Lauréate du césar du meilleur jeune espoir féminin pour son rôle dans  » L’Auberge espagnole « , la belle et belge Cécile de France a accepté de jouer au mannequin d’un jour pour Weekend. Et de se confier en toute simplicité. Action !

Le 22 février dernier, le nom de Cécile de France éclatait enfin au grand jour. Une fois de plus, la Belgique se découvrait un nouveau talent prometteur dans le ciel du septième art international, déjà illuminé entres autres des noms de Marie Gillain, Emilie Dequenne, Natacha Regnier, Benoît Poelvoorde et Olivier Gourmet. Quelques semaines avant la 28e cérémonie des césars, le célèbre magazine  » Studio  » classait déjà le nom de Cécile de France parmi les cent personnalités qui avaient  » fait  » l’année 2002. La comédienne namuroise était en effet à l’affiche de trois films sortis coup sur coup l’été dernier :  » Irène  » de Ivan Calbérac,  » A + Polux  » de Luc Pagès et surtout  » L’Auberge espagnole  » de Cédric Klapisch qui lui a valu, précisément, le césar du meilleur jeune espoir féminin.

A 27 ans, Cécile de France est donc, forcément, promise à un bel avenir. L’été 2003 fera déjà parler d’elle avec deux autres films très attendus :  » Kaena « , premier long-métrage français entièrement réalisé en images de synthèse où Cécile prête sa voix au personnage principal, et surtout  » Haute tension  » d’Alexandre Aja, un thriller produit par Luc Besson où la jeune femme incarne un rôle très physique. D’autres tournages importants sont également programmés parmi lesquels  » Résistantes « , le nouveau film d’Eric Rochant, où Cécile rejoindra un casting de prestige : Kristin Scott Thomas, Virginie Ledoyen et Marie Gillain.

Bref, la machine est lancée et même si l’agenda de la comédienne est d’ores et déjà bien rempli, Cécile de France a accepté de revenir au pays et d’endosser le rôle d’ambassadrice de la mode belge pour l’été 2003, en exclusivité pour Weekend Le Vif/L’Express ( voir pages 102 à 107).

Weekend Le Vif/L’Express : Quelle impression gardez-vous de cette séance de photos de mode pour notre magazine ?

Cécile de France : Je trouve ça vachement audacieux. C’est carrément du jamais-vu ! Donc, je suis contente. J’ai déjà posé pour des photos artistiques mais là, c’est la toute première fois que je pose pour des photos de mode. Et ça me plaît !

Vous avez toutefois accepté notre proposition à la condition de porter uniquement des vêtements de jeunes créateurs belges !

Effectivement, je ne l’aurais pas fait si le but avait été de porter des grandes marques internationales. Je ne suis pas mannequin, mais je veux bien me prêter au jeu d’une séance de photos de mode pour montrer qu’il existe des jeunes artistes belges qui font des choses intéressantes. Moi, je revendique ma belgitude. Donc, j’encourage à ce que l’on reconnaisse les jeunes talents belges et d’ailleurs, j’aimerais bien collaborer davantage avec eux dans le futur. En général, c’est Giorgio Armani qui me prête gracieusement de superbes tenues pour les grands événements ( NDLR : Cécile de France portait d’ailleurs une robe du célèbre couturier italien lors de la dernière cérémonie des césars). C’est une marque très chic, très classe, qui me va très bien d’ailleurs mais qui n’a pas vraiment besoin de publicité. Alors quand je vois les vêtements de ces jeunes créateurs qui ne sont pas très connus, je me dis que ce serait bien de porter leurs tenues à l’avenir. C’est plus délirant, plus drôle, plus jeune aussi. Cela me correspond mieux…

Etes-vous férue de mode au quotidien ?

Non, pas du tout. En général, je m’habille le plus  » confort  » possible. J’aime bien les matières douces, un peu  » nounours « … Tout ce qui est agréable, en fait ! Là, vous voyez, je suis venue en salopette et en baskets, donc ça vous donne une idée du personnage ! A vrai dire, je ne suis pas du tout shopping, mais, aujourd’hui, je suis bien obligée de faire un peu plus attention à mon image. J’essaie surtout de faire un effort pour les grandes occasions et d’honorer ces moments en faisant preuve d’élégance, ce qui n’est pas du tout mon fort ! Mais bon, c’est comme un jeu…

Comment vous est venue la passion de la comédie ? Etait-elle innée ou l’avez-vous acquise progressivement ?

