Quinze ans après le succès de son roman Fanfan, Alexandre Jardin change de ton et célèbre les folies de l’amour au quotidien !

L’écriture est-il une joie ou une douleur pour vous ?

Tout ce qui a trait à la création est lié à la joie, que je préfère au mot jeu, mais ce n’est pas forcément joyeux.

Peut-on rire de tout, même de  » l’irréparable  » ?

Ça me semble une bonne politique. On n’est pas maître des choses, mais du sens qu’on leur donne. C’est mon secret d’éternel optimiste.

 » La seule chose qui ne s’évanouisse pas, ce sont les rêves.  » Quel était votre rêve d’enfant ?

Devenir Empereur à Bruxelles (rires) ! Mon père m’a rétorqué :  » Oui, mais quand ?  » Rien ne semblait dès lors impossible.

Votre rêve d’adulte ?

Continuer à écrire sans mener une vie publique. Tous ces ballets d’ego sont absurdes. Quand j’écris, je suis dans le sens des choses.

Le rêve à transmettre à vos enfants.

Un sens de l’illimité.

A notre époque, l’amour est-il enchanté ou désenchanteur ?

L’amour n’est pas aimé. Les romanciers parlent de la déchirure avec un cynisme nauséeux. Le bonheur n’a pas bonne presse, alors que nous y aspirons. Si on rate l’amour, que reste-t-il ?

Quelle est pour vous la femme idéale ?

Rien ne me plaît plus que la gourmandise et l’enthousiasme au féminin. Toutes les actrices ont cela en elles : Ma sorcière bien aimée, Brigitte Bardot et Liza Minnelli.

Pour séduire une femme, vous êtes prêt àà

Investir une quantité de temps exorbitante, alors que les hommes désarment vite lorsqu’ils sont éconduits.

Quel est pour vous le plus grand séducteur sur terre ?

Mon éditeur, Jean-Paul Enthoven, y met tout son génie, mais je dirais mon papa. Je le voyais si follement séduisant, que c’était irrattrapable !

Le lieu qui se prête le mieux à l’amour ?

La baignoire et toutes les pièces de la maison, quand les enfants ne sont pas là (rires).

La pire des trahisons amoureuses ?

Le fait d’abdiquer ; l’usure de soi. Il faut beaucoup de courage pour rester une personne vivante. Quand on cesse de naître, on cesse d’inventer son être.

Le compliment qui vous fait chavirer.

J’ai du mal à accepter les compliments car je me sens toujours insuffisant.

De quoi avez-vous honte ?

D’avoir raté mon premier mariage.

Votre plus grande fierté ?

D’avoir reconnu, en ma deuxième femme, celle dont je rêvais petit et que je craignais de ne jamais rencontrer.

Être fou, c’està

Une politesse minimale.

A quel moment vous sentez-vous vous-même ?

Avec ma femme et quand j’écris. Je me sens moins vulnérable car je suis dans la vérité. La fragilité vient de nos faux-semblants.

Que défendez-vous bec et ongle ?

L’amour des livres. J’ai monté l’association Lire et faire lire qui fête ses dix ans. Désormais, 12 000 retraités volontaires s’occupent de 250 000 enfants. Je rêve d’un pays de lecteurs.

Quinze ans après, par Alexandre Jardin, Grasset, 354 pages.

PAR KERENN ELKAIM

Si on rate l’amour, que reste-t-il ?

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