La BO du Mépris pour le défilé d’Haider Ackermann, Ma Liberté de Georges Moustaki pour celui de Yohji Yamamoto : pour présenter l’été, les années 60 se sont immiscées jusque dans l’accompagnement sonore des mannequins sur le podium. Comme si les allusions constantes à cette période dorée ne suffisaient pas dans les collections elles-mêmes, où pas une saison ne passe sans que l’on ait droit aux tons pastel et au col claudine (Vuitton, ce printemps), à la robe en A et aux couleurs franches (Prada, l’hiver dernier), ou plus généralement à la minijupe façon Mary Quant, à la capeline tout droit sortie de Belle de jour, aux platform shoes ou au vichy. Et on ne parle même pas des chignons crêpés façon B.B., de la petite tête courte ou de l’£il de biche inspirés par Twiggy, que les plus grandes marques aiment valoriser dans leurs campagnes de pub ( lire en pages 35 à 38). Quant au vestiaire masculin, il est également secoué par de cycliques revivals yéyé – pour preuves récurrentes, le pantalon  » feu de plancher « , l’allure minet du drugstore ou le costume ultracintré.

On pourra toujours rétorquer que la mode c’est par définition un jeu sur les références. Que les codes des années 50, 70 ou 80 sont eux aussi régulièrement réchauffés pour nous servir une tambouille qui ne peut que plaire au plus grand nombre, plus encore en période de crise et de repli sur les valeurs sûres. Il faut malgré tout reconnaître que les sixties reviennent plus qu’à leur tour au menu. Au point de faire renaître des maisons emblématiques de l’époque, comme Courrèges, rachetée par deux ex-dirigeants de l’agence Young & Rubicam ( lire en pages 16 à 19) ou la griffe Paco Rabanne, relancée en 2011. Nul besoin d’un pseudo don de voyance pour déceler derrière cet éternel retour le fantasme d’un âge d’or où, entre révolution sexuelle et premiers pas sur la lune, pop art et Nouvelle Vague, rien ne semblait impossible, comme en témoigne l’expo liégeoise Golden Sixties (1). Ce qui explique que, de la Mini Cooper, star de l’époque et vedette d’aujourd’hui dans sa version néo-rétro, aux rééditions d’icônes du design en passant par le look délicieusement vintage de l’hipstamatic ou de séries télé, l’influence des années 60 est aussi entêtante qu’un bon vieux twist… Et qu’on en redemande.

(1) Lire aussi Le Vif L’Express et Focus Vif.

DELPHINE KINDERMANS, RÉDACTRICE EN CHEF

CHIGNONS CRÊPÉS FAÇON B.B., PETITE TÊTE COURTE OU îIL DE BICHE INSPIRÉS PAR TWIGGY.

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