussi, le talent des femmes viticultrices. Dans sa sélection pour Weekend, il a épinglé le Ensaios FP de la Portugaise Filipa Pato.  » Ses vins sont comme elle, francs, purs et directs « , commente le sommelier à la carte la plus internationale, comptant pas moins de 15 pays.

 » Ce qui est agréable c’est de pouvoir compter sur l’esprit curieux des clientes, s’enthousiasme, pour sa part, Michel De Muynck (L’Essentiel, à Temploux). Elles sont, par exemple, plus réceptives aux sélections de vins découvertes que nous proposons au verre, en accompagnement des menus. Les hommes, eux, vont davantage rester cantonnés à leurs classiques. « 

Quant à Pierre Thirifays (Li Cwerneu, à Huy), il est un des rares sommeliers de ce pays à avoir pour  » cuisinier  » une femme, en la personne de sa compagne Arabelle Meirlaen. Et pour faire mentir ce préjugé selon lequel les femmes se limitent à des vins faciles, il n’hésite pas à suggérer à ses clientes des blancs et des rouges qui ont de la charpente, en ce compris des vins du Languedoc, pourtant passés de mode.  » On trouve des vins du Languedoc bien équilibrés, produits d’une vinification moderne, qui donne la parole au fruit, explique-t-il. Mais j’ai plus de succès avec le pinot noir, parce que c’est de la dentelle. Et puis je défends bien la Bourgogne parce que j’aime ses vins. « 

Le mot de la fin revient à la seule femme de notre quintet d’experts. Formée chez Sang-Hoon Degeimbre (L’Air du Temps, à Noville-sur-Mehaigne), Catherine Mathieu est aujourd’hui la sommelière du restaurant de son mari, Benoît Van den Branden (Cuisinémoi, à Namur). En peu de temps, elle a imposé une signature très personnelle sur les choix de la carte et sur ses sélections. Elle a ainsi conquis une clientèle fan de saveurs nouvelles.  » J’aime les vins modernes, confie-t-elle. J’ai un énorme faible pour l’Italie et pour ce côté de la Méditerranée en général, l’Espagne, le Portugal. Je fonctionne au coup de c£ur. Il me faut de la fraîcheur, de l’équilibre, de la finesse. Je déteste ce qui est trop concentré. Le temps du bodybuilding est dépassé. « 

Tous les vins recommandés par nos experts ont été ou sont toujours servis dans leur restaurant. Catherine Mathieu, Michel De Muynck et Pierre Thirifays, les proposent d’ailleurs au verre, dans le cadre de menus avec vins découvertes compris. Roland Kempinaire et Daniel Marcil, eux, adoptent une autre attitude. Ils ont tous deux constitué une carte de vins au verre dans laquelle le client peut piocher à loisir. Il y en a une quinzaine aux 3 p’tits Bouchons (ceux du mois) et une quarantaine Chez Marie.

Les 5 sélections en pages 46 à 50.

Les 5 choix de Michel De Muynck

L’Essentiel, à Temploux1. Domaine de la Jasse d’Isnard, Cuvée Élégance 2006, vin de Pays d’Oc.

L’Essentiel Wine – 8,20 euros.

Six mois d’élevage sur lie donnent un vin gras, vanillé, assez rond. Une belle ampleur pour accompagner une volaille en sauce.

2. Quintay Sauvignon Blanc, Clava 2006, Casablanca Valley, Chili.

L’Essentiel Wine – 8,18 euros.

Un sauvignon de l’hémisphère Sud, avec des notes de fruits exotiques, d’agrumes. Elégant et droit, beaucoup de fraîcheur. Idéal avec poisson cru et gingembre, par exemple.

3. La Tornale, Jean-Daniel Favre, Dôle de Chamoson, 2005.

Saveurs Suisses – 13,90 euros.

Un vin du Valais, composé de 3 cépages. On y trouve la cerise du pinot noir, le cuberdon du gamay et une profondeur intéressante du diolinoir, un cépage autochtone. Très bien sur une viande blanche.

