Il n’y a pas qu’au rayon des salaires que l’égalité homme-femme reste une utopie. Prenez le cadeau de fête des mères/pères, par exemple : à ma connaissance, (trop) rares sont les papas à avoir jamais reçu le jour J une jolie boîte, souvent en forme de coeur, customisée au Décopatch et remplie de  » bons pour « . Pour eux, pas de bonus bisou ni câlin au menu – un constat plutôt triste d’ailleurs, quand on y pense – et encore moins de carte joker  » ranger sa chambre  » ou  » vider le lave-vaisselle « , comme si seules les mamans devaient être dispensées – et encore, seulement quelques fois par an – de ces actions. C’est que les chiffres, hélas, ne changent pas. Un récent sondage réalisé sur le mode de vie des 15-24 ans confirme que, dès les prémices du passage à l’âge adulte, les filles consacrent chaque jour jusqu’à 44 minutes de plus que les garçons aux tâches ménagères (cuisine, nettoyage, lessive…), un temps que ces messieurs préfèrent passer à travailler à l’extérieur de la maison. L’écart, on s’en doute, ne fera que s’accentuer, surtout si le pli n’est pas pris dès l’enfance de donner un petit coup de main à l’occasion. La chercheuse américaine Marty Rossmann vient pourtant de démontrer les bienfaits des corvées en examinant pendant plus de dix ans l’influence que pouvait avoir la participation active des juniors dès l’âge de 3 ou 4 ans dans la vie du foyer. Publiées par le journal Le Monde, les conclusions de son étude prouvent que responsabiliser de la sorte les bambins aurait un impact déterminant sur leurs chances de réussite plus tard – davantage que l’éducation ou le QI -, définies par de meilleures capacités relationnelles, des résultats scolaires boostés et surtout l’acquisition rapide de l’indépendance financière. On ne peut que s’étonner, du coup, de la quasi-disparition de l’aide domestique dans les rituels quotidiens des sociétés occidentales, qui sont cependant les premières à brandir les vertus de l’autonomisation des plus jeunes. En oubliant peut-être que s’assumer, cela ne s’acquiert pas sans efforts et surtout pas sans faire d’erreurs. Que l’argument des parents qui voudrait que  » cela va plus vite si on le fait à leur place  » ne fonctionnera qu’à court terme et qu’ils risquent fort de s’en mordre les doigts. Le bonheur se cache aussi dans ces instants où les mômes osent fièrement mettre la main à la pâte. Garçons et filles ont donc tout à gagner à apprendre au plus tôt à sortir les poubelles et à faire une lessive. Et vice-versa, cela va de soi.

Isabelle Willot

 » Responsabiliser les bambins aurait un impact déterminant sur l’acquisition rapide de l’indépendance financière.  »

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