Pétrie de contrastes et d’exotisme, bangkok exhale toutes les saveurs de la culture thaïe. assurément la plus surprenante des capitales du sud-est asiatique.

Métropole de six millions d’habitants, Bangkok fourmille de vie. Urbanisée jusqu’à l’excès, la cité est tressée de viaducs enchevêtrés, de gratte-ciel et buildings aux formes biscornues et d’îlots de quiétude où, Wat (temples) et Chedis (stûpas) scintillants d’or se dressent vers un ciel souvent plombé. Traversée par le fleuve Chao Phraya, la cité connaît l’humidité de la mousson, la fournaise de la saison sèche, la pollution et le délire d’un trafic engorgé à toute heure. Mais dans quelle autre capitale au monde peut-on s’offrir un massage dans le plus ancien temple de la ville pour à peine deux euros, manger le bol de nouilles d’un marchand ambulant sur les marches d’un palace cinq étoiles ou sauter à bord d’un bateau-taxi et disparaître en un clin d’£il dans les dédales de canaux où toute vie citadine est inconnue ?

Bangkok : la  » cité des Anges « , ainsi nommée en 1785 lorsque le roi Rama I en fit sa capitale. Deux siècles plus tard, quelques avenues sont dessinées pour permettre aux souverains l’accès aux nouveaux temples érigés. Mais ce n’est bien sûr qu’après la Seconde Guerre mondiale que Bangkok, sous le feu d’une formidable croissance économique, se développera pour prendre le visage tentaculaire qu’on lui connaît. Dix pour cent de la population thaïlandaise vit aujourd’hui dans la métropole et chaque bus arrivé de province déverse son lot de chasseurs de meilleure vie. Mais n’est-ce pas un peu grâce à eux que Bangkok est restée si authentiquement thaïe ?

Les voyagistes ont baptisé la Thaïlande, le pays du sourire, mais c’est aussi le pays du soleil et des parfums, le pays des frangipaniers, des orchidées et du jasmin dont même les femmes en tailleur parent leur coiffure et les chauffeurs de taxi, leur rétroviseur. Plus encore que le reste du pays, Bangkok regorge de temples anciens et prestigieux, de bouddhas précieux couverts d’or et de jade et enfin, de moines pieds nus en robe safran mendiant leur obole jusqu’aux portes des centres commerciaux.

Le souffle des bouddhas

Découvrir la ville commence donc par la visite des principaux temples. Approcher les merveilles, c’est aussi se familiariser avec l’âme de ce pays, tout entier baigné d’une indicible fluidité sensuelle à laquelle le bouddhisme n’est pas étranger. Adepte de la doctrine du Theravada ou Hinayana ( » petit véhicule « ), le bouddhisme thaïlandais est centré sur la personne du Bouddha et sur l’imitation de son modèle de vie. Le pays compte 32 000 monastères et quelque 250 000 moines, pour la plupart ordonnés à vie. Car la majorité des civils mâles du pays revêtent volontairement la robe, au moins une fois dans leur vie, pour une durée qu’ils choisissent et qui va de deux semaines à six mois. Les moines, totalement libres de circuler d’un temple à l’autre, sont donc omniprésents, travaillant, bavardant, riant, visitant, et se recueillant dans ces temples qui participent activement à la vie de la cité. A commencer par le Wat Phra Kaeo ou temple du Bouddha d’émeraude, véritable éblouissement des sens. Festival de couleurs, de scintillements et de dorures, c’est le plus visité du pays. Contigu au Palais royal, il sert de chapelle au souverain qui y accomplit ses diverses obligations religieuses. Vient ensuite le temple le plus ancien et le plus vaste de Bangkok, Wat Pho où l’un des édifices principaux abrite un exceptionnel Bouddha allongé de 46 mètres de longueur sur 15 de hauteur. Wat Pho est ouvert aux touristes qui désirent s’y faire masser. Le temple abrite le centre de médecine traditionnelle thaïlandaise. La preuve ainsi que les temples sont loin d’être coupés du monde. Souvent des écoles occupent la plupart d’entre eux.

Shrines et shoppers

Des Bouddhas, mais aussi des  » shrines « , ou petites chapelles à l’attention des esprits, trônent en bonne place dans chaque maison, hôtel, magasins ou centres commerciaux. Dans le quartier de Siam Square, sur le carrefour à côté du Grand Hyatt Erawan Hotel, l’une des attractions de la ville est le Shrine d’Erawan. Construit à l’origine pour éloigner le mauvais £il, il abrite aujourd’hui Brahma, une déité indienne à quatre faces. Des fidèles viennent y prier et déposer des offrandes dans l’espoir de voir leurs v£ux exaucés. Dévotions que musiciens et danseuses traditionnelles accompagnent de leur performance.

Un spectacle d’autant plus insolite qu’il se tient au c£ur d’un quartier chic et moderne alignant de nombreuses boutiques climatisées. Car Bangkok est aussi une invite au consumérisme, le paradis du shopping. Le voyageur en quête d’antiquités ou d’artisanat thaïs se baladera au marché du week-end du Parc Chatuchak où près de 9 000 échoppes forment en plein air une extraordinaire caverne d’Ali Baba. Du vrai et du faux, du cher et du bon marché, de l’ancien et du neuf, on y trouve de tout. Mais avant de se lancer dans l’une de ces inévitables séances de marchandage, une visite au superbe musée national, le plus vaste dit-on de toute l’Asie du sud-est s’impose. On y apprend les subtilités de l’art thaï de toutes époques et styles confondus. Les passionnés d’art et d’architecture ne manqueront pas non plus la maison du grand voyageur Jim Thompson, de Wang Suan Phakkat ou de Vimanmek Teak Mansion, trois superbes résidences traditionnelles en bois décorées de peintures et de meubles anciens.

La poésie des marchés flottants

Devenus le symbole même du pays, les marchés flottants offrent de purs moments de ravissement. Le ballet des sampans au petit matin se faufilant le long des klongs (les canaux), la palabre chantante des femmes au chapeau conique échangeant leurs marchandises sont des images qu’on n’oublie jamais. Surtout quand on a réussi à dénicher dans le vaste dédale de canaux et d’affluents de la Chao Phraya le plus pittoresque d’entre eux. Les lève-tôt apprécieront le tout petit marché de Thonburi sur le klong Bang Khu Wiang. Les autres préféreront celui assez vaste de Damnoen Saduak à 106 kilomètres au sud-ouest de la ville.

Les couche-tard se risqueront le soir dans le quartier de Patpong et ses go-go bars ou ses spectacles de boxe thaï (Muaythaï). Sans oublier toutefois la large palette de bars et discothèques. Ou encore le très branché et high-tech Royal City Avenue (Soi Sunwichai). On y sirote une shingha, l’excellente bière locale, ou du Maekhong, le whisky de riz (aussi appelé  » Thai Rhum « ) allongé d’eau ou de cola en écoutant les vieux rocks de la guerre du Vietnam ou un concert live de jazz ou de pop thaï.

Des résidents britanniques durant le règne du roi Rama V (1868 û 1910) ont décrit le peuple thaï comme  » aimant les plaisirs, qui joue en travaillant et travaille en jouant « .  » Mai Pen Rai  » (peu importe), un mot qui rejette tous les soucis revient souvent dans les conversations. Une philosophie de vie qui prêche le non-attachement aux idées et aux choses. Eviter la pesanteur, aimer la grâce de l’oubli. Vivre dans le présent. Vivre pour le plaisir…

Texte et photos :

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