Histoire d’acquérir enfin leurs lettres de noblesse, les fast-foods se transforment tout doucement en  » fast-good s ». Sus au gras !

Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin, vers 9 h 45, dans l’émission  » Bonjour quand même « , de Jean-Pierre Hautier, sur La Première (RTBF radio).

Est-ce la faute à Morgan Spurlock ? Mais oui, l’auteur du dévastateur  » Super Size Me « , ce documentaire sorti en septembre dernier dans les salles obscures et qui relatait l’évolution physique d’un homme soumis à 30 jours de régime McDo intensif ! Pour ceux qui auraient zappé ce petit bijou de reportage vérité, Morgan Spurlock s’était astreint à se rendre au fast-food pendant un mois, matin, midi et soir, pour y prendre chacun de ses repas ( www.supersizeme.com). Résultat, images à l’appui : ce cobaye consentant de la malbouffe organisée a pris 12 kilos au fil de l’expérience et la diffusion de son documentaire a créé un petit séisme dans l’univers tranquille de la restauration rapide. Depuis, le géant McDonald’s a abandonné ses fameux menus  » Super Size  » (qui avaient inspiré le titre du film) et les chaînes de fast-food ont redoublé d’ingéniosité pour se racheter une bonne conduite alimentaire à coups d’initiatives diététiques et d’opérations de transparence. Mieux, la tendance est désormais au  » nutrionnellement correct  » aussi bien dans les restaurants que dans les sphères politiques. La preuve : même Marie Arena, notre ministre de l’Enseignement francophone, y a récemment été de son petit couplet antisucre en interdisant les distributeurs de sodas et de confiseries dans les écoles de la Communauté française pour la prochaine rentrée scolaire. Il est vrai que, sur le plan statistique, l’obésité est grandissante chez les jeunes Belges et que ce type de mesure n’a, a priori, rien de saugrenu. Bref, le light est de nouveau dans l’air du temps avec, toutefois, un grand changement sur le plan gastronomique par rapport aux années 1990. Aujourd’hui, cette envie de manger sain ne touche plus seulement le secteur de la grande distribution, mais s’immisce û ô sacrilège ! û au c£ur même de la restauration rapide. Dernier exemple en date : l’inauguration du Fast Good à Madrid ( lire Weekend Le Vif/L’Express du 20 août dernier). Lancé par Ferran Adria, le plus respecté des chefs espagnols (qui peut se targuer d’une triple étoile au Michelin avec son restaurant El Bulli), ce concept original vise à démontrer que le mot hamburger peut joliment rimer avec saveur ( www.fast-good.com). L’idée est donc d’inviter les clients à manger vite et bien dans une logique visiblement fast-food (commande au comptoir, plateaux en plastique et personnel en uniforme), mais tout à fait  » fast- good  » (l’hamburger maison est annoncé 100 % pur b£uf espagnol avec tomates confites, gorgonzola et roquette). Autres nuances de taille : une huile d’olive étiquetée première pression à froid remplace la traditionnelle mayonnaise, le décor est résolument design et l’addition un peu plus salée (13 euros en moyenne pour un repas). La qualité, il est vrai, a un prix, mais Ferran Adria ne désespère pas d’ouvrir des Fast Good dans le monde entier vu le succès naissant de sa nouvelle adresse. Séduisant, son concept n’est pas unique pour autant puisque, aux Etats-Unis, d’autres hommes d’affaires sont également en train de développer des chaînes de restauration rapide à connotation diététique : Cereality, d’une part, dont le principe repose sur la dégustation de multiples céréales ( www.cereality.com) et Ozon, d’autre part, qui se présente comme un fast-food sain et ludique à l’attention des enfants ( www.ozononline.com). Alors, effet de mode passager ou repositionnement des m£urs gastronomiques ? Mystère. Quoi qu’il en soit, les adeptes du gras n’ont pas baissé les bras. Démontrant royalement qu’une tendance génère toujours son contraire, la chaîne américaine de fast-food Hardee’s vient de lancer en effet un Monster Thickburger dans les menus de ses établissements ( www.hardees.com). En clair : un hamburger démesuré de 1 420 calories (deux fois et demie le Big Mac !) et présenté comme un  » hommage à la décadence  » ( sic) ! Alors, Morgan Spurlock, prêt pour  » Super Size Me 2  » ?

Frédéric Brébant

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content