Un citytrip à Berlin avec deux enfants de 6 et 8 ans : mission impossible ? Détrompez-vous ! Sofie et Tom, eux, en redemandent. Mode d’emploi.

PAR TRUI MOERKERKE / PHOTOS : MICHEL VAEREWIJCK

PAR TRUI MOERKERKE / PHOTOS : MICHEL VAEREWIJCK

1. BIEN CHOISIR VOTRE DESTINATION

 » Et qu’est-ce qu’on va faire là-bas ? « , demandent à l’unisson Sofie, 8 ans, et Tom, 6 ans. Eh bien… les musées, les restos, peut-être un peu de shopping… Tuuut ! Mauvaise réponse ! Même si c’est évidemment un peu l’essence de tout citytrip, nos chères têtes blondes, ça ne leur dit rien, mais alors vraiment rien du tout.

Pas de panique, on peut toujours adapter un peu le programme – d’autant que, pour ce qui est des kids, Berlin accumule les atouts en comparaison avec la plupart des autres métropoles. À commencer par l’espace. La capitale allemande est en effet sur- dimensionnée par rapport à sa population : à peine plus petite que New York, elle compte 7 millions d’habitants de moins, ce qui lui confère, entre autres et surtout, une atmosphère beaucoup plus détendue. Quelques coins touristiques très fréquentés mis à part, vous n’aurez nulle part l’impression d’être perdu dans la cohue urbaine. Et une exploration à vélo ne pose aucun problème, même avec des enfants : circulation fluide, grands boulevards pourvus de pistes cyclables bien aménagées, principaux monuments accessibles aux deux-roues et transports en commun remarquablement organisés.

Berlin est également une cité verte, qui recèle pas moins de 11 millions d’arbres en plus de ses nombreux parcs.  » On les a tous comptés ! C’est ça, l’Allemagne ! « , plaisante notre guide/chauffeur de bus, qui n’est certes pas avare de chiffres. Et puis cette ville est beaucoup moins chère que de nombreuses autres cities internationales – sur les notes de restaurant, la différence est palpable.

2. LE BUS TOURISTIQUE : UNE BONNE ENTRÉE EN MATIÈRE

Après un vol matinal et un bref trajet en train puis en taxi, nous arrivons, juste avant midi, à l’appartement berlinois que nous louons pour quelques jours (lire aussi le point 7 en page 12). Pour le coup, pas question de chausser mes baskets et de partir sans attendre quadriller la ville comme je le ferais habituellement : il fait chaud et je vois là deux petites frimousses bien fatiguées… La solution idéale ? Le bus touristique qui sillonne la capitale allemande en s’arrêtant aux principaux monuments.

Nous embarquons tout près de l’Île aux Musées pour un circuit de plusieurs heures, confortablement assis. Berlin possède plusieurs compagnies de bus touristiques, qui effectuent toutes à peu près le même trajet, et se procurer un billet est un jeu d’enfant : des vendeurs ambulants en proposent à tous les coins de rue. Tom et Sofie jettent de temps à autre un coup d’£il par la fenêtre, quand ils ne dorment pas ou jouent sur leur Nintendo… et entre-temps, papa et maman ont vu l’essentiel de la ville. Un bon moyen pour se faire une première impression et réfléchir au planning des jours suivants.

3. INDISPENSABLE : LA BERLIN WELCOMECARD

Les enfants voyagent sur la carte de leurs parents… qui paient chacun environ 30 euros pour explorer tout Berlin en transports en commun pendant 5 jours (sans compter une foule de réductions sur nombre de musées et de visites). Bien pratique, le pass, surtout quand le réseau de métro est aussi bien développé… et constitue pour les kids une attraction en soi.

Nous remémorant une précédente escapade à Paris, où notre petit dernier avait surtout été impressionné par les trajets en métro –  » Waouh, ça allait méga-vite !  » – nous plongeons dans les entrailles du réseau berlinois à la moindre occasion. Avantage supplémentaire : ça permet de ménager les petites jambes ! Après un jour ou deux, nos deux lutins se comportent même comme de véritables Berlinois. Les mains dans les poches, Tom se tient un peu à l’écart : il sait que nous descendons généralement à l’arrêt Alexanderplatz, et il n’a pas besoin de rester collé à nous. Sofie, elle, s’extasie devant tous les musiciens de rue que nous croisons dans les couloirs de l’U-Bahn.