Je pense que tout le monde l’a un peu au fond de soi. Moi, je l’ai développée. Toutes les petites filles aiment se déguiser en Madame. D’ailleurs, quand j’étais petite, j’avais une grande malle avec plein de chapeaux et de déguisements à l’intérieur. C’était juste le plaisir de changer de peau…

Mais de là à en faire un métier…

Effectivement, je ne savais pas que j’allais en faire mon métier. D’ailleurs, je n’y pensais pas. Ce n’était pas une question primordiale. Cette idée s’est développée au fur et à mesure. Toute petite, je faisais beaucoup de théâtre amateur. J’avais des rôles assez importants et, en général, cela se passait vraiment bien. Donc, mes parents se sont rendu compte que c’était vraiment mon truc et que je ne suivais pas cette voie-là par hasard, sans savoir vraiment ce que je voulais. C’est Jean-Michel Frère, un metteur en scène namurois qui était mon professeur aux S£urs Sainte-Marie à Namur, qui m’a notamment encouragée à partir à Paris, ne fût-ce que pour essayer, alors que moi, je pensais faire le Conservatoire de Liège ou de Bruxelles. Mais ça a marché, alors je suis restée là-bas !

Aujourd’hui, on a le sentiment qu’il est plutôt bien vu d’être belge à Paris, que l’on soit créateur de mode ou comédienne. La nationalité belge serait-elle devenue un nouveau  » label de qualité  » ?

Je sens effectivement que c’est assez tendance, en France, d’être belge. Quand je dis que je suis belge, les gens répondent généralement :  » Ah, ouais ? C’est génial !  » Donc, c’est plutôt bien vu, mais j’ai l’impression que cela a toujours été bien vu. Le complexe d’infériorité des Belges n’est absolument pas justifié. Les Français adorent les Belges et l’esprit belge. Les chorégraphes belges, la mode belge, les acteurs belges…

Mais pour vous, tout n’a pas été rose pour autant ! Se retrouver seule à Paris, à 17 ans, ne doit pas être évident…

Oui, j’ai bien galéré ! Je venais de finir ma rhéto et je quittais la Belgique. Donc, effectivement, j’ai dû apprendre à couper le cordon ombilical et à avoir confiance en moi. Cela a été assez dur au début, même si j’étais très motivée. Aujourd’hui, avec le recul, je me dis :  » Bravo ! « , parce que ce n’était pas évident. J’ai craqué une seule fois et j’ai même failli tout arrêter. En fait, je n’étais pas dans mon élément. J’étais jeune fille au pair dans le XVIe arrondissement, un quartier très chic, alors que je venais de Namur où mes parents tenaient un café place du Marché-aux-Légumes. Donc, c’était vraiment deux univers très opposés. Mais je pense surtout que j’étais encore très attachée à ma famille, à mes amis et à la Belgique. Je l’ai toujours été et je le suis encore. Et pour moi, c’est précieux parce que j’aime vraiment la mentalité belge.

Mais, aujourd’hui, Paris est devenue votre ville…

Non, ce n’est pas ma ville ! C’est mon bureau, même si j’y suis depuis dix ans. Franchement, je vois Paris comme mon lieu de travail et d’ailleurs, je suis sûre que je ne vais pas y finir ma vie ! Je pense que je vais plutôt la finir à la campagne, mais, pour le moment, je dois être à Paris. J’y ai rencontré tellement de gens, j’y ai passé tellement de castings, il y a tellement de choses qui s’y passent… Donc, ce serait vraiment bête de ne pas y être, même si  » Paris ville  » me gêne un peu. Et puis, j’ai un amoureux qui est français. J’ai aussi des amis là-bas. Bref, je m’y suis fait une place et on m’accepte bien. Donc, ça joue…

La France reste-t-elle forcément le passage obligé pour un artiste belge qui veut réussir ?

