Le berceau de la famille Kennedy est une ville à échelle humaine où il fait bon vivre. Son passé en fait aussi un vrai laboratoire de l’histoire américaine. Découverte d’une cité mêlant culture, loisirs, Histoire et pouvoir.

Le doux printemps à Boston vaut à lui seul le déplacement dans la capitale de la Nouvelle-Angleterre. Mais cette riche cité de la côte est américaine possède plus d’un attrait. Son port, ses ruelles pavées et ses vieux édifices publics racontent tout d’abord une histoire peu banale : celle des premières pages de la démocratie américaine. A commencer par la Boston Tea Party, qui a laissé un goût amer aux Anglaisà Au xxe siècle, aucune ville n’a été à ce point associée à une famille, à un clan : celui des Kennedy bien sûr, fiers enfants du pays.

Boston est aussi synonyme de Harvard et du Massachusetts Institute of Technology (MIT), deux des plus prestigieuses universités américaines. Souvent considérée comme élitiste et conservatrice, elle entend désormais rivaliser avec des villes vibrantes et moins conformistes comme New York ou San Francisco. Car elle recèle aussi un échantillon parfait de la culture américaine : shopping et théâtre en tête tandis que boutiques, hôtels et restaurants de chefs étoilés en provenance directe de Big Apple y ont récemment ouvert leurs portes.

Il était une fois la révolution

Immortalisé dans des films comme Les Infiltrés ( The Departed) ou Gone Baby Gone, Boston Common est le poumon de la ville, comme Central Park l’est à New York. Ces deux espaces verts sont d’ailleurs signés par le même architecte de jardin visionnaire, Frederick Law Olmsted. Lieu de rencontre, de promenade, de jeux, Boston Common est magnifique en toute saison. Mais cette oasis de verdure n’a pas toujours été aussi agréable. Accompagné par un guide en costume de la Freedom Trail Foundation, qui relate le parcours des Américains vers l’Indépendance, on apprend que les pendaisons publiques étaient un spectacle très prisé à l’époque des Puritains, qui fondèrent la ville. Les nombreux étangs nauséabonds de Boston Common servaient accessoirement de fosses communesà

A deux pas de là, le port de Boston fut le théâtre d’un épisode qui mit le feu aux poudres du mouvement anticolonialiste, la fameuse Boston Tea Party. Au soir du 16 décembre 1773, outrés par les lourdes taxes imposées par la Couronne britannique à sa colonie, les indépendantistes se révoltèrent. Déguisés en indiens Mohawks, ils prirent d’assaut les vaisseaux britanniques et jetèrent dans le port des tonnes de thé. C’est le point de non-retour. La révolution américaine éclate en 1775à Un an plus tard, c’est au balcon de la Old State House que sera lue pour la première fois en public la Déclaration d’indépendance : une cérémonie que l’on commémore toujours le 4 juillet. Au nord de Boston Common, le quartier de Beacon Hill est l’un des plus beaux exemples du style fédéral aux États-Unis. C’est aussi un des lieux de naissance de l’abolitionnisme. Ses rues pavées qui grimpent le long de la colline sont longées de hautes maisons élégantes en briques rouges. Si l’ambiance est celle d’un village, avec ses cafés, ses antiquaires, et ses réverbères à gaz, Beacon Hill n’est pas à la portée de toutes les boursesà Le sénateur John Kerry, rival de George W. Bush aux présidentielles de 2004, y demeure. C’était aussi l’adresse de Ted Kennedy et de sa première femme, Joan.

L’autre quartier chic est celui de Back Bay, construit sur des terrains directement gagnés sur la rivière Charles, grâce à des travaux de remblayage au xixe siècle. Il accueille restaurants et boutiques à la mode, mais offre aussi de belles balades le long de la rive entre les imposantes propriétés de style victorien. Portant le nom de John Quincy Adam, sixième président des Etats-Unis, le Quincy Market est, lui, un ancien marché couvert, datant de 1826. Son  » food court  » à l’américaine sert notamment les délices locaux, comme la fameuse New England Clam Chowder, la soupe de coquillages, les  » rolls  » à base de homard et les c£urs de Saint-Jacques au baconà Une fois les appétits comblés, place au shopping. Toutes les enseignes de sportswear américaines se retrouvent autour du Quincy Market : Gap, Banana Republic, Abercrombie & Fitch, Victoria’s Secret, Urban Outfitters.

La saga Kennedy

Boston est, bien évidemment,  » la  » ville des Kennedy. John Francis Fitzgerald, le grand-père du président assassiné, ne fut-il pas élu deux fois maire de Boston, en 1906 et en 1910 ? Le président et sept de ses huit frères et s£urs (à l’exception du benjamin, Ted) sont nés tout près, à Brookline. Pour une vraie immersion dans la vie de cette famille mythique, rien de tel qu’une visite à la John F. Kennedy Presidential Library and Museum. Dressé comme une voile à l’entrée du port de Boston, le bâtiment de béton blanc est l’£uvre d’Ieoh Ming Pei, le célèbre architecte de la pyramide du Louvre, à Paris. La collection est présentée sous la forme d’une mise en scène de l’Amérique des années 60 et retrace l’ascension au pouvoir de JFK et sa présidence, qui prendra fin tragiquement avec l’assassinat de Dallas, le 22 novembre 1963.

Pour jouir de l’un des plus beaux points de vue sur Boston, cap sur Cambridge, de l’autre côté de la rivière Charles. Mais l’on s’y rend également pour voir Harvard, la plus ancienne et la plus prestigieuse des universités américaines. Pas moins de huit présidents américains y ont étudié, dont John F. Kennedy, et Barack Obama. Ville maritime, Boston s’explore aussi grâce à l’une des nombreuses croisières qui mènent, si on le désire, à l’île de Martha’s Vineyard et Hyannis, au Cape Codà. Toujours sur les pas de la famille Kennedy !

Une balade ultrachic, à vélo

Martha’s Vineyard est depuis très longtemps le lieu de villégiature préféré de la bourgeoisie de Boston. L’île a pourtant souffert durant de nombreuses années de sa proximité avec Hyannis, où l’immense domaine de la famille Kennedy surplombe le port depuis 1926. En choisissant de se faire construire une seconde villégiature de 150 hectares à Martha’s Vineyard, John F. Kennedy a redonné des couleurs à l’oubliée.

Après la mort de son mari, Jackie Kennedy est devenue propriétaire d’une grande partie de l’île afin de protéger la nature sauvage de tout développement immobilier. George Bush père aime lui aussi y prendre ses quartiers d’été, de même que la famille Clinton qui y a établi sa maison de famille. L’été dernier, c’était au tour du président Obama de succomber aux charmes et à la beauté sauvage de l’île. Il se murmure que la First Family aurait décidé d’acquérir l’une de ses luxueuses villas.

Le vélo, le moyen de locomotion plébiscité par les insulaires, permet d’apercevoir à son rythme les somptueuses demeures. Au fil des années, les habitants ont appris à composer avec les stars du show-biz, célèbres journalistes et autres personnalités politiques. Les plages privées jouxtent les plages publiquesà et tous apprécient l’extrême discrétion locale.

PAR ELODIE PERRODIL et VANESSA GONDOUIN-HAUSTEIN

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