Quitter Quito. La bougeotte passe pour une faiblesse, sauf chez les écrivains. Partir c’est nourrir un peu, beaucoup, les imaginaires peu enclins au voyage autour de la chambre. Diane de Margerie est accro au recul, à la distance, à l’oubli, sans verser jamais dans le rêve utopique. Sa luxuriance profonde: le silence, la solitude. « Sans solitude nous n’avons rien à donner, ni même le temps de penser à l’autre. » Un isolement qui la mène de Santa Cruz à Bartolomée, de Quito à la Guadeloupe, avec pour compagnons de croisière les Melville, Bouvier, Tournier, et ce Conrad qui faisait dire à Marlow:  » On vit comme l’on rêve – seul … ». L’immense aventure de vivre.

M.E.B., « La ballade de Lola », par Xavier Houssin, Buchet-Chastel, 75 pages.

Affection mortelle. Onze nouvelles inédites autour du thème de l’amitié et donc de la trahison, du mensonge, même de la perversité. Après le succès de « Meurtres en cavales » (Albin Michel), Mary Higgins Clark retrouve quelques compères de haute volée dont Lawrence Block, Mickey Friedman et Peter Straub, pour une série de variations fatales. Elle-même met en scène un psychopathe qui entretient de curieuses relations avec des femmes de son passé, alors que Judith Kelman montre comment six bonnes ménagères vont se liguer contre un don Juan dont elles ont été les victimes délicieuses.

M.E.B., « La ballade de Lola », par Xavier Houssin, Buchet-Chastel, 75 pages.

Le passeur aux cent soucis. Jean Marie Gustave: il fallait bien trois prénoms pour porter un auteur multiple et pluriel. Après quelques livres diamantins comme  » Le procès-verbal », « Désert », « Le chercheur d’or », « Retour à Rodrigues », on avait craint que Le Clézio bifurque malencontreusement vers une manière de mysticisme profus. Ce roman balaie toutes les réserves, qui fait déjà figure de classique, sinon d’emblème, du XXIe siècle. On y prend le large, on y amorce quantité d’histoires, de pistes, de changements, de traversées, d’inquiétudes qui étincellent comme des jeux de miroirs. Le résumer serait l’estropier. On ne peut qu’en recommander instamment la lecture. Dans une nouvelle donnée au Figaro lors de la pérégrination « Portes d’Afrique », Le Clézio écrivait voici peu « Le passeur est la plus belle chose au monde ». Tout est dit.

M.E.B., « La ballade de Lola », par Xavier Houssin, Buchet-Chastel, 75 pages.

La marelle était en noir. Sur le chemin de l’école une petite fille disparaît. Elle a 9 ans et s’appelle Lola. Elle ne reviendra pas. Inspiré du jeu de la marelle, ce roman visite un monde dont les faits « divers » constituent les cases inévitables. Mémoire, imaginaire, pages des journaux sont les couplets d’une chanson triste et douloureusement digne.

M.E.B., « La ballade de Lola », par Xavier Houssin, Buchet-Chastel, 75 pages.

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