Acier rouillé, grands pans vitrés et pierre bleue du Hainaut donnent à cette villa, complètement ouverte sur la nature brabançonne, un air à la fois industriel et raffiné.

Cette imposante bâtisse, implantée à Overijse, dans le Brabant flamand, prend ses quartiers au beau milieu des arbres et à l’abri des regards, ce qui n’est pas pour déplaire à ses propriétaires qui apprécient cet isolement, propice à la création, et ce lien permanent avec la végétation environnante. Geert Buelens et Veerle Vanderlinden, tous deux architectes, ne conçoivent pas seulement des immeubles mais aussi des bijoux et des luminaires pour des marques renommées, telles que Kreon, Etap et Swarovski. Habillée d’acier, de verre et de pierre, la demeure qu’ils ont imaginée pour eux, il y a quelques années déjà, fait office d’ovni dans le paysage de cette province où les bicoques traditionnelles en brique, avec toit en pente, sont légion.

Cette construction parallélépipédique, à l’allure résolument contemporaine, est en partie le résultat de leurs pérégrinations.  » Nous avons travaillé pendant des années à l’étranger. A Paris, Hong Kong et Istanbul. Nous avons même vécu pendant cinq ans à Singapour, raconte Geert. Ces expériences ont indéniablement une influence sur notre façon de vivre aujourd’hui. Là-bas, le climat nous permettait de passer nos journées majoritairement à l’extérieur et le contact avec la nature nous plaisait beaucoup. A notre retour en Belgique, nous avions beaucoup de mal à rester  » enfermés « . Le choix d’ériger un bâtiment perméable au paysage et permettant d’être en harmonie avec lui s’est par conséquent imposé à nous.  » Grâce aux immenses baies vitrées et aux hautes portes de style industriel, la frontière entre intérieur et extérieur s’estompe au sein du logis. Le couple a opté pour des volumes épurés, une ossature en acier et des revêtements de finition simples.  » Nous apprécions les matériaux naturels et non traités et nous nous sommes basés sur les dimensions standards de ceux-ci afin d’éviter les pertes, souligne le propriétaire. La rouille qui s’est installée sur l’acier offre une vision vivante, s’adaptant à l’ambiance qui caractérise ce projet et que l’on pourrait qualifier de brutalisme poétique.  »

LÉGÈRETÉ STRUCTURELLE

Dialoguant avec les façades en verre et placage bois, mais également avec la structure métallique, la pierre bleue du Hainaut est omniprésente, que ce soit pour les sols intérieurs ou sur la terrasse. Tout comme l’acier corrodé, la beauté de ce matériau minéral est décuplée par son usure, qui lui confère un éclat profond.  » La patine du temps rend la pierre encore plus belle ; elle n’est pas figée, elle vit « , se réjouit la maîtresse des lieux. L’emploi d’une variété issue des carrières hennuyères était une évidence pour le duo de concepteurs.  » Il est important pour nous de privilégier des produits de notre pays, note Geert. Nous avons par ailleurs misé sur un calepinage aléatoire et non régulier, ce qui nous rapproche de la tradition du modernisme. On croise souvent ce genre de sols, où chaque dalle à une forme et une taille différente, dans les habitations belges des années 50 et 60, qui ont à nouveau beaucoup de succès maintenant.  » La teinte de la pierre bleue s’harmonise également à merveille avec l’acier.

Les habitants apprécient les techniques industrielles de construction et admirent l’oeuvre du créateur français Jean Prouvé, qui privilégiait le métal pour l’élaboration de ses bâtiments et de son mobilier. Les chaises entourant la table de leur salle à manger ont d’ailleurs été dessinées par ce dernier. Pour leur home sweet home, Geert et Veerle ont étroitement collaboré avec le bureau d’ingénierie bruxellois de Laurent Ney, réputé pour ses projets de grande envergure de ponts et d’autres édifices complexes. Celui-ci a partiellement reçu carte blanche pour cette réalisation privée et a remplacé les habituelles poutres par une lourde plaque d’acier assemblée sur chantier par boulonnage. Un procédé qui rend l’ossature plus légère, et dès lors très élégante. Il est à noter que la maison est également équipée d’un système de domotique performant.

Côté organisation, les architectes ont mis au point un plan d’aménagement très rationnel, qui exploite la pente du terrain. Le bâtiment est accessible depuis la rue via une passerelle qui donne accès à l’étage supérieur, celui des chambres. Un escalier mène, en contre-bas, à un vaste espace de vie comprenant une cuisine non cloisonnée et prolongé par une grande terrasse sous laquelle se trouve leur studio de création. A l’étage, la rambarde de la coursive conduisant aux chambres est formée par une rangée de vieilles armoires de bureau. Un détail ludique qui contraste avec la géométrie très orthogonale de ce projet atypique.

PAR PIET SWIMBERGHE / PHOTOS : JAN VERLINDE

 » Il est important pour nous de privilégier des produits de notre pays.  »

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