4. UN JOUR À VÉLO AVEC UN GUIDE

Rendez-vous à la Kulturbrauerei, à distance de marche de la station de métro Eberswalder Strasse, dans le quartier branché de Prenzlauer Berg. Cette ancienne brasserie entièrement rénovée abrite actuellement Berlin on Bike, une organisation qui propose non seulement des vélos de location mais aussi plusieurs circuits urbains sous l’accompagnement d’un guide. Après quelques recherches, nous dénichons dans son arsenal de deux-roues en tous genres le format idéal pour Sofie, tandis que Tom prend place dans une remorque accrochée au mien, non sans une certaine réticence. Peut-être que je le sous-estime, mais tout de même, plusieurs heures à pédaler dans cette ville immense ? Désolée fiston, ce sera pour la prochaine fois !

Casques sur la tête, nous voilà partis, escorté par Sara, une Belge installée depuis cinq ans à Berlin qui nous aiguille comme si elle avait fait cela toute sa vie. Elle tient compte des enfants, tant au niveau du rythme que du parcours. Au programme : un  » best of Berlin « . Peu après notre départ, première halte dans une des nombreuses pleines de jeux, où Tom et Sofie peuvent s’en donner à c£ur joie tandis que Sara raconte à leurs parents l’histoire de Prenzlauer Berg. Cet ancien quartier ouvrier autrefois dominé par de tristes HLM est aujourd’hui devenu un fief bobo qui attire nombre de jeunes couples avec enfants – d’où son surnom de Pregnancy Hill.

Arrêts suivants : le Mauerpark et la Bernauer Strasse, où subsistent encore quelques portions du Mur. Sara s’est munie de photos et nous montre comment certaines personnes ont tout bonnement, après la soudaine construction de ce dernier, fait le grand saut depuis la fenêtre de leur appartement pour rallier Berlin-Ouest. Un récit qui, dans ses grandes lignes, peut aussi être expliqué aux enfants : l’£il collé à une fissure, ils scrutent à travers le Mur l’ancien no man’s land, émus par l’exécution des fuyards de Berlin-Est… L’Histoire n’a décidément rien d’un conte de fées. Mais, si la guerre est pour Tom et Sofie un concept familier, journal télévisé oblige, devant le Mémorial de l’Holocauste, je décide de leur laisser encore un temps de répit tout en me demandant à quel âge je pourrai évoquer avec eux la Shoah.

Nous découvrons ensuite, toujours à vélo, d’autres sites incontournables à commencer par le quartier du Reichstag et ses bâtiments officiels, tous construits dans une architecture chargée de symbolisme qui privilégie la transparence. Parlant de valeur symbolique, saviez-vous que ces constructions se trouvent pile sur l’ancienne limite entre Est et Ouest ? Nous passons sous la Porte de Brandebourg, en empruntant la majestueuse avenue Unter den Linden pour rejoindre l’Île aux Musées, un site classé patrimoine mondial de l’Unesco. Cinq musées de premier plan y sont réunis sur les berges de la Spree, mais nous nous contentons d’en contempler les façades, car notre circuit est loin d’être terminé ! Direction Alexanderplatz, où nous avons l’occasion d’admirer de près la fameuse Fernsehturm, point culminant de Berlin avec ses 368 mètres et visible de tous les coins de la ville. Construite à la fin des sixties, cette tour émettrice de signaux de télévision se voulait un symbole du progrès socialiste – ou  » un doigt d’honneur à l’Occident « , pour reprendre la formulation plus visuelle de Sara. On peut monter jusqu’au sommet, mais nous préférons nous épargner l’interminable file.

Via le Hackescher Markt, une place très animée mais agréable, nous reprenons le chemin de la Kulturbrauerei d’où nous sommes partis ce matin. Entre-temps, Sara sait tout de Sofie, qui a passé tout le trajet à lui parler de ses amies, de son amoureux ( » On est ensemble depuis qu’on a 2 ans et demi « ), de sa maîtresse d’école… À l’arrivée, Tom bondit de la remorque – pas fatigué

5. LES KIDS À LEGOLAND, MAMAN AU KaDeWe

Pendant quelques jours, nous, les parents, avons brandi aux enfants la promesse d’une visite au Legoland Discovery Center en guise de carotte. Le mini parc d’attractions est installé dans le Sony Center, sur la Potsdamer Platz. Construit en 2000, ce complexe futuriste tout en verre et en acier, qui abrite magasins, bureaux et restaurants, mérite déjà à lui seul un détour, avec son toit pointu calqué sur les sommets enneigés du Fuji-Yama. À l’intérieur, les maquettes en Lego des principaux monuments de Berlin font toutefois plutôt le bonheur des grands que celui des petits. Heureusement, il y a encore d’autres attractions… et surtout, à la fin du parcours, le nirvana de tous les enfants : le Lego shop ! Sofie se laisse facilement pousser vers la sortie, mais son frère refuse catégoriquement de repartir sans le  » Plo Koon’s Jedi Starfighter « , une navette spatiale bleue et blanche. L’incident donne lieu à des négociations proprement implacables, même à l’échelon de cette ville d’espions et de diplomates… et je vous laisse deviner qui a gagné !

