Vous rêvez de fabriquer votre propre vin mais vous n’avez pas les moyens de vous offrir un domaine bordelais ? Devenez cybervigneron ! C’est facile, pas trop cher et ça peut booster l’ego.

Quel est le point commun entre Gérard Depardieu, Francis Ford Coppola, Johnny Hallyday, Luc Besson, Pierre Richard, Francis Cabrel, Jean-Louis Trintignant et Charlotte de Turckheim ? Ils sont tous célèbres. Mais encore ? Ces grands noms du show-biz sont également viticulteurs, bravo ! Et le vin  » pipole « , c’est tendance. Essayez, pour voir. Chez vous, lors du prochain dîner entre amis, sortez un Château Bel Evêque 2004 (Corbières) de Pierre Richard (vendu 9,65 euros en Belgique sur www.winepartner.be) ou un rouge d’Anjou siglé Gérard Depardieu (plus précisément le Château de Tigné  » Les Landes  » 2001 disponible au prix de 13 euros chez www.robfinefood.be). Vous verrez, les yeux s’écarquilleront et la conversation s’emballera rapidement.

Tout sera décortiqué : le goût de ce breuvage  » star « , la passion (feinte ou réelle ?) de ces célébrités pour le terroir vinicole, les dérives marketing de l’étiquette gadget (cliquez sur www.celebritycellars.com pour déguster le comble de l’exploitation commerciale !) et, enfin, cette chance incroyable qu’ont les people fortunés de pouvoir fabriquer leur propre vin. Car, évidemment, cette opportunité-là n’est pas à la portée de Monsieur Tout-le-monde. C’est-à-dire vous. Erreur ! Aujourd’hui, n’importe qui peut s’improviser viticulteur. Ou, plus exactement, cyberviticulteur. Sceptique ? Un petit tour à l’adresse www.crushpadwine.com s’impose.

Sur ce site californien, les internautes du monde entier peuvent en effet créer leur vin en restant tranquillement à la maison, devant l’écran de leur ordinateur. Du choix du cépage au design de l’étiquette, en passant par le mode de pressurage, la température de fermentation et la durée de vieillissement, tout – absolument tout – est décidé et surveillé par le client. Grâce à une liste de 30 questions essentielles sur le processus de fabrication du vin et, surtout, un réseau de webcams qui permettent à chacun de surveiller en permanence l’évolution de son cru, l’apprenti viticulteur pourra en effet suivre, jour après jour, la croissance de son  » bébé « .

Originale, cette idée de faire son vin à la carte, par procuration informatique, est née dans la tête d’un certain Michael Brill, ingénieur technique, passionné de vin et lui-même tenté jadis par l’aventure vinicole. En 2004, il quitte son train-train quotidien, convainc des financiers, achète un entrepôt au c£ur de San Francisco, signe des accords de livraison de raisin de qualité avec des vignerons californiens et lance enfin Crushpad, la première coopérative vinicole en ville ! Le buzz est lancé et les clients affluent, séduits par cette idée de pouvoir élaborer leur propre breuvage à distance sans devoir investir dans du matériel coûteux.

Surfant allègrement sur la tendance nombriliste du  » c’est moi qui l’ai fait « , les membres de www.crushpadwine.com peuvent donc aujourd’hui exposer et déguster fièrement leur propre nectar à un prix correct (comptez en moyenne 3 000 euros pour 300 bouteilles de bon vin personnalisé), avec l’immense plaisir de se sentir constamment impliqué, via les webcams, dans le processus de fabrication. Même s’ils ne connaissent rien aux subtilités des grands crus ! Car le site met évidemment des £nologues et une immense banque de données sur le vin à leur disposition, ainsi que des podcasts envoyés par les membres de cette nouvelle communauté vinicole. Bref, on fabrique, on compare, on témoigne, on discute et, pourquoi pas ?, on s’échange même des bouteilles pour tisser des liens plus réels que virtuels.

Inédit, le concept du cybervigneron atterrira probablement en Europe dans les mois à venir. D’une part, parce que la France, l’Italie et l’Espagne restent les trois premiers pays producteurs de vin. D’autre part, parce que les frais d’expédition des bouteilles seront moins élevés pour les clients du Vieux Continent intéressés par cette formule audacieuse. Et puis, parce que chacun rêve, tout simplement, de posséder enfin son vin perso, unique au monde, comme Johnny, Gérard et les autres.

Retrouvez Frédéric Brébant,

chaque lundi matin, vers 9 h 45, dans l’émission  » Bonjour quand même  » de Jean-Pierre Hautier sur La Première (RTBF radio) et également sur le site www.lapremiere.be dans la rubrique Podcast.

Frédéric Brébant

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