Verso a fait appel à l’architecte gantois Glenn Sestig pour créer un des lieux les plus hypes qui soit: un écrin de deux mille mètres carrés consacrés aux grands noms de la mode internationale. Découvrez cette boutique de luxe nichée en plein cour d’Anvers.

Il suffit de s’arrêter un instant sur la page d’ouverture du site internet de Verso pour jauger l’impressionnante panoplie des prestigieuses griffes Homme et Femme qui sont désormais réunies en un même et superbe lieu, à Anvers: Dolce & Gabbana, Prada, Giorgio Armani, Jil Sander, Dirk Bikkembergs, Thierry Mugler, Azzedine Alaïa, Fendi… L’architecte de ce tout nouveau palais de la mode? Le très avant-gardiste Glenn Sestig.

« L’immeuble tel qu’on le voit aujourd’hui avec sa façade classique et son fronton triangulaire a été construit, en 1927, pour les besoins d’une banque, sur les cendres de deux hôtels de maître de familles patriciennes, l’hôtel Cardon de Lichtbuer et l’hôtel Grisar, commente Glenn Sestig.Les architectes de l’époque ont cependant eu une petite attention envers l’histoire: conserver intacte une pièce du XVIIIe siècle qui donne sur un patio intérieur. » Jusqu’à ce que Luc Dheedene, un des magnats de la mode en Belgique, se porte locataire de deux étages, cet ensemble immobilier abritait toujours des activités bancaires. Le sous-sol compte d’ailleurs encore une gigantesque salle des coffres de 2 000 m2.

2 000 m2: c’est la même superficie que l’on retrouve dans le majestueux rez-de-chaussée, un impressionnant volume surplombé à 7 m 50 de hauteur par une coupole en verre de 12 mètres de diamètre, illustrant les signes du zodiaque. « J’ai effectué des modifications et des travaux ont été réalisés sur la structure, poursuit Glenn Sestig. Mais, je les ai voulus minimalistes. Je pense que même les professionnels auront du mal à discerner certaines de ces interventions. Voyez ces hautes colonnes plates de 2 m de largeur. Je les ai dessinées pour souligner l’importance de la coupole qu’elles semblent supporter. Au début, elles constituaient de simples effets architecturaux. Mais je me suis rendu rapidement compte de leur utilité pour une série de fonctions techniques comme la ventilation. On a même pu leur intégrer des vitrines et de petits écrans de projection. »

Des travaux de restauration ont aussi été entrepris: reconstitution des moulures, réfection des parquets et des marbres. Des surfaces de Carrare italien et de Napoléon français, plus beige, ont même été ajoutées à celles existantes pour créer une meilleure cohérence à l’ensemble. Et puis il y a cette omniprésente couleur noire qui agit comme un révélateur, soulignant la richesse du décor. « J’avais à intégrer dans l’ensemble deux grands corners Dolce & Gabbana, une griffe dont précisément l’image est basée sur la couleur noire, précise l’architecte. Ce fut un incitant supplémentaire. De plus, le noir était beaucoup employé autrefois, on le trouve sur toutes les ferronneries, dans les cages d’ascenseur. Il représente pour moi le chic par excellence que je souligne ici et là par des incrustations en cuivre: poignées de porte, détails des tringles à vêtements. »

L’immense comptoir, autrefois teint en couleur acajou, a été décapé puis repeint en noir. Il était autrefois linéaire, placé à la limite entre le parquet et le marbre. Glenn Sestig a confié à des ébénistes le soin de le transformer en une sorte d’îlot central qui organise la séparation entre vêtements masculins et féminins. C’est aussi là que s’ancre le corner de produits de beauté by Terry.

Les luxueux accessoires présentés chez Verso ne sont pas agencés sur des étagères ou dans des vitrines classiques. « Je souhaitais à la fois créer un effet muséal qui sied à l’endroit et faire disparaître la structure protectrice, confie Glenn Sestig. Ces objets sont souvent des pièces rares, fragiles et coûteuses. Pour les préserver, j’ai donc conçu des parallélépipèdes en verre épais. J’ai choisi le verre, parce qu’il est plus transparent et qu’il se griffe moins que le Plexi. » Et l’architecte d’ajouter qu’il a même commandé des ventouses de vitrier pour permettre aux vendeurs de manipuler ces protections.

Deux pièces échappent toutefois en partie à la dynamique noire: le salon de prestige – réservé à l’essayage des costumes et dont on a gardé les lambris de bois brun – et le café Verso.

Dans cet espace situé à l’entrée du magasin – mais peut-on appeler Verso un magasin?-, Sestig s’est livré à l’exercice dans lequel il excelle: la sensualité glamoureuse. Avec son partenaire le peintre Bvardk, responsable du choix des couleurs de tous ses projets, il a souligné les éléments saillants de l’architecture d’une chaleureuse lumière orangée. Mais il renforce aussi le mystère des lieux par la réflexion des images dans la profondeur de miroirs fumés.

Ouvert depuis un mois à peine, Verso attire déjà les curieux avisés du monde entier. Et d’aucuns affirment sans se faire prier que même New York ne peut offrir une telle splendeur.

Texte et photos:, Jean-Pierre Gabriel [{ssquf}], Carnet d’adresses en page 68.,

Le noir est omniprésent et agit comme un révélateur, soulignant la richesse du décor.  » Il représente pour moi le chic par excellence », confie Glenn Sestig.

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