Bienvenue chez moi

© KAREL DUERINCKX

Calfeutrés dans nos chaumières pour faire face à la pandémie que nous traversons, nous n’avons pourtant jamais autant poussé la porte du logis de nos amis, nos collègues, mais aussi de nombreuses autres personnes auxquelles nous n’aurions jamais rendu visite – en vrac, ministres, chanteurs, virologues, sportifs, chefs, maîtres yogi, influenceurs… C’est que cette obligation de poursuivre notre vie entre quatre murs va de pair avec l’explosion des e-meetings, des apéros virtuels, des séances de gym de salon, des émissions enregistrées @home et des tutos bricolés sur le divan…

Résultat : on découvre, l’air de rien, l’environnement quotidien d’un nombre incroyable de gens et on glane, sans le vouloir, des détails de la sphère privée de ceux qui nous invitent ainsi chez eux. Et ce n’est pas anodin.  » On est au plus près de son intimité en décorant sa maison, expliquait il y a quelques mois le psychiatre Alberto Eiguer dans le magazine Psychologies. Objets et meubles reflètent notre psychologie : on y exprime nos goûts, nos besoins fonctionnels. Mais ils parlent aussi de notre mémoire en nous rappelant sans cesse notre passé, notre histoire familiale avec ses mythes, ses secrets, ses moeurs.  » Vu sous cet angle, ouvrir la caméra de son ordinateur serait donc devenu, depuis peu, une manière de se confier aux autres… Et une fois que nous reprendrons la route, nos relations en seront très certainement modifiées, et probablement intensifiées. C’est peut-être là, en fin de compte, un bienfait de cet interminable confinement, celui de voir les gens pour ce qu’ils sont, sans fard, tous humains, tous préoccupés et déboussolés, finalement tous très semblables… et déterminés à profiter de la vie, quoi qu’il advienne.

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