Faut-il savoir faire quelque chose de ses dix doigts – ou accessoirement de son cerveau – pour avoir du pouvoir ? Pas sûr, à en croire le classement des personnalités de moins de 25 ans les plus puissantes mis en place par le magazine britannique In Style. C’est qu’en tête de ce top 100, on retrouve Harper Seven, la fille de Victoria et David Beckham, 2 mois à peine au moment de la publication de l’article en question, en septembre dernier. Voilà qui doit rendre verte Suri Cruise, 5 ans, reléguée à la 4e place alors qu’en 2010 Forbes l’avait élue  » enfant le plus influent au monde « , sur la base de sa couverture médiatique – ses premières photos avaient déjà permis à Vanity Fair de réaliser ses meilleures ventes, alors que celles du mariage de ses parents s’étaient soldées par un bide… Il est vrai que la garde-robe couture du rejeton de Tom Cruise et Katie Holmes fournit une matière inépuisable pour la presse people, tout comme son addiction aux accessoires griffés – chaussures à talons hauts incluses – ou son récent engouement pour le make-up. Si ces baby dolls nous filent la chair de poule, leurs celeb’moms, elles, s’en donnent à c£ur joie, vivant par procuration leurs rêves de petite filles : quand Posh déclare sans ciller qu’Harper Seven  » adore Prada « , il ne faut pas avoir lu Freud pour comprendre qu’il s’agit d’un transfert.

Sans aller jusque-là, la pub a compris l’intérêt de jouer sur l’effacement des frontières entre générations féminines. Comptoir des Cotonniers, pionnier du genre, rassemble aujourd’hui 15 000 duos lors de ses castings  » mère-fille « , contre seulement 200 lors de la première campagne de la marque. On était alors en 1997, et les pros de la com’ ne misaient pas un kopeck sur ce concept qui projette femme mûre et ado dans une même réalité, où les âges de l’une et l’autre sont comme floutés. Le succès commercial fut pourtant au rendez-vous, et bon nombre d’autres griffes, de Nivea à Petit Bateau en passant tout récemment par Eram, se sont depuis engouffrées dans ce créneau. Transmission des valeurs et complicité, s’enthousiasment certains, obsession du jeunisme rétorque le camp adverse. Reste que si le lien entre une maman et sa fille est porteur, c’est avant tout parce qu’il nous touche au plus profond de nous. Un sentiment que dégagent sans conteste les portraits transgénérationnels d’Anne-Catherine Chevalier (lire en pages 40 à 43). Pas de pose préformatée, pas de sourire imposé, pas de dress code exigé dans ses photos, qui n’ont rien du cliché.

DELPHINE KINDERMANS RÉDACTRICE EN CHEF

TRANSMISSION DES VALEURS ET COMPLICITÉ, S’ENTHOUSIASMENT CERTAINS, OBSESSION DU JEUNISME RÉTORQUE LE CAMP ADVERSE.

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