CARTES (POSTALES) D’IDENTITÉ

© ARNAUD LAJEUNIE

A la tête du label parisien qui séduit Kanye West et Rihanna, le Belge rend hommage à sa ville natale et à ceux qu’il aime avec un shooting réalisé à Bruges, où il met en scène le printemps-été de Y/Project. Les primitifs flamands veillent sur lui.

Avec ses propositions élégantes mais jusqu’au- boutistes qu’il signe pour le label parisien Y/Project, Glenn Martens fait consciemment référence à sa ville natale, Bruges ; ses silhouettes élancées font penser aux cathédrales qui s’étirent dans la lumière des ciels du Nord que les primitifs flamands enchâssèrent à leur manière, admirable. Pour son printemps-été 2017, il affiche son ascendance terrienne, intellectuelle, inspirationnelle : il photographie sa collection intra-muros, uniquement sur ceux qu’ils aiment, ses grands-parents, son neveu, sa nièce, ses amies, son mentor Bruno Pieters. Car le créateur n’a jamais oublié d’où il venait – une famille de militaires, stricte mais aimante, qui lui donna des racines et des ailes, un cursus à l’Académie royale des beaux-arts d’Anvers après avoir d’abord étudié le design d’intérieur à Gand, des premiers pas à Paris, chez Jean Paul Gaultier puis aux côtés de Bruno Pieters, alors directeur artistique de Hugo Boss. Glenn Martens est un fidèle, la famille, les  » potes « , cela a du sens. Derrière l’appareil photo de cette séance grandeur nature, on trouve donc Arnaud Lajeunie, avec qui il travaille depuis ses débuts, en 2011 :  » Il sortait de l’école quand j’ai lancé ma marque, j’étais son premier client, on a grandi ensemble.  » Même chose pour Ursina Gysi, styliste stylée et meilleure amie de sa coloc parisienne –  » On se comprend, j’ai une confiance aveugle en eux.  » Le talent de l’un imbriqué dans celui de l’autre pousse le curseur vers l’intensité, ainsi ces images très peu retouchées mais trempées dans un bain durant toute une nuit pour qu’insensiblement les couleurs se mélangent et qu’ensuite scannées, elles livrent un sentiment de singulière féerie. A l’image des vêtements de Y/Project qui portent désormais pleinement la patte de Glenn Martens. Car, quand il entre dans la maison, à l’automne 2013, elle est en deuil de son fondateur, Yohan Serfaty. Au Belge d’entamer une  » transition soft « , ce n’est pas simple,  » émotionnellement intense « , mais Glenn est solide et il voit où aller, avec beaucoup d’intuition. En quatre saisons, il assoit la marque, quitte l’univers originel cuir plutôt dark et l’emmène vers un cosmopolitisme  » plus léger « . Depuis, on a vu Kanye West et Rihanna en Y/Project, les points de vente se multiplier, 120 aujourd’hui, d’Opening Ceremony à Weekday ou Harvey Nichols. De son côté, le groupe de luxe de Bernard Arnault a sélectionné le jeune homme parmi les huit finalistes de son LVMH Prize 2016. Ses vêtements évolutifs, ajustables, sans genre prédéfini ont cette élégance qui, vue de près, entre dans une autre dimension. Un sweat, un pantalon baggy, un bomber avec lien ou boutons de manchette peut se porter chacun(e) à sa façon, avec une versatilité ultracontemporaine. Ses drapés sensuels, ses coupes géométriques, son velours adoré et ses couleurs poussées à l’extrême parlent de liberté, d' » être soi-même « . Portfolio d’une séance photo dans Bruges-la-pas-si morte que ça. Avec, en guise de légende, un prénom, un nom, l’adresse exacte de la prise de vue et les explications-émotions de Glenn Martens.

PAR ANNE-FRANÇOISE MOYSON

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content