Non, mais, en tout cas, on y a un vrai statut. Je pense que si j’étais restée ici, en Belgique, je serais quand même devenue comédienne et j’aurais eu du boulot, à la seule différence que j’aurais certainement fait davantage de théâtre. En vérité, le cinéma m’est un peu tombé dessus par hasard. Cela a été comme un coup de baguette magique ! Aujourd’hui, ma place est à Paris, mais je tiens à dire que je reviens régulièrement en Belgique pour voir ma famille et mes amis. Bizarrement, je considère que je n’ai pas quitté la Belgique. Je revendique toujours ma nationalité belge et j’espère de tout c£ur faire un jour des films en Belgique.

Aujourd’hui, que vous manque-t-il pour être pleinement heureuse ?

Je ne peux pas rêver mieux ! Bon, j’ai quand même des rêves d’enfant : des films de cape et d’épée, des films d’aventures, un film sur un bateau… Par exemple, je rêve de faire un film de pirates ! Cela dit, j’ai déjà réalisé deux de mes rêves de comédienne : un film d’horreur,  » Haute tension « , qui sortira au mois de juillet et un doublage de dessin animé,  » Kaena « , qui sortira un mois plus tôt. Pour le moment, on me propose des rôles assez physiques, mais j’aime bien varier. J’ai encore plein de rêves à réaliser. C’est plutôt plein d’espoir. En revanche, sur le plan personnel, j’aimerais voir un peu plus ma famille et mes amis…

L’envie de fonder votre propre famille vous taraude-t-elle ? Est-elle conciliable, finalement, avec une carrière en pleine expansion ?

J’en rêve, mais je me sens encore un peu jeune. Je ne pense pas que cela soit nécessairement inconciliable avec le métier de comédienne, mais il y a effectivement un danger : me connaissant, j’aurais peut-être tendance à trop m’occuper de mes enfants et donc à lâcher un peu mon métier. Cela dit, si je sens que le moment est venu de faire un enfant, je le ferai. Mais moi, je fonctionne toujours à l’instinct, et là je sens que, instinctivement, je dois encore attendre un petit peu. Et puis, je ne parle jamais en termes de carrière, mais en termes de plaisir. Quand on me propose un film, je ne me dis pas :  » Ah oui, ça, c’est bien pour ma cote !  » Je me dis plutôt :  » Ah, quel chouette rôle ! Je vais enfin pouvoir faire ça, ça et ça !  » Des choses que je ne peux pas faire dans la vie, quoi ! C’est vraiment très excitant. Donc, pour le moment, j’ai cette chance, alors j’en profite.

Il y a tout de même quelques ombres au tableau, non ?

Oui, évidemment, il y a des déceptions. Le côté argent, l’aspect commercial, les chiffres, le nombre d’entrées… Par exemple, j’ai fait un film très beau qui s’appelle  » A + Pollux « , qui est sorti en France l’été dernier et qui n’a malheureusement pas eu assez de spectateurs durant la première semaine. Il s’agissait d’une petite maison de distribution et donc, il n’ y a pas eu beaucoup de publicité à son sujet, malgré la présence de Gad Elmaleh à mes côtés. On ne lui a pas laissé le temps de vivre et là, j’ai vraiment été dégoûtée parce qu’il s’agit d’un très beau film. Pis,  » A + Pollux  » n’est même pas sorti en Belgique, tout comme  » Irène  » d’ailleurs ! J’en profite donc pour demander aux distributeurs belges d’acheter ces deux films ! Je suis sûr qu’ils marcheraient en Belgique.

Avec le recul, quel est votre principal trait de caractère qui, selon vous, vous a aidé à réussir ?

L’enthousiasme. La confiance aussi parce que je me donne toujours entièrement dans un projet. Personnellement, je fais toujours confiance au metteur en scène, au théâtre comme au cinéma. Je lui donne la main et je me laisse aller parce que j’estime que cette personne a beaucoup réfléchi sur son projet et qu’il en sait donc forcément plus que moi. Ce qui n’empêche pas l’échange de propositions, dans la joie et le plaisir…

Propos recueillis par Frédéric Brébant

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