BELLE AMIE

© MONDADORI PORTFOLIO © HUBERT DE GIVENCHY

En amour comme en amitié, il est des coups de foudre retentissants. Et puis des histoires qui démarrent plutôt du mauvais pied. Entre Hubert de Givenchy et Audrey Hepburn, c’est peu de dire que l’affaire était mal emmanchée. La demoiselle avec laquelle il pense avoir rendez-vous n’est pas celle qui entre dans son studio. C’est la grande Katharine qu’il attend, pas cette débutante fluette qui vient à peine de terminer son premier long-métrage, Vacances romaines, qui n’est même pas encore arrivé dans les salles de cinéma parisiennes. Elle a 24 ans, lui 26. Et à y regarder de près, il n’a finalement ouvert sa maison de couture que quelques mois auparavant. La place de muse est encore à prendre. Il n’a de cesse pourtant de se débarrasser de l’intruse. Elle insiste. Pensant s’en tirer avec une invitation à dîner, il signe sans le savoir un invisible contrat avec elle pour la vie. Elle sera bien plus qu’une cliente, endossant pleinement le rôle d’égérie au sens nettement moins mercantile et volatil qu’il connaît aujourd’hui. C’est ainsi qu’elle deviendra aussi le visage du premier parfum de la griffe, L’Interdit, créé tout spécialement pour elle et qu’elle aurait, en plaisantant, refusé de voir commercialisé, ce qui lui donna son nom. Ambassadrice de Givenchy à la ville comme à l’écran, elle concevra la plupart de ses toilettes avec le couturier, qui n’hésitait pas à adapter les coupes selon la nature de la scène à tourner – plus près du corps si elle était debout, plus amples s’il lui fallait rester assise pendant de longues minutes – ce qui explique l’existence de plusieurs versions d’un même modèle. Invité à raconter l’histoire de sa maison par une exposition, Hubert de Givenchy ne pouvait le faire qu’au travers du prisme d’Audrey. L’occasion d’approcher des robes devenues aussi mythiques que les films – Sabrina, Diamants sur canapé…. – dans lesquels elles ont été revêtues et de s’émouvoir des petites attentions portées aux femmes que le couturier français savait si bien servir. En témoigne notamment cette ravissante robe conçue pour le baptême du second fils d’Audrey et qui masquait si gracieusement les kilos gagnés lors de la grossesse. L’hommage n’aurait pas été complet s’il n’avait été fait mention de son travail d’ambassadrice de l’Unicef, le  » rôle de sa vie « , dira-t-elle. L’un des plus beaux, à n’en pas douter.

Hubert de Givenchy : To Audrey with Love, Gemeentemuseum de La Haye. www.gemeentemuseum.nl Jusqu’au 26 mars prochain.

ISABELLE WILLOT

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