3 juin 1968 : le roi du pop art s’écroule sous les balles, mais survit miraculeusement. C’est à ce moment que Brigitte Kernel le saisit… et imagine sa psychanalyse. Autant de sérigraphies d’une vie, entre démons et contradictions.

 » L’art aide à vivre.  » Et l’écriture ?

Oh oui ! Etrange, la vie se situe entre le voyage, l’euphorie, la déception, la survie et le bonheur d’aimer. L’art permet d’entrer dans une bulle protectrice. L’écriture y contribue, tout en sortant des choses de soi.

Petite, vous vouliez devenir…

Journaliste, suite à une visite au quotidien L’Est Républicain. Mes parents étaient de grands lecteurs, ça me faisait rêver, alors je me suis inscrite au journal du lycée.

Qu’aimez-vous à la radio ?

Ce que cet univers suscite avec les mots, les voix et la musique. Comment faire dire des choses aux écrivains qui donneront un autre relief à ce qu’ils écrivent ?

D’où est née l’envie de prendre la voix de Warhol ?

En discutant avec Amanda Sthers, dont la collection Miroir consiste à imaginer une personnalité chez un psy. L’histoire d’Andy Warhol (1928 – 1987) est liée à la pauvreté, la religion et l’homosexualité. Je suis partie à Pittsburg, où il a grandi dans une communauté soudée. Revenir sur ses traces donne un autre éclairage à son oeuvre.

Est-il votre  » double insoupçonné  » ?

On m’a souvent dit que je lui ressemble physiquement, mais il est mon miroir inversé. Andy Warhol est malheureux, alors que je suis heureuse d’assumer ma vie. Il incarne tout ce que je n’aimerais pas être. C’est terrible de souffrir autant.

Quel est son vrai visage ?

On croit qu’il baigne dans le luxe, la drogue et le rock, or il n’est que spectateur. Vivant chez sa mère – sa fée et sa sorcière – il cache sa religiosité et sa sexualité. J’ai été touchée par cet éternel petit garçon qui lutte contre l’amour et le désir. La seule chose qu’il donne à voir, c’est son travail… Warhol est le roi du pop art, qu’il n’a pas inventé. Sa révolution passe par son ouverture d’esprit. Tout est matière à créer, tant il voit la vie en art. Ses surfaces planes gomment ses taches, ses pensées et son ressenti. Il met des masques pour échapper à lui-même.

 » Mon look est mon art.  » Comment se perçoit-il ?

Andy se sent laid et chétif. Il cultive son image par le biais de la musculation à outrance et de la chirurgie esthétique. Son look est le prolongement de son oeuvre.

Les stars le fascinent, pourquoi ?

Il découpe leurs photos depuis qu’il est petit. Sa célébrité ne l’empêche pas d’être fasciné par Liz Taylor, Jackie Kennedy, Marlon Brando ou Elvis Presley. Il achète même les chaussures de Clark Gable.

S’il était une couleur…

Un mélange de gris et de lumière surexposés. Il m’attire par ses paradoxes. Alors qu’il s’expose, il ne dévoile jamais ses désirs. Andy est un grand amoureux, qui ne peut pas vivre ses amours. Il vit à la fois au paradis et en enfer.

Andy – Le héros d’un roman, par Brigitte Kernel, Plon, 181 pages.

KERENN ELKAÏM

 » … TOUCHÉE PAR CET ÉTERNEL PETIT GARÇON QUI LUTTE CONTRE L’AMOUR ET LE DÉSIR. « 

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