La plume de Mathieu Terence témoigne d’une fibre sensible. Dans La Belle, il se livre à un duel avec la mort et y décrit  » une célébration de la vie  » qui nourrit son art, ses amours et son regard aiguisé sur le monde.

La Belle, par Mathieu Terence, Grasset, 105 pages.

Pourquoi vous êtes-vous  » mis à écrire à n’en plus finir  » ?

C’est extrêmement mystérieux… J’ai commencé dès l’enfance. Capter le monde par l’écrit m’aide à ne pas égarer les choses perdues, comme le temps. On écrit pour que quelque chose perdure éperdument.

Est-ce une façon de vous ressaisir ?

Ce livre correspond à un moment où j’étais sur le flanc. Quelque chose me glissait entre les doigts de la vie, peut-être la vie même. Il s’agit d’un réflexe pour saisir l’indéfinissable qui vous blesse, vous accable ou vous menace.

Qu’est-il impossible  » d’apprivoiser  » ?

Les affres, dont j’aime la sauvagerie, même si elle peut être dangereuse. Ici, je retrace un parcours pour sortir de la mélancolie.

L’enfance rime avec…

L’intense. Même les petits détails ont du relief et des couleurs. Ce livre parle de la préciosité de la vie.

Qu’en est-il de la maladie ?

C’est la fin de l’enfance. Ma maladie étant liée au souffle, elle a influencé l’écrivain que je suis. Il y a un avant et un après ma rencontre avec la mort. Mais tout enfant fait les grandes expériences de l’existence, que ce soit l’amour, la peur, la colère ou la mort.

Comment percevez-vous la vie ?

Elle est assez splendide. En reprenant contact avec l’enfant en moi, je décris un chemin, où la vie est rafraîchie par l’expérience et la prise de conscience de la mort. Ne sachant pas qui elle est, je lui donne le visage d’une âme médiévale ou d’une femme fatale.

Est-elle votre muse ?

Ma muse est la vie ! C’est une résurrection pour en finir avec la fin. Tourner le dos à la mort, tel est mon défi. La Belle se veut une évasion. Il y est question de joie, de sensualité solaire et de sortie du tunnel.

Est-ce que l’amour ramène à la vie ?

Pas toujours. Certaines amours sont délétères, on peut se perdre de vue, s’oublier. J’aimerais en être digne car l’amour a quelque chose de fécond, c’est une plus-value.

Qu’y a-t-il de plus exalté et de plus secret en vous ?

C’est peut-être la même chose (rires). Si je suis en confiance, je peux être passionné ou sanguin, mais sinon je reste défensif.

Etre qualifié sans cesse de  » beau gosse « , c’est…

Accablant, mais il y a pire (rires). Il est regrettable de retrouver l’emprise de l’image jusque dans la littérature. La beauté ne se résume pas à une gravure de mode, mais à l’irradiation d’un être.

 » Chaque son a un silence.  » Si vous étiez une musique…

Je mélangerais la voix à la nature, comme cette petite flûte en os, découverte dans la grotte Chauvet, en Ardèche. Imaginez ce moment originel.

Etes-vous  » l’artiste de votre vie  » ?

Si j’étais déjà celui de mes livres, je ferais du bon boulot. Alors que le dandy perçoit sa vie comme une oeuvre d’art, je tente de combiner les deux.

KERENN ELKAÏM

 » TOURNER LE DOS À LA MORT, TEL EST MON DÉFI. « 

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