BELLE PAR NATURE

Top model international, Angela Lindvall est aussi une écologiste engagée. À 31 ans, cette mère de deux petits garçons mène tambour battant plusieurs vies de front. Presque comme toutes les femmes de sa génération.

Il faisait ce matin-là un temps à se glisser dans des chandails moelleux malgré la saison qui aurait voulu qu’on paresse en terrasse. Pour accueillir Angela la Californienne, notre petite Belgique avait sorti de son dressing un manteau de ciel gris lesté de rafales de drache à l’horizontale. À peine arrivée à Paris et déjà attendue à Madrid, la top – qui préparait le lancement de la nouvelle gamme anti-fatigue SKIN.ERGETIC de Biotherm dont elle est l’une des trois porte-parole – avait accepté de faire une escale de quelques heures à Bruxelles, le temps d’un shooting bobo chic. Sur la table, les jus, le thé, le granola, tout est bio. Dans la cabine, même topo. Soudain, la porte du studio s’ouvre sur une énorme valise suivie de près par une paire de jambes interminables.

Le visage masqué par une large capeline noire, Angela Lindvall s’offre une entrée théâtrale, immédiatement tempérée par un sourire franc qui lui fait pétiller le contour des yeux. Elle est littéralement belle à vous couper le souffle. Son extrême gentillesse et sa disponibilité totale – on est à mille lieues du cliché de la diva des podiums – auront tôt fait de mettre tout le monde à l’aise. Avant de passer au maquillage, elle prend le temps de regarder les vêtements eco-friendly que la styliste a choisis pour elle, s’extasie sur les bijoux, remercie chaleureusement pour le petit déjeuner avant de se servir elle-même un grand verre de jus de pomme.  » Je suis convaincue que la qualité de ce que vous mangez est un facteur essentiel pour lutter contre les coups de pompe, les baisses de forme, assure-t-elle. Les fruits, les légumes, les graines constituent 80 % de mon alimentation. Je consomme des produits locaux et de saison. Croyez-moi, cela fait un bien fou à mon corps autant qu’à mon esprit.  » Si elle a d’autres trucs, comme ceux-là, au vu du résultat on les veut fissa !

Pourquoi avez-vous accepté d’être, non pas le visage, mais la porte-parole de la nouvelle gamme de soins SKIN.ERGETIC ?

Cette ligne est totalement en phase avec les choses auxquelles je crois. C’est un produit truffé d’ingrédients naturels et moderne à la fois car il intègre les résultats des dernières recherches de Biotherm sur les actifs cellulaires. Il cible aussi parfaitement les besoins des femmes de ma génération. Ce ne sont pas tant les rides qui nous inquiètent que le stress et la fatigue qui donnent mauvaise mine.

Votre engagement écologique ne date pas d’hier. Qu’est-ce qui a déclenché votre militantisme ?

J’ai toujours aimé la nature : j’ai grandi dans un petit village du Kansas. Mais c’est lorsque je me suis installée à New York que j’ai véritablement commencé à m’intéresser à l’environnement. Ce que je découvrais sur Internet me faisait froid dans le dos. Je ne comprenais pas que cela ne fasse pas la Une des journaux.

Avec la vie que vous menez, cela ne doit pas être facile d’être fidèle à ses principes à 100 % …

J’essaie de faire attention à ce que je mange au quotidien mais sans que cela devienne une névrose. Je laisse de la place à l’imprévu. Je ne suis pas une radicale, ce n’est pas mon style de m’enchaîner à un arbre. Chacun sa méthode : la mienne, c’est plutôt de chercher des solutions positives. J’ai créé une fondation, Collage, qui soutient aujourd’hui un collectif de fermiers dans le Rockland County, près de New York et l’association Clean For Design qui aide les industriels du textile à développer des méthodes de production moins polluantes.

Justement, travailler dans la mode et défendre l’environnement, n’est-ce pas un peu contradictoire ?

Je suis souvent attaquée par les environnementalistes purs et durs, qui me reprochent d’être mannequin. Aujourd’hui, je ne peux pas me permettre de ne travailler que pour des marques bio. Quitter son boulot sous prétexte qu’il n’est pas 100 % clean, ce n’est pas une solution durable à mon sens. La plupart du temps, lorsque je suis engagée par un client, je me glisse dans la peau de la femme que l’on me demande de jouer. Ce n’est pas moi. Dans le cas de Biotherm, c’est différent. Là, je suis Angela, l’être humain qui s’engage. C’est pareil avec le parfum Pure de DKNY dont je suis l’égérie. Ou la collection de bijoux John Hardy à laquelle j’ai collaboré. Il y a de vrais projets humanitaires derrière.

Que faites-vous concrètement, chez vous, pour limiter votre empreinte écologique ?

Cela va sans doute vous étonner mais j’achète très peu de nouveaux vêtements. Cette veste en cuir de Rick Owens, je la porte presque tous les jours et ça durera encore des années. J’essaie de faire de bons investissements. D’acheter vintage. Ou à des entreprises qui font des choix responsables. À la maison, je composte. J’ai un jardin potager. Il y a un chou rouge qui m’attend, je l’ai planté il y a six mois. Et je me réjouis à l’idée de le manger avec mes enfants. Je suis en train de changer tout mon circuit de plomberie pour pouvoir recycler une partie de mon eau de cuisine dans le jardin.

Vous êtes maman de deux petits garçons. Comment faites-vous pour concilier votre activité professionnelle avec votre vie de famille ?

Quand on devient mère, on découvre tout à coup qu’on est capable de faire deux fois plus de choses qu’avant ! J’ai beaucoup de chance, car je peux par moment être maman à temps plein et à d’autres me consacrer totalement à ma carrière ou à mes engagements écologiques. Le secret, c’est de se simplifier la vie, apprendre à dire non et laisser les autres faire certaines choses à votre place.

Quelle est votre plus grande fierté ?

Mes enfants bien sûr ! J’ai eu le premier très jeune, à 23 ans. Ce n’était pas vraiment prévu. Je travaillais déjà depuis plus de six ans et cela ne remplissait pas mon âme. Tout à coup j’étais responsable d’un petit être dont je devais m’occuper. Dakota a non seulement donné un sens à ma vie. Mais il m’a aussi permis d’apprécier mon travail dans la mode. Surtout le fait que l’on s’occupe ainsi de moi après que j’ai passé mes journées à changer ses couches (rire).

Quels sont vos rêves pour demain ?

Il fut un temps où j’avais énormément d’ambition. Mais les épreuves de la vie – l’une de mes s£urs que j’adorais est décédée – m’ont assagie. J’ai envie de choses simples maintenant : j’aimerais voyager une année entière avec mes enfants, embarquer sur un voilier, dans le Pacifique Sud, vers l’Inde et l’Indonésie. Leur montrer que le monde sauvage existe encore.

Production et stylisme : Audrey Heselmans

Photographe : tamm

Assistant photographe : Hugo Michaux

Assistante stylisme : Laurence Desbisschop

Coiffure et maquillage : Vera Dierckx pour Laura Mercier et Bumble and bumble

Carnet d’adresses en page 64.

PAR ISABELLE WILLOT

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