Avec érudition et drôlerie, Juliette Nothomb nous livre chaque semaine ses recettes, tours de main et réflexions culinaires. Tout un art, brodé à petits points avec un humour bien de famille…

Un cocktail à la cuiller

S’il est bien un drink bitterissime, c’est le Campari-pamplemousse. Profitons-en pour l’encanailler avec un entremets très doux mais aussi très riche, j’ai nommé la merveilleuse panna cotta.

Pour deux personnes, râpez 1 cuiller à café du zeste d’un pomélo ruby ou rose au-dessus d’une petite casserole, ajoutez 1 cuiller à soupe rase de sucre et 20 cl de crème (entière, hein !) ; portez à ébullition puis faites-y fondre hors du feu 2 g (1 feuille) de gélatine ramollie à l’eau froide puis bien essorée. Versez dans 2 petits ramequins et faites prendre au frais (environ 2 heures). Pelez le pomélo à vif et prélevez les quartiers sans la membrane, arrosez d’un schlouk de Campari, sucrez si vous le désirez (ou ajoutez un trait de sirop de pamplemousse) et répartissez dans 2 coupelles, réfrigérez. Démoulez les crèmes une fois prises sur les fruits enivrés. Onctueux mais aussi défrisant !

Attention, couleur trompeuse ! Du plus au moins sucré, c’est d’abord le vert (le  » sweetie « ), puis le blanc (devenu hélas rare, sans doute parce que moins séduisant du point de vue marketing), ensuite le rose et enfin le rouge ruby, carrément acide surtout s’il est bio ! Tenez-en compte pour vos recettes. Qu’est-ce qu’on dit ? (ouais ouais, on sait…)

Pomillo el Albedo

C’est quoi, ce délire ? Sont-ce les origines espagnoles qui sommeillent en tout Belge ex-colonisé par Don Persillos y Vigoramba et le duc d’Albe qui me poussent à vous asséner un titre hispanisant ? Ou alors, juste pour frimer ? Allons, cher lecteur, inutile de chercher midi à 14 heures, je veux juste vous parler d’un fruit qui nous est si familier : le pamplemousse, ou plutôt le pomélo (*). Et pour ce qui est du charabia pseudo-ibérique du titre, il s’agit seulement d’une amusante (pour être indulgente…) orthographe aperçue sur un écriteau, au marché, au-dessus d’une pile de pomélos. Et puis, il y a ce terme scientifique albédo qui a titillé mon attention à la lecture d’une pub pour le pamplemousse de Floride. Késaco ? Tout simplement la partie blanche du fruit, juste sous la peau – rien à voir avec la libido d’Alberto, donc.

Je vous sens déjà frémir d’ennui : celle-là, si elle la ramène avec le pomélo, c’est qu’elle va nous parler régime ;  » elle  » ne nous a pourtant pas habitués à ça… Rassurez-vous, Ô hédoniste : si a priori pomélo se conjugue avec diète comme Quick va avec Flupke, il y a aussi maintes façons de débaucher ce fruit si sage dans d’ébouriffantes recettes faisant fi de la vallée de larmes du comptage des calories ! Il suffit de lui appliquer toutes les préparations dites  » à l’orange  » ou  » au citron  » : crêpes Suzette (en remplaçant le Grand-Marnier par de la Crème de pamplemousse rose), sauce maltaise, canard, tarte meringuée, soufflé sucré. Son caractère acidulé tempère à merveille toute préparation riche en lipides, en sucre… ou les deux !

(*) Le  » vrai  » pamplemousse n’est pas comestible, juste bon pour jouer au bowling…

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