Le styliste Bruno Pieters vit et travaille au cour d’Anvers. Au-dessus de son atelier, il s’est aménagé un penthouse avec jardin intérieur. Une oasis de sérénité, où la pierre naturelle est reine.

Depuis le penthouse de Bruno Pieters, niché au-dessus de son atelier de la Aalmoezenierstraat, à Anvers, difficile d’imaginer que l’on se trouve en plein centre-ville. Cet ancien grenier reconverti en chambres de bonnes a fait place à un superbe appartementà agrémenté d’un jardin intérieur et plein de caractère grâce à des murs ocre de libage, ces gros moellons équarris grossièrement. Le bonus ? L’escalier qui mène du jardin intérieur au toit-terrasse appelé à devenir, lui, une véritable oasis de verdure.

 » La pierre naturelle apporte un véritable dépaysement, s’enthousiasme Bruno Pieters. Elle vient du sud de la France, et possède cette chaude teinte ocre que j’apprécie. Cet aménagement n’a pas seulement des accents méditerranéens, il rappelle aussi l’architecture moderne de Californie, dont je suis fan. Voyez les architectes américains John Lautner et Frank Lloyd Wrightà Ils utilisaient aux aussi de la pierre naturelle. De cette façon, je combine ce dont j’ai besoin dans la vie : la ville et la nature. « 

Dans cet appartement, mis en scène par le bureau B-architecten, le calme règne en maître.  » Ici, je peux m’isoler, et je ne ressens pas l’agitation de la ville, confie Bruno Pieters. Le téléphone ne sonne pas en permanence, il n’y a ni fax ni ordinateur. Je peux créer tranquillement, avec pour seuls outils, un crayon et du papier. J’ai vécu pendant deux ans à Paris, une ville dont je suis fou, et que je trouve très belle. Mais il y a trop d’agitation. Là-bas, il est difficile de se concentrer. Chaque soir, il y a quelque chose à faire : on peut être très vite distrait de son travail et se perdre dans le luxe que déploie une telle ville. Cela dit, j’y ai vu de très belles décorations intérieures. « 

Bruno Pieters est particulièrement sensible aux charmes des beaux bâtiments anciens.  » Ce n’est pas parce qu’on consacre tout son temps au stylisme contemporain qu’on ne peut apprécier ce qui est classique, souligne-t-il. J’aime par exemple les moulures des appartements haussmanniens. Le design hypercontemporain, ce n’est pas pour moi, c’est trop dernier cri. J’ai une inclination pour les matériaux nobles comme la pierre naturelle, le bois et le cuir. Je n’ai pas besoin de couleurs flashy : je ne les utilise d’ailleurs pas dans mes collections car je crains d’être rapidement lassé. « 

Une grande partie de l’ancienne mansarde a été remplacée par de vastes surfaces vitrées, permettant au créateur de jouir d’une vue panoramique sur les toits d’Anvers. L’espace de vie – avec le coin travail, la salle à manger et la cuisine – encercle le jardin intérieur. La préférence de Bruno Pieters pour les couleurs et les matériaux naturels se reflète aussi dans la finition et le choix du mobilier.  » J’ai dégotté pas mal de meubles vintage dans le grenier de mes parents. Mon père a travaillé chez De Coene ( NDLR : les Ateliers d’Art De Coene, à Courtrai, en activité de 1888 à 1977, étaient réputés pour leur savoir-faire dans les domaines de l’Art nouveau, l’Art déco et du design), d’où la présence de nombreux meubles signés Knoll. J’ai acheté moi-même les chaises Wegner. Je raffole des meubles qui ont une forme organique, de l’architecture aux lignes droites et aux accents parfois rugueux, comme un sol en béton avec des fissures ou des murs patinés.  » Pourtant, le styliste n’a pas une âme de collectionneur.  » Je ne m’attache pas trop à l’endroit où j’habite parce qu’un jour je devrai probablement déménager à nouveau, confie-t-il. Je n’achète pas beaucoup de mobilier car je ne suis pas sensible aux choses matérielles. Quand quelque chose se casse, ce n’est pas grave.  »

S’il se passionne pour l’architecture et la décoration d’intérieur, c’est toutefois bel et bien à travers la mode que Bruno Pieters révèle toutes les facettes de sa personnalité.  » C’est dans ce secteur que j’ai le sentiment de pouvoir libérer toute ma créativité. J’adore son rythme soutenu et j’ai plaisir à unir tous mes efforts à la réalisation d’une nouvelle collection. Je m’intéresse aussi à la photographie et la musique, deux disciplines que je peux combiner dans les défilés. Toutes ces formes d’art s’entremêlent et je participe moi-même à la préparation des shows. En ce qui concerne la musique, je travaille avec Senjan Jansen (lire aussi Le Vif Weekend du 5 septembre 2008). Je tiens également à m’occuper du graphisme de mes cartons d’invitation. Et pour revenir à la déco, je pense qu’un jour je dessinerai un meubleà car il y a toujours quelque chose qui me déplaît dans ceux que je vois dans les boutiques.  »

Bruno Pieters en 7 dates

1977 : naissance, à Bruges.

1999 : diplômé de l’Académie royale des beaux-arts d’Anvers. Met son talent au service de grandes griffes de la couture comme Martin Margiela, Josephus Thimister ou Christian Lacroix, à Paris.

2001 : est le premier diplômé de l’Académie royale des beaux-arts d’Anvers à présenter une collection haute couture à Paris.

2002 : première collection de prêt-à-porter.

2007 : directeur artistique de Hugo Boss. Lance la ligne Homme du maroquinier Delvaux. Lauréat de l’Andam, en France, la prestigieuse Association nationale pour le Développement des Arts de la Mode.

2009 : quitte la direction artistique d’Hugo Boss (reste toutefois consultant du label allemand jusqu’en mai prochain) pour se consacrer à ses propres collections tout en poursuivant sa collaboration avec Delvaux.

2010 : connu pour son extrême rigueur – silhouettes architecturées, lignes épurées, coloris tout en subtilité – Bruno Pieters annonce qu’il veut travailler le flou et le tailoring. Sa collection printemps-été 2010 est à découvrir en page 24 de notre Spécial Mode c’est Belge.

Par Piet Swimberghe / Photos : Jan Verlinde

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content