Mais le lendemain, j’exige ma revanche : pas question de faire l’impasse sur le somptueux Kaufhaus des Westens (KaDeWe), un grand magasin devenu légendaire – légèrement plus petit que Harrods, à Londres, mais le plus spacieux du genre sur le continent. Ce fringant centenaire est un véritable must, même si c’est surtout depuis l’escalier roulant que j’admire son luxueux assortiment de parfums, de montres, de vêtements, d’accessoires déco…  » Je déteste le shopping « , murmure Tom. C’est en vain que je lui rappelle le vaisseau Jedi… d’autant que sa s£ur s’empresse de lui venir en aide : faire les boutiques avec des gosses, quelle idée ! Il me reste toutefois une carte à jouer : les généreux buffets superbement présentés du Wintergarten, le restaurant installé au 7e étage. Les fraises à la crème et la mousse au chocolat, ça marche à tous les coups.

6. POUR LES ENFANTS (ET LEUR PAPA) : LE DEUTSCHES TECHNIKMUSEUM BERLIN

Navires de différentes époques, avions, locomotives historiques, vieilles voitures, machines industrielles… s’il y a une attraction à conseiller aux familles à Berlin, c’est bien l’immense Deutsches Technikmuseum (www.sdtb.de), dans le quartier du Kreuzberg. Même si les explications techniques sur l’évolution des presses d’imprimerie passent un peu au-dessus de la tête des plus jeunes, qu’à cela ne tienne : il y a mille et une autres choses qui les passionneront quelques pas plus loin. Nous passons des heures à nous extasier de salle en salle avant de nous arrêter pour manger un morceau au café du musée. Ici, ce ne sont pas tant les enfants qui me donnent du fil à retordre que mon mari : je dois déployer des trésors de persuasion pour le convaincre qu’une demi-journée dans un musée, c’est plus que suffisant. Ah, les hommes et la technologie !

7. UN APPARTEMENT RIEN QUE POUR NOUS

Si Berlin ne manque pas d’hôtels, lorsqu’on voyage avec des kids, louer un appartement peut être une alternative intéressante. C’est vrai, le service n’est pas le même et il faut faire les courses, mais il y a plus de place et les gosses y trouveront plus facilement leurs marques. Petit déj’ en pyjama ? Pas de problème. Rentrer  » chez nous  » pour souffler entre deux visites ? Non plus. Installé à la grande table du living, Tom construit son vaisseau spatial avec l’aide de son papa et de Michel, le photographe qui nous accompagne, tandis que Sofie s’amuse avec un jeu vidéo, étalée dans le canapé. Et s’ils sont trop fatigués pour aller manger à l’extérieur à la fin de la journée, il suffit d’enfourner une pizza ! Nous sortons néanmoins la plupart des soirs, mais avec des enfants de cet âge, de toute façon, pas question de traîner jusqu’aux petites heures… Et dans un appart’, les parents sont contents de pouvoir les mettre au lit dans leur propre chambre, derrière une porte fermée, histoire de ne pas devoir passer le reste de la soirée à chuchoter.

8. TOUS À TABLE !

Nul doute que McDonald’s ait de quoi vous redonner des forces au cours d’une expédition en ville, mais Berlin possède heureusement une foule d’autres adresses qui plairont également aux loupiots. Notre coup de c£ur : Clärchens Ballhaus (24, Auguststrasse), une ancienne salle de bal à Prenzlauer Berg. L’ambiance est fantastique, la nourriture correcte. Le bâtiment lui-même affiche un charme gentiment délabré, avec sa terrasse un brin sauvage et, à l’intérieur, une spectaculaire salle de bal années 1920. À l’étage, Sofie peut se défouler en s’essayant à la chorégraphie dans la salle des miroirs. Le restaurant organise régulièrement des soirées dansantes, mais nous nous en tenons au lunch. Au menu : boulettes ou saucisses viennoises. Une journée à vélo, ça creuse !

Une autre bonne adresse où se restaurer en famille : Vapiano, un bar à pâtes et à pizzas (membre d’une chaîne internationale) sur la Potsdamer Platz. Le chef y prépare devant vous salades, pâtes, pizzas ou soupes.

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