Ses plages sont considérées parmi les plus belles au monde, ses maisons pastel à pignons rappellent les Pays-Bas et la peau cuivrée de ses habitants leurs racines amérindiennes et espagnoles. Aruba, c’est un cocktail exotique aux multiples saveurs.

Guide pratique en page 46.

Bombini ! Bienvenue à Aruba ! C’est généralement en papamiento, le mélodieux dialecte local que les Arubais vous accueillent dans leur paradis qu’ils surnomment  » l’île heureuse « . C’est vrai que cette petite île néerlandaise semble échapper aux affres qui bousculent la planète. Il y fait beau toute l’année, la mer véritablement turquoise avoisine les 30° et ses plages de sable blanc sont citées chaque année parmi les plus belles au monde. De plus, Aruba est localisée en dehors de la ceinture des ouragans dévastateurs ! Autant dire que la belle semble avoir la faveur des dieux.

Située à environ une vingtaine de kilomètres du Venezuela, Aruba ne possède pas la flore luxuriante de certaines de ses voisines caraïbes. Le climat étant très sec, il a modelé des paysages plutôt arides qui abritent néanmoins des variétés de plantes particulières comme le fameux divi-divi, arbre emblème de l’île, façonné par les alizés. Son tronc torsadé est coiffé d’un feuillage qui s’élève vers le ciel telle une offrande. Mais on y trouve aussi plusieurs sortes de cactus comme le géant saguaros, qui donne à la réserve naturelle d’Arikok un petit air de désert arizonien. Côté faune, un nombre invraisemblable de paisibles iguanes se baladent un peu partout, mais la curiosité dont on ne se lasse pas ce sont les lézards turquoise ! Leur couleur flamboyante rivalise avec les camaïeux de la mer tout aussi bleue, qui enveloppe cette île de 30 km de long et d’une superficie de 184 km2.

Eagle Beach située au sud-ouest fait partie des plus belles plages. Au mois d’août, les £ufs des tortues profondément enfouis dans le sable éclosent et laissent s’échapper des centaines de bébés qui se précipitent vers la mer, attirés par la lueur de la Lune. Plus à l’Est, le lagon de Baby Beach est aussi fort prisé pour ses eaux peu profondes. Mais la plus sauvage et préservée est certainement Mangel Beach, nichée au milieu des mangroves. Un petit paradis perdu !

Métissage et traditions

Le Nord est la patrie du vent. Certaines bandes de terre sauvage nous plongent dans des paysages de bout du monde. Alors que de puissantes vagues s’élancent contre la roche, le regard est attiré par des sortes de petites stèles composées de pierres posées les unes sur les autres. Est-ce le fruit de la nature ou de la main de l’homme ? Les explications sont diverses : les Arubais les placeraient ainsi afin d’attirer chance, santé, richesse et bonheur. D’autres prétendent que ce sont les touristes sud-américains, et en particulier les Péruviens, qui perpétuent un rituel hérité de leurs ancêtres. Les premiers habitants de l’île étaient des Caquetios de la tribu Arawak, dont on observe encore des dessins rupestres sur les formations rocheuses du parc Arikok. C’est aussi dans certains traits des habitants que l’on retrouve leurs racines originelles, malgré le foisonnement de populations.

L’histoire du papamiento, mélange d’espagnol, portugais, néerlandais et anglais, est très révélatrice du métissage des peuples qui s’est opéré dans la région. Originaire de Curaçao, cet idiome qui se développa au xive siècle permit aux esclaves africains de communiquer avec leurs maîtres. Les missionnaires portugais et espagnols, les marchands hollandais, les commerçants sud-américains et les Indiens ont tous apporté une pierre à l’édifice de cette langue originale qui n’est parlée qu’ici dans les îles dites  » ABC « , soit Aruba, Bonaire et Curaçao.  » Merci beaucoup  » se dit par exemple  » macha danki « , mélange amusant du néerlandais  » dank u wel  » et de l’espagnol  » muchas gracias « . Jusqu’en 1995, les Arubais n’accordaient plus une grande importance à leur dialecte et c’est grâce à un petit comité soucieux de la préservation des racines locales qu’il est à présent enseigné dans les écoles. Aujourd’hui, il existe même un dictionnaire et un recueil des contes rédigés en papiamento.

Gouda et salsa

Malgré son appartenance à la couronne néerlandaise, Aruba dégage des consonances bien latines. L’Amérique du Sud est toute proche et il ne faut pas oublier que les Espagnols débarquèrent les premiers en 1499. Les Hollandais, eux, près de 135 ans après. Le nom même de l’île serait espagnol : Aruba renfermant autrefois des réserves aurifères, elle fut surnommée  » oro ruba « , c’est-à-dire  » or rouge « . Les mines abandonnées après la ruée vers l’or au xixe siècle se retrouvent encore à Bushribana, sur la côte nord. Près de 3 millions de livres d’or en furent extraites. Des ruines qui gisent au même endroit seraient celles d’un château de pirates datant de la fin du xve siècle. Autre ressource : la production d’aloès, autrefois première activité économique de l’île, supplantée depuis les années 1940 par le tourisme. Réputée pour ses propriétés apaisantes contre les brûlures et coupures, cette liliacée figure dans tout jardin arubais qui se respecte. Certains habitants le plantent devant leur habitation afin d’éloigner les mauvais esprits… Ici, modernité et traditions ancestrales font plutôt bon ménage.

Aujourd’hui, c’est principalement à Oranjestad, la capitale, que les influences hollandaises sont les plus sensibles. Notamment au travers de son architecture, empruntée aux traditionnelles maisons à pignons. Mais ici, le tout est assaisonné à la sauce caraïbe, avec des couleurs pastel, qui donnent parfois à Oranjestad des petits airs de Disneyland. Outre ses boutiques hors taxes, la petite ville est surtout digne d’intérêt dès la tombée de la nuit, lorsque la fièvre monte dans les bars envahis par les rythmes latinos. Un avant-goût du carnaval, la période la plus importante de l’année à Aruba. Ici, comme à Rio, différents groupes travaillent des mois durant pour sa réussite et pour la confection de costumes splendides et déjantés. Dès le début janvier et jusqu’au 27 février, près de 4 000 personnes déambulent dans les rues, guidés par les fanfares et les défilés. La fête débute généralement vers midi et ne s’arrête que quand les corps sont fatigués. Certains retrouvent alors du tonus en dégustant les spécialités locales, comme le keshi-yena, un plat concocté à base de fromage de Gouda, de fruits secs et de poulet mariné aux épices. Pas vraiment léger, mais si caractéristique des différentes influences qui apportent une saveur unique à la vie des habitants de l’île.

Sandra Evrard

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