Bash, trilogie du secret

Trois monologues réunis en une trilogie du secret. Trois  » histoires vraies  » qui se muent en confession, en aveu. Trois interdits dévoilés. Un triptyque de faits divers ayant eu lieu chez les Mormons, aux Etats-Unis, mais qui ne furent jamais racontés. Derrière ces mots, des êtres livrent des instants de leur vie – une occasion, une triste coïncidence, un amour déçu – qui font que leur normalité a basculé dans la folie.

Le metteur en scène René Georges a choisi de monter le texte  » Bash, pièce des derniers jours  » dans lequel l’auteur américain contemporain Neil DeLabutte évoque une série de confessions sur des crimes particulièrement violents. Trois récits courts qui servent de miroir à la violence sournoise et ambiante.  » A ce système mormon qui impose un repli sur soi, une façon de penser, qui devient même un processus d’incarcération, avec énormément de jugements, se superposent les mécanismes glacés du rêve américain, l’appât du gain, les inégalités « , explique René Georges, ajoutant  » Rien d’étonnant à ce que les protagonistes cachent leur véritable histoire.  »

Mais de ces non-dits, de ces quiproquos naissent des violences sourdes : infanticide camouflé en accident, chasse à l’homosexualité, abandon d’une fille-mère à la dérive. Le metteur en scène souligne  » l’énorme empathie  » que la pièce distille vis-à-vis de ces meurtriers, ces violents, ces égarés.  » Ce sont des humains, pas des monstres. La société aujourd’hui est telle qu’elle crée des absences où vient se loger la violence. Cela guette chacun de nous « , ajoute-t-il. Non sans renvoyer à des mythes de la Grèce antique,  » Bash  » évoque le sacrifice au nom de la société, au nom d’amours déçues. Des gestes fous qui nourrissent quotidiennement la rubrique des faits divers. Le spectacle explore également le mythe de Dr Jekyll et Mr Hyde, cette figure où l’homme et la bête sont présents dans un même corps.

Si Neil LaBute, lui-même Mormon pratiquant, a bâti une £uvre dure, brute (il déclare  » qu’en montrant beaucoup de mal, je crois que l’on peut faire surgir beaucoup de bien « ), René Georges dit avoir privilégié la sobriété et le jeu frontal avec le public, faisant le choix d’aborder de face le thème de la violence, alors que cette part d’ombre de la condition humaine est encore souvent évacuée.

Avec Edwige Baily, Bruno Mullenaerts, Lara Persain et Fabrice Rodriguez sur des musiques de Billie Holyday et Tom Waits, et des vidéos et photos de Xavier Istasse.

Jusqu’au 26 mai, Zone Urbaine Théâtre (ZUT), à 1080 Bruxelles. Tél. : 0498 10 94 40. Internet : www.zoneurbainetheatre.be

Marie Liégeois

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