Boîtes à rêves
Précieux et sensuels, doux au toucher, gais à manipuler, de plus en plus de packagings de maquillage portent la signature de grands noms du design. Des objets enchanteurs dont la fonction, précise, doit pourtant primer.
S’il est un monde où l’habit fait (un peu) le moine, c’est bien celui des maquillages. Pour mériter leur place de must-have au fond du sac à main, juste à côté des clés de la voiture et du smartphone de service, les rouges et autres poudriers de choc ne se contentent plus d’abriter des textures de pros qui durent et des couleurs divines. Ils en jettent aussi au premier coup d’£il. On prend plaisir à les dégainer. Et surtout à les manipuler.
Pour marquer leur différence, des maisons comme Guerlain, Helena Rubinstein ou Givenchy ont décidé de faire appel à des designers de renom. La fonction, il est vrai, c’est leur rayon. Ce qu’ils ont en tête avant toute chose lorsqu’ils se penchent sur un objet. Car on a beau imaginer le plus beau tube de rouge qui soit, s’il faillit à sa mission première – aider à dessiner aisément une bouche parfaite – il y a gros à parier qu’il ne tiendra pas plus d’une saison.
Créé en 2007 par le duo britannique Lucy et Tobie Snowdowne, tous deux diplômés du Central Saint Martins College of Art & Design de Londres, le packaging du raisin Rouge Interdit de Givenchy (4.) est un bel exemple de design réussi. » Nous nous sommes inspirés des poupées russes, explique Lucy Snowdowne. En cachant un objet à l’intérieur d’un autre objet. Au final, vous avez en main un accessoire désirable qui fait tout ce que l’on demande à un rouge à lèvres. Avec un petit côté cérémonial en prime. «
Après avoir travaillé pour Guerlain, Hervé Van der Straeten a taillé un nouvel habit au Wanted Rouge d’Helena Rubinstein (3.), directement dérivé du flacon de parfum du même nom et dont Demi Moore est aussi l’égérie. Les lignes fluides des rubans qui enlacent le tube et la bouteille sont un peu la marque de fabrique du créateur parisien. » Le lien qui s’enroule autour du bâton traduit la dualité de la séduction, à la fois insaisissable et passionnelle « , justifie-t-il. Articulé comme une » arme de séduction « , le rouge s’ouvre en un clic : une pression suffit pour révéler la couleur. Pour son édition limitée Wanted Stellars (5.), la marque a fait appel au savoir-faire de Baccarat, en particulier le » rougissage de l’or » autrement dit la fusion progressive de cristal clair et d’or pur qui peut donner lieu, selon sa durée et son intensité, à une couleur allant du rose au rouge rubis. L’éclat du cristal pourpre, véritable signature de la cristallerie, scintille sur les lèvres tandis que le métal précieux qui est à l’origine de cette couleur unique habille de ses reflets pailletés un gloss et un rouge à lèvres de fête. Des objets qui rappellent les Bouchons de Carafe, ces bagues XXL à l’extravagance haute couture du designer Elie Top.
De bijoux, il en est aussi question chez Guerlain pour qui le joaillier ingénieur Lorenz Bäumer a imaginé un lingot hybride, entre la minaudière et le poudrier, qui recèle pourtant le bâton du Rouge G (2.). Ora-Ïto (lire aussi en pages 44 à 48), qui avait déjà dessiné le flacon en forme de goutte d’or d’Idylle, le nouveau parfum féminin composé par Thierry Wasser, a également élaboré un tout nouveau cocon pour la Terracotta 4 Seasons (1.) profilée pour illuminer le teint toute l’année avec ses quatre nuances de poudre. Un joli galet dans lequel se reflète un double G précieusement gravé. Pour cette saison, en marge de l’ouverture de l’hôtel Thoumieux, repaire chic de la néo-bohème parisienne, dont elle a conçu le design, la créatrice India Mahdavi (lire ci-contre) a également dessiné l’Écrin 6 Couleurs du look automne-hiver de Guerlain. Lové dans une pochette de suédine noire, il dévoile ses reflets argentés et son moucharabieh ciselé dans le capot. » Le rapport sensuel est essentiel pour moi, insiste India Mahdavi. Il faut susciter l’envie de toucher. Même une faïence froide, pourvu qu’elle soit rouge, devient un feu à caresser. » La palette qui s’offre même le luxe de s’ouvrir à 205° se change en un tour de main en mini-coiffeuse nomade. La magie d’un design bien pensé.
Par Isabelle Willot
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