Barbara Witkowska Journaliste

Anne Zellien, Fabienne Kriwin et Isabelle Lenfant… Trois créatrices belges mêlent avec maestria l’or, l’argent et les pierres fines. Portraits.

Anne Zellien : messages personnels

Une chevalière en argent massif est gravée de  » Chaque jour j’attends tout « . La bague ovale nous confirme que  » Le paradis, c’est ici « . Un gros anneau rappelle avec justesse que  » Chaque jour est une page blanche « . Profondes et admirablement formulées, ces petites phrases injectent une dose d’optimisme dès le réveil. Parmi d’autres thèmes forts, on épingle aussi ce collier en agathe, noir ou blanc, prolongé par un ruban en gros grain amovible, disponible en noir et rouge, histoire de personnaliser sa parure en fonction de sa tenue. Les bracelets à breloques égrènent des valeurs symboliques : le chien (la fidélité), la marguerite (la joie de vivre et la simplicité), le trèfle à quatre feuilles (la chance), le c£ur (l’amour) et l’hirondelle (la liberté). Quant aux spectaculaires colliers de perles d’eau douce, ils s’agrémentent de grosses fleurs stylisées en nacre.

Les bijoux à message d’Anne Zellien ou encore ceux inspirés par l’amour et l’amitié, sont un clin d’£il à la  » Sentimental Jewellery « , très en vogue en Europe aux xviie et xviiie siècles. La littérature et la musique classique soufflent aussi quelques idées lors du processus de la création. Avec les années, le style d’Anne Zellien (diplômée de l’Académie des Beaux-Arts à Anvers, en section bijoux) s’affirme, se fait plus féminin, les détails gagnent en importance. Les grands thèmes classiques sont revisités dans un esprit contemporain, mais toujours empreints d’une touche nostalgique, voire un brin rétro. La créatrice belge travaille avec le même plaisir l’or et l’argent, fait souvent appel à des perles et des pierres semi-précieuses. Les femmes de 18 à 90 ans trouvent leur bonheur dans les collections renouvelées à chaque saison. Elles poussent aussi souvent la porte de la boutique-atelier pour commander un bijou sur mesure, une bague de fiançailles ou transformer un bijou de famille.

Fabienne Kriwin : jeu des couleurs

Chez Fabienne Kriwin, la couleur est en vedette. La tourmaline se montre sous ses différentes facettes chromatiques, déclinées en bleu, en jaune, en orange, en rose vif et en vert. Le péridot brille d’un éclat vert vivant et vibrant. La phrénite, en revanche, opte pour une nuance verte, tendre et douce. Le quartz, la jeune créatrice le choisit rose ou encore sombre et fumé, presque marron. La calcédoine n’est pas transparente, mais sa couleur bleue laiteuse est superbe.

Fabienne Kriwin étale toutes ses merveilles miroitantes et scintillantes sur une table, allume des bougies parfumées et installe un fond musical : Julien Clerc, Madeleine Peyroux, Placebo ou de la musique brésilienne. L’inspiration ne tarde pas à venir. Les pierres s’assemblent et se rejoignent, cherchent la compagnie de tiges ou de chaînes en or jaune brossé. Des parures aériennes, légères et ludiques prennent forme. Les boucles d’oreille, animées par une belle pierre carrée et facettée, ronde ou en forme de goutte, se portent courtes, près de l’oreille. Parfois, elles s’allongent. Une chaîne fine, attachée à un col de cygne, se pare alors de trois pierres.

Les parures sont discrètes et mobiles, en mouvement perpétuel. La bague best-seller a une monture structurée et ressemble à une chevalière. Une belle pierre rectangulaire et bombée y est sertie délicatement. Les colliers sont construits avec des mailles généreuses en or, rythmées, çà et là, de pierres judicieusement placées. Depuis qu’elle s’est lancée dans la création de bijoux, en 2005, Fabienne Kriwin est guidée par ses propres envies et ne crée que des pièces qu’elle aimerait porter elle-même pour accessoiriser ses tenues, toujours très élégantes (elle est par ailleurs la fondatrice de la griffe de mode César & Rosalie qui fit fureur au début des années 1990). Elle travaille seule pour garder le contact privilégié avec la cliente et reçoit donc chez elle, à Linkebeek. Ou, si vous préférez, elle se rendra chez vous.

Isabelle Lenfant : symboles de vie

Diplômée de La Cambre (avec grande distinction), à Bruxelles, Isabelle Lenfant a choisi de faire la nique aux diktats de la mode et son calendrier infernal pour revendiquer une liberté par rapport au temps. La création de bijoux empreints d’une symbolique universelle et intemporelle lui convient donc parfaitement. La jeune créatrice aime la vie par-dessus tout. Avec ses joies et ses bonheurs, mais aussi avec ses ombres, ses petits soucis et ses moments de mélancolie.

Les bijoux d’Isabelle Lenfant, détournés des objets de la vie quotidienne, n’ont d’autre but que de soigner symboliquement les fêlures de l’existence. Le Sparadrap (elle se coupe souvent) est sa première création et demeure toujours le best-seller : ce petit pansement peut aussi mettre du baume, symboliquement, sur les bobos de l’âme. Le Scotch pour recoller des espoirs brisés, des clés ébréchées pour ouvrir un avenir imaginaire et plein de promesses, des étiquettes qu’on colle à tout le monde à tout bout de champ, des notes de musique, car  » la musique est le repos de l’âme « , le diamant en argent qui symbolise les facettes de chaque être humain… Autant de thèmes qui nous réconcilient avec le quotidien et qui sont un début de réponse à nos questions essentielles.

Isabelle Lenfant travaille uniquement l’argent, tellement mouvant et vivant, tantôt lisse et brillant, tantôt plus sombre et ténébreux lorsqu’il s’oxyde. Toutes les parures sont mobiles et se transforment, car dans la vie rien n’est statique. Montées sur des chaînes très fines, modulables et transformables, elles annoncent une autre manière de porter le bijou. Suivant l’emplacement de la chaîne, en ceinture ou en collier, l’étiquette, les clés ou les notes de musique se posent sur la poitrine ou sur la hanche. Le Sparadrap, lui, peut habiller le poignet, le haut du bras ou la taille.

Lancée en 2005, la collection  » IL  » d’Isabelle Lenfant commence à décoller aux Etats-Unis, en Italie et à Paris. Originale, cohérente et spirituelle, elle apporte un réel  » plus  » dans le domaine de la parure.

Carnet d’adresses en page 166.

Barbara Witkowska

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