Christophe de Lataillade

© photos : studio lenoir/sdp

Quatorze ans après la sortie du parfum Alien, Thierry Mugler lance sa version masculine. Derrière la conception du flacon, on retrouve Christophe de Lataillade, directeur de création chez Clarins.

D’où viennent vos inspirations ?

Quelques fois, elles découlent directement de l’univers du parfum, mais quand on est sur un territoire existant, comme c’est le cas pour Alien, l’exercice a consisté à créer une projection masculine de cet univers. On a imaginé ce flacon comme une sorte de bloc céleste ou astral, un peu mystérieux, qui renferme en quelque sorte les clés de la connaissance. Il a un côté bleu nuit un peu fumé qui laisse peu entrevoir ce qu’il y a à l’intérieur.

Le flacon masculin est-il une réinvention ou plutôt le dérivé du produit féminin ?

Les récits de Mugler sont généralement conçus comme des mythes et ce qui est universel parle aux hommes comme aux femmes. Le message qui est au-dessus de la déclinaison masculine ou féminine embrasse tout. Ce qu’on a plutôt fait, c’est de revenir aux sources du concept dont on s’était éloignés. Le message de base d’Alien est très simple, c’est que tout ce qui vient d’ailleurs peut faire du bien. En reprenant l’histoire initiale, qui est plus ésotérique et mystique, on peut très facilement la décliner d’une façon ou de l’autre.

Diriez-vous qu’il y a des similitudes entre les deux déclinaisons ?

Oui, ce sont des concepts miroirs. Nos deux personnages sont conçus comme des alter ego. C’est-à-dire que c’est leur force conjuguée qui permet de faire jaillir la lumière et qu’ils ont chacun une balance qui est la même en féminin comme en masculin. On voulait qu’il y ait une parenté pour ne pas se retrouver avec une forme qui n’a strictement rien à voir en termes d’histoire et d’expression. On a eu assez tôt cette idée de monolithe que Thierry Mugler avait conçu comme une pierre taillée. Pour l’homme, on ne voulait pas tomber dans le pendant bijoutier, donc il fallait que ce soit cohérent d’un point de vue esthétique avec le premier opus, tout en étant suffisamment masculin pour qu’il plaise à la clientèle. Il est plus sombre et plus discret, mais l’essentiel des lignes géométriques sont les mêmes pour les deux pendants.

Christophe de Lataillade
© photos : studio lenoir/sdp

L’odeur du parfum est-elle importante pour la conception d’un flacon ?

L’olfaction est travaillée en parallèle, mais il n’y a pas vraiment d’ambition de la faire coïncider avec le design du flacon. Souvent même, on cherche plutôt une tension ou une opposition. Parfois, on peut évoquer un univers glaciaire et avoir un jus riche, sucré et gourmand. Tout l’inverse de ce qu’on pourrait attendre. Ce genre de choses n’est pas un frein.

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