(ana)chronique

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HAWAII, PIZZA D’ÉTAT. Il aura suffi d’une petite phrase, lâchée l’air de rien par le président islandais, pour mettre le feu aux poudres ; frôlant l’inconscience, Gudni Thorlacius Johannesson avait claironné sa farouche opposition à l’ananas comme garniture de pizza, et son souhait de promulguer une loi interdisant cette association contre-nature. L’innocente boutade a déclenché un débat d’envergure mondiale – et c’est ainsi qu’une partie de l’humanité réalisa l’aversion de ses semblables pour la pizza dite hawaii, jusqu’alors considérée comme une variété courante et pas vraiment polémique. Pourquoi, plus de cinquante ans après sa création, ce classique sucré-salé alimente-t-il encore la controverse ? Faut-il y voir une concurrence mal placée entre îles volcaniques ou une pub à la Kellyanne Conway pour la pêche nordique, le chef d’Etat islandais ayant dans la foulée déclaré sa préférence pour les fruits de mer ? Même pas : la pizza hawaii est née à 8000 kilomètres de l’archipel paradisiaque, quand Sam Panopoulos, pizzaiolo grec installé au Canada, eut l’idée de donner une touche exotique à la fameuse spécialité italienne. On aurait donc tort de prendre pour du patriotisme économique cet exemple précoce de mondialisation, dans tout ce qu’elle a de novateur, d’incongru ou de clivant.

M.N.

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