En pleine mutation, le monde de la coiffure mise désormais davantage sur l’accueil, le bien-être, le design, la musique… Un nouvel art de coiffer est né. Illustration par trois exemples parisiens pointus.

Carnet d’adresses en page 86.

La rue du Pré aux Clercs avec sa jolie perspective et ses boutiques de créateurs est à deux pas du boulevard Saint-Germain-des-Prés. On s’arrête face à une devanture peinte en vert tendre, dépourvue de toute enseigne. Une inscription très discrète sur la porte d’entrée en verre indique  » Blonde by Franck Vidoff « . L’espace intérieur est tout petit. Un beau sol en mosaïque ancienne est mis en valeur par une ambiance blanche et limpide. La décoration minimaliste rompt avec tous les clichés du salon de coiffure. Les accessoires et les ustensiles sont rangés dans un bloc en forme de parallélépipède blanc, dessiné par Hanna Leblond. Le mobilier est l’£uvre de Patricia Urquiola, jeune designer espagnole qui a le vent en poupe. Quelques photos et un écran vidéo animent agréablement les surfaces immaculées. Franck Vidoff officie ici tout seul et s’occupe uniquement des blondes. Né à Bordeaux,  » dans un salon de coiffure, chez maman  » il maîtrise bien le métier quand il rencontre Alain Ghiglia, ex-associé de Jacques Dessange. En 1990, Franck et Alain ouvrent un salon à Bordeaux et se spécialisent dans les colorations et dans les mèches, un concept tout nouveau à l’époque. Quatorze ans plus tard, Franck Vidoff monte à Paris, tout seul.  » Je ne suis pas très ambitieux, confie-t-il. Mais j’avais peur de m’ennuyer. J’étais prêt pour le changement.  » En se baladant dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés, il tombe sur cet endroit calme, situé dans un environnement enchanteur. C’est le coup de foudre. L’espace se prête à son objectif : l’envie de pratiquer ce métier dans les règles de l’art, comme une profession libérale, comme un médecin, et de retrouver sa vocation originelle qui est celle des relations humaines. Les femmes lassées des grands salons où l’on coiffe à la chaîne et où l’on risque d’être oubliée dans la masse, aspirent aujourd’hui à un contact plus personnalisé, dans un endroit plus soft et loin du bruit. Franck décide de s’occuper uniquement des blondes, car il pressent une vraie demande.  » Il y a une réelle attirance pour cette couleur. Le blond a un côté magique. Cela dit, les blondes savent à quel point il est difficile d’avoir une jolie couleur.  » La solution ? Le temps et l’attention. Un joli blond ne se fait pas en dix minutes. On l’obtient en superposant différentes nuances et en utilisant les produits les plus doux possible. Aujourd’hui, on donne plutôt préférence aux mèches, pour créer du volume, du relief et du mouvement. Spécialiste de la couleur, Franck Vidoff assure cependant tous les services, il peut réaliser une coupe ou conseiller une coiffure. Les tendances ? Il s’en fiche.  » Les coiffures sur catalogue, c’est fini. Il y a une époque pour tout. Aujourd’hui, une séance chez le coiffeur relève d’une histoire, d’un contact et du rêve. La mode n’est pas à la coupe. Il faut qu’elle soit simple, à peine dégradée. La vraie tendance, c’est d’avoir de beaux cheveux. On met en évidence la matière, l’aspect et la brillance, plus que la coiffure.  » Le temps à consacrer ? Prévoir environ deux heures et demie, pour afficher un joli blond bien fait, demandant un minimum d’entretien.

