Miami l’exotique, la vibrante, la surexposée. Miami, la cité des mille et une excentricités… Mais cette  » Magic City  » de plus de 2 millions d’habitants peut encore offrir des petits coins de paradis où il fait bon vivre sous un soleil généreux. Les bons plans de Weekend.

Nord de Miami Beach au crépuscule. Léchée par des vaguelettes bleu émeraude, la plage n’est plus qu’une immense langue de sable fin et blanc ponctuée ici et là de postes d’observation très colorés des maîtres nageurs. Devant l’hôtel Setai, dix silhouettes se préparent à une longue et apaisante séance de yoga. Le temps suspend son vol et l’agitation d’Ocean Drive, à quelques centaines de mètres seulement, semble à des milliers d’années lumière de l’une des plus magnifiques adresses urban chic de Miami.

L’hôtel Setai, véritable oasis de calme et de sérénité, est le deuxième hôtel américain, après Mendocino en Californie, de la chaîne GHM (General Hotel Management) basée à Singapour. Le concept de son promoteur Adrian Zecha – qui depuis 1987 a ouvert quinze hôtels principalement en Asie – est d’offrir aux visiteurs services et luxe dans les plus beaux endroits au monde. A Miami, l’hôtel proprement dit (l’ancien hôtel Vanderbilt construit dans les années 1930) a été couplé à un immeuble-tour moderne de 40 étages à front de mer dont les terrasses panoramiques dominent la ville et l’immensité azurée de l’océan Atlantique. Dans l’hôtel se nichent 75 chambres tandis que la tour accueille 50 appartements et un penthouse de plus de 900 m2 avec jacuzzi et piscine privée appartenant tous à des particuliers qui hors de leur séjour les louent, service hôtelier compris. Les chanteuses américaines Janet Jackson et Sheryl Crow ou encore la top modèle Heidi Klum sont sur la liste des heureux propriétaires…

Jade, teck, soie, granit : Adrian Zecha a fait non seulement appel aux matériaux les plus nobles pour l’élaboration du Setai mais aussi au talent de l’architecte belge Jean-Michel Gathy. Clin d’£il à la Belgique, les panneaux en bois précieux ornant l’immense hall de l’hôtel affichent un look Art déco propre à notre pays. Autre merveille de cet établissement hors norme : sur quelques murs et au sol, on remarque un pavement en briques anciennes provenant d’un pont de Shanghai datant des années 1930. Chaque brique a été soigneusement démontée pour être importée et utilisée au Setai. Les chambres démontrent aussi la volonté affirmée du propriétaire d’offrir une véritable intimité luxueuse mâtinée de cocooning. Statuettes de jade dénichées sur les marchés chinois voisinent avec un mobilier en teck dessiné sur mesure tandis que les portes des armoires mêlent le bois et la soie et que les parquets sont soulignés de granit noir où vient se refléter la lumière adoucie par les lames des stores en bois. Au dernier étage de l’hôtel et faisant face à l’océan, le chanteur Lenny Kravitz, qui possède un studio de création à Miami, a entièrement aménagé un studio d’enregistrement doté des techniques les plus pointues. Trois piscines nichées dans un eden de verdure et un spa dont les fenêtres donnent directement sur la plage complètent l’offre de cette adresse la plus smart de Miami.

La  » grande dame  » de Miami

Pour tout Américain, le Biltmore à Coral Gables signifie respect et fascination. Cet hôtel devenu mythique avec le temps fait véritablement partie de l’Histoire du pays et évoque pour beaucoup la réussite rapide (mais aussi la chute) d’un homme visionnaire et entreprenant du début du xxe siècle.

George Merrick, né en Floride, est l’un des premiers à déceler la richesse immobilière de cette terre de soleil. En 1921, il se lance dans l’immobilier, en vendant son premier terrain à Coral Gables. Jusqu’en 1929, il investit pas moins de 100 millions de dollars dans son  » pays imaginaire « , une £uvre conçue comme un véritable pont entre la vieille Europe si chic et son Amérique entreprenante. Son inspiration ? Les architectures espagnole et italienne ; les noms des rues étant tirés d’un simple dictionnaire de langue espagnole… Le temps a passé mais le résultat est encore visible aujourd’hui. Coral Gables est restée une ville charmante et élégante aux belles avenues largement ombragées, aux nombreux espaces verts, ponctués de golfs et de country clubs très smarts. L’hôtel Biltmore, qui fait partie de l’ensemble, est certes le projet le plus ambitieux et certainement le plus impressionnant de George Merrick. Achevé en 1926 en moins d’un an, il est l’£uvre de l’architecte Schulze Weaver qui construisit également le Waldorf Astoria à New York. L’ensemble de style mauresque est surmonté d’une tour de 96 mètres de hauteur, copie conforme de la Giralda de Séville, en Espagne.

Rapidement, le Biltmore accueille des hôtes prestigieux comme le duc ou la duchesse de Windsor (qui chassent le renard dans le parc de l’hôtel) mais aussi le célèbre gangster Al Capone qui transforme durant la Prohibition le treizième étage en tripot clandestin et dont un homme de main est assassiné dans une des chambres… Sa piscine, qui est aussi l’une des plus grandes dans le monde hôtelier américain, emploie un maître nageur appelé Johnny Weissmuller (alias Tarzan). Le Biltmore, transformé en hôpital durant la Seconde Guerre mondiale et jusqu’en 1968, fut vidé et abandonné à son sort. En 1992, une restauration de 55 millions de dollars lui a fait retrouver toute sa splendeur. Aujourd’hui, deux terrains de golf de réputation mondiale ont remplacé le parc aux renards. On y croise des hôtes de marque comme, tout dernièrement, l’ancien président Clinton…

Un sort plus enviable que celui de son promoteur qui connut la ruine après le terrible ouragan qui détruisit la plus grande partie de Coral Gables en 1926 et le krach boursier de 1929. George Merrick mourut en 1942, complètement ruiné et travaillant comme simple postier… Sa petite maison natale à deux pas du Biltmore se visite encore. La gloire, la fortune et puis la déchéance résumées en un seul et même lieu bien modeste…

La  » City beautiful « , comme aiment l’appeler les Américains, possède encore d’autres curiosités comme la  » Venetian Pool « , une ancienne carrière de corail convertie en 1923 en piscine et dont les tours et les loggias en stuc rose rappellent son faste d’antan, ou encore Miracle Mile (un aller-retour à pied mesure un mile), la principale rue commerçante de Coral Gables au charme suranné, mais où il fait bon flâner parmi les petites boutiques, les galeries de peinture et les restaurants branchés. Fabulous !

Carnet de voyage en page 85.

Chantal Piret

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