Sur un fil ténu tendu entre la réalité et la fiction, Camille Laurens nous livre une romance survoltée. Une femme écrivain tombe amoureuse de son sujet : un paparazzi qui se définit comme un  » homme sans gravité « .

Enfant, que souhaitiez-vous devenir ?

Je ne pensais pas devenir écrivain. Même si j’aimais écrire, je ne l’envisageais pas comme un métier. A priori, je me voyais en institutrice, infirmière ou encore coiffeuse. La danse est venue plus tard.

A quoi rêviez-vous ?

Je rêvais d’être libre, surtout libre de m’exprimer. L’écriture me libère d’une parole, de choses inconscientes et enfouies. Lire constitue une passion. C’est un moyen de laisser parler ce qui est en soi.

Votre rêve actuel ?

Aller au bout de la quête infinie, à savoir le livre ultime à écrire. Je tente, de plus en plus, de me rapprocher de cet idéal inaccessible.

Le mot qui vous définit le mieux ?

La justesse. Musicalement, cela rappelle la justice. Pour moi, c’est de l’ordre de la vérité des êtres et de ce que l’on vit. Cela m’obsède.

Le mot que vous aimez ?

Le vertige. Depuis mon premier roman, je travaille sur la valse des repères perdus, celle qui risque de nous faire perdre l’équilibre. J’aime susciter ce vertige, jouer la confusion entre le vrai et le faux des sentiments.

Celui que vous n’aimez pas ?

On m’a fait détester le mot  » autofiction « . Il désigne un moment important de la littérature française, mais il est si dévoyé, qu’on a besoin de se justifier. On confond le déballage et les blogs avec la littérature.

Peut-on mentir pour la bonne cause ?

Oui, cela fait partie du jeu. J’adore ça car le langage le permet. Il a été donné à l’homme pour dire ou déguiser la vérité. Le roman est un mensonge qui dit la vérité.

Aimez-vous être le nombril du monde ?

Chacun l’est, puisqu’il porte en lui le questionnement de toutes les humanités.

Qu’y a-t-il de plus borderline en vous ?

Une capacité à passer du côté de la mélancolie et de la perte. D’un coup, on bascule dans le rien et on perd le sens de la vie. Je n’ai pas envie de mourir, mais je peux aller très loin dans l’abîme, le deuil et la nuit noire.

Quelles sont vos défenses ?

L’humour et l’ironie, qui permettent de garder une distance et de se voir autrement, même dans le tragique. Ce recul m’aide à l’alléger. On peut rire de choses qui font souffrir.

Être soi, c’està

Une fatalité. On est si souvent quelqu’un d’autre, qu’on évolue dans une sorte de fiction. Le bonheur, c’est de se sentir vivant et d’avoir le sentiment d’être au monde.

Le plus beau compliment ?

Que l’un de mes livres a changé la vie ou la manière de voir les choses de quelqu’un. Parvenir à toucher un être en profondeur est merveilleux.

Romance nerveuse, par Camille Laurens, Gallimard, 223 pages.

KERENN ELKAÏM

« On peut rire de choses qui font souffrir. »

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