4. Copa Santa, Domaine Clavel, Terroir de La Méjanelle, Coteaux du Languedoc 2003.

Bernard Poulet – 13,30 euros.

Un vin de caractère, riche en bouche, avec des fruits noirs et de la garrigue. Pas fatiguant en dépit de ses 14°. Parfait sur les gibiers du début de saison.

5. Sexy, Vinho Regional Alentejano 2005.

L’Essentiel Wine – 10,95 euros.

Produit d’un jeune £nologue de 28 ans. Une maîtrise technique dans l’équilibre. Des fruits noirs. Une partie est vieillie en bois, ce qui lui donne complexité et volume. A recommander avec le chevreuil, par exemple.

Les 5 choix de Roland Kempinaire

Les 3 p’tits Bouchons, à Charleroi1. Bugey Cerdon, Méthode Ancestrale, Michel et Gérald Dubreuil.

Jacques Delire – 8,80 euros.

Une fermentation spontanée en bouteille (dite ancestrale !) du cépage gamay, qui offre le goût du raisin et peu d’alcool (7 à 8°). Un vin artisanal qui vaut tous les Kir du monde !

2. Domaine Saladin  » Per èl  » 2006, Côtes du Rhône Villages.

Jacques Delire – 10,65 euros.

Elaboré par deux s£urs viticultrices. Une fraîcheur tout à fait inhabituelle pour les blancs de cette région.

3. Domaine Jean Gardiès, Mas Las Cabes 2006, Muscat sec, Vin de pays des Côtes Catalanes.

Wine-Not – 8,95 euros.

Le superlatif du muscat sec dans la région ! Totalement sur le fruit. Un bouquet riche. Superbe à l’apéritif. Aux 3 p’tits Bouchons, il a même été servi avec des lentilles et de la queue de b£uf.

4. Domaine Saint-Antonin, Faugères 2005, Languedoc.

Jacques Gryson – 8,68 euros.

D’abord admirer sa couleur rubis. Un assemblage typique du sud avec 5 cépages courants dans le Languedoc. Net, des tanins très fins, soyeux et des fruits rouges à revendre.

5. Domaine Chignard, Fleurie –  » Les Moriers  » 2004.

Bernard Doisy (à 1450 Chastres) – 12 euros.

Fleurie, c’est la finesse du beaujolais. Un vin qui se savoure et dont l’élégance peut rivaliser avec des pinots noirs. A noter : Roland Kempinaire propose un des plus beaux assortiments de beaujolais du pays.

Les 5 choix de Daniel Marcil

Chez Marie, à Bruxelles1. Bugey Cerdon, Méthode Ancestrale, Gaec-Philippe Balivet, Bio.

La Boîte des Pinards – 12,50 euros.

Coup de foudre pour cette méthode ancestrale. Un des apéritifs maison de Chez Marie. Bio de surcroît. Du fruit, pur nature, bulles comprises.

2. Fattoria San Giuliano, Due Soli, Vino Bianco di Tavola 2005, Neive, Piémont, Italie.

Vinissimo et Mig’s World Wines – 10 euros.

Deux cépages : le chardonnay apporte le gras, la volupté et l’arneis (typique des Langhe, dans le Piémont), la fraîcheur. Un très beau mariage.

3. Scrubby Rise, Wirra Wirra Vineyards, sauvignon blanc 2004, Australie.

Australian Fine Wines et Mig’s World Wines – 10 euros.

Un vin très moderne, de soif. Trois cépages : le sauvignon, le sémillon et le viognier. Un peu de gaz carbonique à l’ouverture de la bouteille renforce la fraîcheur. Pour l’apéritif ou les coquillages.

4. Ensaios FP Tinto 2005, Filipa Pato, Alentejo, Portugal.

Wijnhuis Jeuris et Mig’s World Wines – 11 euros.

En français, Ensaios signifie  » essais « . La viticultrice Filipa Pato s’amuse à en réaliser en travaillant de manière moderne les cépages de son pays. On croque dans le fruit et on le consomme avec des viandes rouges.

