Londres, Paris, Milan, Tokyo, São Paulo, Hong Kong, Miami, Mexico City… D’ici la fin 2017, le concept de Spring Place, inauguré avec succès à Manhattan en septembre dernier, devrait essaimer tout autour du globe. Soit un espace de coworking abritant non seulement des plateaux rassemblant les bureaux – jusqu’ici rien de très original – mais également des studios photo, des salles consacrées au sport ou aux soirées, un restaurant et une conciergerie pour satisfaire les moindres exigences des privilégiés pouvant exercer leur job dans ce lieu ultraluxueux. Et s’y amuser, aussi. Car même loin de ces tours d’ivoire haut de gamme, les temps ont changé en ce qui concerne cette obligation de bosser, qui nous incombe (à peu près) à tous. Une réalité que les designers ont intégrée, proposant qui un toboggan dévalant les étages pour arriver plus vite à la réception, qui une cabine antibruit où s’isoler dans l’open space, qui une table modulable permettant de modifier sa position au cours de la journée, etc. Mais l’évolution va bien au-delà de la déco et de l’aménagement intérieur. Ainsi, le classique  » nine to five  » est de moins en moins le modèle unique. Que ce soit pour le télétravail, les horaires décalés ou la réduction des périodes de prestations, les études ont largement démontré qu’accorder une certaine liberté et faire confiance ne conduit pas nécessairement à un laisser-aller ni à une perte de productivité, que du contraire. L’exemple le plus parlant : celui de Stephan Aartsol, patron d’une entreprise américaine de vente de matériel nautique, qui a osé faire passer l’horaire de ses employés… à cinq heures par jour, sans diminution salariale. Bilan, après un an de ce régime révolutionnaire : aucun impact sur le rendement.

Mais alors, qu’est-ce qui fait qu’une équipe est parfaitement opérationnelle ? Pour répondre à cette question, Google a lancé l’ambitieux projet Aristote il y a plusieurs années déjà. Des experts ont analysé des milliers de facteurs relatifs aux groupes fonctionnant au mieux : parité hommes-femmes ou pas, tranches d’âge similaires ou très différentes, centres d’intérêt analogues ou complémentaires… Pourtant, aucune de ces données n’a permis d’établir un constat relevant. Creusant plus loin, les chercheurs se sont ensuite penchés sur les règles implicites de fonctionnement entre les salariés. Et il leur est immédiatement apparu que ce que les pros nomment la  » sécurité psychologique  » était la clé de l’efficacité. A savoir une certaine bienveillance et une écoute autorisant à se tromper sans être stigmatisé par son chef ou ses collègues. Une théorie enseignée dans les écoles de management depuis les années 80. Mais à l’heure de la course effrénée au seul profit, il n’est peut-être pas inutile de le rappeler.

DELPHINE KINDERMANS RÉDACTRICE EN CHEF

UNE CERTAINE BIENVEILLANCE ET UNE ÉCOUTE, LA CLÉ DE L’EFFICACITÉ.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content