Apprendre à se coiffer soi-même

Lors de notre visite, Bernard Friboulet termine une coiffure. Il a des gestes sûrs, rapides et précis. Avec des mots simples et clairs, il explique ce qu’il fait, donne des conseils d’entretien. La cliente est transformée et quitte le salon avec une tête rajeunie, une coiffure naturelle et spontanée.  » Ma clientèle a entre 10 et 77 ans, s’enthousiasme d’emblée Bernard. Aujourd’hui, la mère et la fille viennent ensemble, souvent la fille amène sa mère. Il y a quelques années, c’était totalement impensable.  » Très Confidentiel, tel est le nom de ce salon de coiffure atypique, qui attire aussi des hommes. Après une longue carrière au Havre, en Normandie, à Paris, enfin à Deauville, où il a coiffé beaucoup de clientes belges, Bernard Friboulet s’est installé, avec un nouveau concept, dans les magnifiques Jardins du Palais Royal. Ce lieu historique de Paris panache admirablement une architecture exceptionnelle, des boutiques chics de créateurs, un écrin vert très apaisant et l’art contemporain, avec les fameuses colonnes Buren.  » C’est le seul endroit à Paris où il y a un véritable échange entre la nature et la vie professionnelle, poursuit Bernard. Ici, il y a de la vie. A côté de ce décor extérieur fort, j’ai voulu un espace simple et fonctionnel, comme une loge de théâtre. En même temps, mes clientes pénètrent dans un lieu calme et discret.  » La vitrine du salon, décoré avec des voiles d’organza blanc, confère à ce lieu élégant et alluré beaucoup d’intimité. Bernard Friboulet a demandé à l’architecte Olivier Rouvillois d’imaginer une ambiance à la fois simple et rigoureuse, sereine et pleine de charme. Un sol ancien en pierre blonde, rythmé de cabochons noirs, voisine avec des murs et des meubles en laque blanche. Pour se faire coiffer, on s’installe dans une chaise de Philippe Starck, devant un mur de miroirs, éclairé comme dans un studio. Tout en continuant à travailler pour les magazines et le cinéma, Bernard Friboulet reçoit ici uniquement sur rendez-vous. Ce bel espace est en quelque sorte un laboratoire expérimental, doté d’un tout nouveau concept.  » Aujourd’hui, les grands chefs de cuisine donnent dans les magazines leurs meilleures recettes. Sans vouloir être prétentieux, je souhaiterais partager avec les femmes mes recettes apprises dans le travail de studio. Les temps changent et la femme ne veut plus dépendre de son coiffeur. Ce n’est ni une question de temps ni une question d’argent. La femme veut la liberté, elle aspire à moins de dépendance vis-à-vis de la coupe ou de la couleur.  » Fort de ce constat, Bernard Friboulet a conçu Le Coaching Coiffure. En trois séances de trois heures il initie au b.a.-ba du métier : comment se laver les cheveux, comment les sécher, la façon de lisser, boucler, donner du volume. Il indique les produits adaptés et les  » outils  » les plus malins. Sans oublier les bons trucs et les petites astuces : se faire une attache sans chouchou ni pince, raccourcir sa frange ou encore se sculpter une belle banane.  » Je suis persuadé que toute femme peut avoir les mêmes gestes qu’un coiffeur. Il faut décomposer les mouvements et prendre son temps pour apprendre.  » Ceci en tenant compte de quelques règles de base. Le respect du cheveu vient en tête. Il suffit de suivre l’implantation et le mouvement, les cheveux se replacent tout seuls. Bernard ne cherche pas à trop les discipliner, il essaie d’avoir un maximum de naturel, aussi bien sur le plan de la forme que de la couleur. Partisan des cheveux blancs, il préconise de les accentuer. Surtout pas de balayages blonds !  » Les cheveux sont un accessoire, on vit avec eux tout le temps, affirme-t-il. Une couleur ou une coupe, il faut savoir les porter pour être élégante et avoir de l’allure tous les jours. Je ne tiens compte ni des tendances, ni de l’âge. Aujourd’hui, on peut tout faire, à condition que ce soit moderne et élégant. C’est l’avantage de notre époque. Les cheveux longs chez une femme de 50 ans, c’est pareil. En trouvant une couleur juste et une forme adéquate, elle sera distinguée et moderne.  »

Un temple dédié à la détente

Le coiffeur Marc-Antoine est  » riche  » d’une longue expérience de quinze ans, d’abord dans le sud-ouest de la France, puis à Paris. Attentif à l’évolution des désirs de la femme et de ses nouveaux besoins, il vient de s’installer dans un vaste espace, dédié à la coiffure, à la beauté, à la détente et au bien-être. Un lieu où l’on se sent bien et où l’on a envie de marquer une pause. Le projet, longuement mûri, a été peaufiné dans les moindres détails. La déco, tout d’abord. L’espace est profond et permet d’organiser judicieusement les services. Devant, on coupe et on coiffe. Tout au fond, les spécialistes traitent et colorent le cheveu. Au milieu, un petit salon, face à un patio décoré de plantes vertes, offre une  » respiration « . On peut prendre un verre au bar, grignoter un sandwich, se reposer ou bouquiner dans un confortable canapé de cuir blanc. En début de soirée (le salon est ouvert jusqu’à 20 heures, souvent plus tard), on est accueillie avec une coupe de champagne. Dans le patio, Marc-Antoine propose aussi des séances de maquillage, car la lumière y est très belle. L’espace est animé par une palette chromatique sobre et raffinée. Le mobilier en wengé très sombre contraste avec le sol en béton lissé, l’acier des bastingages et le blanc optique des sièges en cuir. Dans ce décor sophistiqué, les sièges de coiffeur traditionnels auraient dénoté. Ils ont donc été déclinés à partir du canapé italien blanc dans le patio. Le rendez-vous avec l’esthétique et le bien-être est au sous-sol. Les soins sont dispensés dans deux cabines spacieuses et joliment décorées.  » Je travaille avec Ruth, une jeune Indonésienne de Bali, souligne Marc-Antoine. Tous les soins qu’elle prodigue, qu’ils soient capillaires, du visage ou du corps, sont issus des soins traditionnels de son pays. Le must ? Un masque capillaire au ginseng et à la vitamine E. Une application très spécifique, d’une durée de 45 minutes, s’accompagne d’un massage rituel qui allège totalement la tête.  » L’autre nec plus ultra ? Un soin du corps de deux heures. Au menu, un gommage avec des épices et de la poudre de riz, suivi par une douche florale, puis, par un massage de détente. Ruth appelle ce soin  » Mandi Lulur « , ce qui signifie approximativement  » redonner la virginité à la peau « . On peut choisir aussi des soins plus classiques, avec les produits Pevonia, mis au point par des dermatologues américains ou s’aban- donner au bien-être sous les mains des spécialistes de shiatsu ou encore d’un massage relaxant ou tonifiant, au choix. Marc-Antoine a conçu ce lieu pour qu’on puisse y passer toute une journée. Il offre une prise en charge globale, en vue d’une soirée ou d’un cocktail, avec les soins du corps et du visage, le maquillage et la coiffure. Sans oublier les autres  » envies « . On peut aussi rencontrer une conseillère en relooking. Ou encore prendre rendez-vous avec un coach travaillant à domicile, spécialisé dans les problèmes d’amincissement. Très prochainement, Marc-Antoine va s’adjoindre la collaboration d’un chirurgien plasticien. Bref, le but est d’apporter à la femme toutes les réponses dans sa recherche de l’image de soi et du bien-être.

Barbara Witkowska

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