Dix ans de mode, cela se fête ! Pour l’occasion, Weekend a donné carte blanche au duo de créateurs A.F. Vandevorst. L’idée ? Leur proposer un espace d’expression, deux doubles pages vierges où ils dévoileraient librement leur univers. Cela donne ceci : une croix emblématique avec le portrait en noir et blanc de l’artiste allemand Joseph Beuys, une lettre de An à Filip, une radiographie de pied glissé dans l’une de leur chaussure Fetish et un monde hospitalier fait de nurses et d’uniformes amidonnés. Happy birthday !

Filip, 09 – 07 – 2008

A 12 ans, tu aimais déjà les vêtements, Paris, les catwalks, les pantalons pattes d’ef. Tu habitais tout près d’une église. Tu travaillais dans la pâtisserie de ton père. Quand il y avait un mariage ou une messe avec de belles toilettes, tu pouvais enlever ton tablier et aller les regarderà Moi, je ne savais même pas qu’une école comme l’Académie royale d’Anvers existait. On s’est rencontré en 1987. Tu dis :  » On est tombé ensemble à l’Académie « , ce n’est pas une faute de langage. J’aimais l’artiste Joseph Beuys, l’univers des hôpitaux

d’avant-guerre, les meubles et les instruments qui vont avec.

Tu collectionnais comme moi ce mobilier-là. Tu étais la folie, moi, le contraire.

Plus tard, tu travaillais alors comme designer free-lance et moi comme première assistante de Dries Van Noten, j’ai épinglé dans notre salle de bains une feuille de papier sur laquelle j’avais écrit  » Hiver 1998 « . C’était en 1996, ça nous semblait presque évident de créer no-tre collection ensemble. Il lui fallait juste un nom qui ait une âme – les deux nôtres imbriqués.

Il y a dix ans, tu t’en souviens, on rêvait de toucher le monde entier avec nos vêtements et nos idéesà

J’ai passé en revue nos 20 collections précédentes, j’ai découvert, étonnée, que dans cha-cune d’entre elles, je retrouvais des éléments clés – cette dualité qui se traduit dans les tissus, dans le jeu masculin-féminin, dans la couleur et la non-couleur, la soie et la laine ou le cuir et le coton si pur. C’est brut et doux en même temps. Tu prétends qu’une collection réussie, c’est celle qui est au plus près de ce que l’on a voulu dire. Tu sais qu’à 100%, c’est impossible et qu’il faut être un peu frustré pour mieux rebondir. Souvent, tu soupires :  » Si on avait eu un peu plus de temps, un peu plus de moyens,

un peu plus de collaborateurs. « 

Chaque saison est un nouveau départ. C’est cela qui est gai et que je déteste en même temps. Parfois, je me sens courir après moi-même, parfois, je ne sais plus où est la gauche ou la droite, demain ou hier. Mais j’aime cette sensation que cela va vite, que cela change, que tu ne peux jamais travailler jusqu’à ce que ce soit mort, jamais, tu n’as pas le temps, que chaque idée reste fraîche.

Souvent, ma mère me demande si l’idée est de toi ou de moi. Je ne sais plus, cela n’a aucune importance. Cela vient de nous. Tu parles de même longueur d’onde, de se mettre à nu l’un

devant l’autre, tu as raison. Nous avons encore de l’inspiration pour des milliers d’autres collections.

An

Let’s take a look back

1991 : An Vandevorst et Filip Arickx sont diplômés de l’Académie royale d’Anvers.

1998 : A.F. Vandevorst présente sa première collection à Paris. Les deux jeunes stylistes gagnent le  » Vénus de la mode  » pour  » Futur grand créateur « .

2001 : leur travail est exposé au Metropolitan Museum à New York. Anna Wintour (Vogue)

les choisit pour figurer dans la liste des  » 10 Créateurs du nouveau millénaire « .

2002 : A.F. Vandevorst signe les costumes pour l’opéra Vèc Makropoulos (L’Affaire Makropoulos)

de Leos Janacek, à Amsterdam.

2003 : lancement de Fetish, la collection de chaussures pour femme.

2005 : curateurs de l’exposition Katharina Prospekt, au MoMu d’Anvers.

2006 : A.F. Vandevorst lance Nightfall, sa collection de lingerie et complète sa collection

Fetish avec une ligne pour homme.

2008 : A.F. Vandevorst fête ses dix ans.