Pour la présentation de sa collection  » Paris-Londres  » dédiée aux métiers d’art, Chanel a traversé le Channel en grande pompe. En commençant par rehausser les black cabs de son célèbre logo au double C. Récit exclusif d’une parenthèse enchantée dans la capitale britannique.

Leur savoir-faire est un don des dieux… Le parurier Desrues, le plumassier Lemarié, le brodeur Lesage, le bottier Massaro, le modiste Michel, l’orfèvre Goossens, le parurier floral Guillet, tous dans la galaxie Chanel, ont l’occasion, une fois par an, hors du calendrier officiel des défilés, de démontrer leur maestria au sein d’une prestigieuse collection dédiée aux métiers d’art. Le 6 décembre dernier, c’est à Londres, que le starissime directeur artistique de la griffe française avait convié à l’événement journalistes, top-modèles et VIP, personnalités du monde de la musique et du cinéma franco-britannique.

Pour son défilé annuel dédié aux métiers d’art, Chanel a pris le parti de faire voyager les spécialistes de la mode aux quatre coins du monde : Paris en 2002 et 2003, Tokyo en 2004, New York en 2005, Monaco en 2006… et Londres en 2007. Le choix de la capitale britannique n’était pas un hasard, Gabrielle Chanel ayant eu, au début du siècle dernier, quelques accointances avec des gentlemen anglais, Arthur Capel dit  » Boy  » et le duc de Westminster. On prétend même que dans les années 1930, Westminster aurait affiché le logo au double C sur les lampadaires de Londres pour prouver son amour à Mademoiselle et la retenir plus longtemps à Londres ! Explication plus prosaïque : il est tout aussi probable que ce fameux double C corresponde tout simplement aux initiales du City Council de Londres. Quoi qu’il en soit, Karl Lagerfeld a fait honneur à cette désinvolture et à ce style des aristocrates anglais chers à Coco Chanel en imaginant une collection à la fois couture et très moderne. La mise en beauté – un maquillage composé d’un trait d’eye-liner très sixties et d’un chignon relevé en coque – était directement inspirée de l’icône musicale britannique Amy Winehouse. Un brin déjanté mais chic, bref à l’anglaise.

Glam rock

De la gare de King’s Cross – Saint Pancras, les invités, parmi lesquels Weekend, ont été conduits en black cab, les célèbres taxis londoniens, rehaussés pour l’occasion du double C, à l’hôtel Sanderson, situé en plein c£ur de Soho. A l’arrière du cab est diffusée en continu une vidéo made in Chanel où le célèbre logo envahit les rues de Londres, et, par un habile montage, s’invite même au c£ur de la relève de la garde… Le message subliminal est parfait. On est sous le charme.

La soirée s’est déroulée au Nobu, un des restaurants les plus en vue de la capitale britannique. Dans cette foule people, on reconnaissait, entre autres, la ravissante et lumineuse jeune actrice Emma Watson ainsi que Charlotte Casiraghi. Toutes deux avaient interprété à leur façon le dress code  » casual chic  » de rigueur ce soir-là avec des vêtements griffés Chanel. Mieux, Charlotte Casiraghi, en parfaite fashion victim, avait osé le petit short avec le top.

C’est le genre de happening où, en plein milieu d’une conversation, votre interlocuteur vous lâche,  » excusez-moi, je vais dire bonjour à Claudia  » (sous-entendu Schiffer, la nouvelle égérie de la campagne de pub Chanel pour le prêt-à-porter été 2008). Au rendez-vous, il y avait aussi Tom Ford et Kate Moss, dont on distinguait à peine la nouvelle frange tant la foule VIP était dense. Le dîner ? Servi au premier étage, il était raffiné et décontracté.

Le défilé, lui, a eu lieu le lendemain chez Phillips de Pury & Co, dans le quartier de Victoria. Le talent des artisans d’art s’exprimait cette fois à travers une collection présentant des broderies exceptionnelles (au total, les brodeurs de la maison Lesage ont travaillé plus de 2 045 heures) et des vêtements bijoux ornés de plastrons dorés à l’or fin… Au premier étage de l’immeuble, Karl Lagerfeld avait exposé ses photos du château et du parc de Versailles, une série titrée non sans humour  » Another Royal Residence « . Des clichés en noir et blanc qui jouent brillamment sur les effets de perspective prouvent encore une fois le talent protéiforme de l’homme au catogan.

Pour cette collection baptisée  » Paris-Londres « , qui sera disponible dans les boutiques Chanel, entre mai et juin prochain, la palette chromatique est restreinte : elle joue essentiellement sur fond noir et gris. La couleur n’apparaît que par petites touches de rose parme ou de lie-de-vin, notamment sur les collants. Le cuir, quant à lui, se décline sur des manteaux ou sur des jupes longues associées de manière très moderne à des marinières. Les jupes courtes se gonflent tandis que la maille se pique de camélias (chaque camélia a demandé pas moins d’une heure de travail).

L’allure est glam rock avec des leggings noirs opaques portés comme des pantalons (une tendance aperçue dans les rues de Londres et qui ne devrait pas tarder à essaimer…) et une veste en tweed. A épingler aussi ? Les mains se couvrent de mitaines en dentelle. Les bijoux baroques s’arborent en couronne dans les cheveux. Les bottillons, autre grand must-have de la saison, sont ornés de bijoux et leurs talons prennent la forme d’ampoules. Les broderies de Zip et strass posés sur les chaussures ont demandé 20 heures de travail à la maison Lesage. On craque aussi pour le sac 2.55 habillé du british flag et qui s’annonce comme un must-buy absolu.

Pour couronner cet opus à la fois ultraraffiné et hyperbranché, c’est Irina Lazareanu, la top chouchou de Chanel, qui assurait la bande-son en live. Dans une robe de soirée accessoirisée de bottillons un brin grunge, la nouvelle incarnation de l’allure so Chanel, semblait un peu nerveuse. La belle Canadienne s’est livrée à un mini-concert en offrant au public les chansons qu’elle a elle-même composées avec Sean Lennon (il l’accompagnait à la guitare) : Dark Blues, By the Sea, The Fountain, Interlude et Strange Places.

La nuit s’est poursuivie au Bungalow 8, la boîte branchée de Covent Garden. Un endroit très prisé des people où, quelques mois auparavant, en pleine fashion week londonienne, Matthew Williamson avait organisé la soirée des 10 ans de sa griffe. Mannequins, personnalités des médias, attachés de presse de chez Chanel, tous se pressaient dans ce minuscule endroit qui distille du bon son soul. So chic.

Agnès Trémoulet

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