5. Columbia-Crest Shiraz 2004, Columbia Valley, Washington State, USA.

Intervinos et Mig’s World Wines – 8,50 euros.

Une syrah légère, avec du fruit et une texture soyeuse, un peu de caramel grillé. Un vin puissant et doux à la fois. A conseiller avec du canard.

Les 5 choix de Catherine Mathieu

Cuisinémoi, à Namur1. Albente dei Feudi di San Gregorio, Beneventano Bianco 2006, Campanie, Italie.

Licata Vini – 8,77 euros.

Un grand coup de c£ur. Au nez, il est expressif. Elégant, il va droit au but. On y trouve de la pomme mûre, du fenouil. Cultivé sur les pentes du Vésuve, il affiche minéralité et acidité en finale, donc de la fraîcheur. Magnifique avec des ravioles de crabe.

2. Domaine de la Garrelière, Cendrillon 2006, Touraine.

L’Accent des Vignes – 9,50 euros.

Un sauvignon de Touraine, donc des agrumes et des fleurs blanches. L’assemblage compte toutefois 10 % de chardonnay qui lui confère du gras. Pour escorter les poissons : cabillaud, turbot.  » Et en plus, j’adore l’étiquette « , ponctue Catherine Mathieu.

3. AC Fontailloux, Gamay 2006, Aurélien Chatagnier.

L’Accent des Vignes – 7,50 euros.

Un gamay atypique, rond, fruité et léger. Délicieux avec un foie gras cuit à basse température avec une mousse d’artichaut.

4. Domaine Gardiés, Les Millières Côtes du Roussillon Villages 2004.

Thorrout Vins – 11,49 euros.

Le millésime 2005 chez Wine-Not – 12,60 euros.

Des fruits noirs, des tanins serrés et fins. Un vin complet, magnifiquement équilibré. Irréprochable avec les petits gibiers.

5. Gironia, Borgo di Colloredo, Biferno Rosso 2001.

Licata Vini – 11,50 euros.

On se trouve au soleil, dans le sud de l’Italie près des Pouilles. Un vin assez ample, caractéristique avec ses fruits compotés… Sur viandes rouges, du canard colvert.

Les 5 choix de Pierre Thirifays

Li Cwerneu, à Huy1. Barranc dels Closos, Priorat 2004.

La Buena Vida – 10,10 euros.

Une belle complexité qui vient, comme c’est souvent le cas dans le Priorat catalan, de l’utilisation de plusieurs cépages. Quatre dans ce cas. La grenache blanche pour la fraîcheur ; le muscat pour la pêche et l’abricot ; le maccabeu pour l’amande et le Pedro Ximenez pour le caractère oxydatif. Excellent avec le poisson, la salicorne, les moules…

2. Domaine Jo Pithon, Les Bergères 2005, Anjou.

Le Millésime – 14,25 euros.

Atypique, parce que sec, ce Layon est riche (de l’abricot confit) et frais à la fois. Sur entrées froides ou fromages, de chèvre par exemple.

3. Domaine des Coteaux des Travers, Cuvée Marine 2005, Rasteau, Côtes du Rhône Villages.

Olivier Vins – 11,50 euros.

Quatre cépages du Rhône pour un vin aussi gras qu’un Meursault. Des agrumes et du végétal. Pour du poisson, avec de l’huile d’olive.

4. Mas Foulaquier Le Rollier, Pic Saint-Loup 2005, Coteaux du Languedoc.

La Boîte des Pinards – 12,66 euros.

Une vinification moderne. Un vin naturel, proche du fruit. De la cerise, de la framboise, de la mûre. Impeccable avec du canard, du pigeon…

5. Vincent Dureuil-Janthial, Bourgogne 2005.

Thorrout Vins – 11 euros.

Grand amateur de pinot noir et de vins de Bourgogne, Pierre Thirifays a choisi ce vin bien équilibré. De la dentelle avec en sus des fruits rouges : fraise, cerise.

Reportage : Jean-Pierre Gabriel

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