Ancienne commerciale, cette jeune Française a abandonné les chiffres pour se lancer dans la création. Avec, à la clé, une formule qu’elle verrait bien détrôner la petite robe noire.

Elle a découvert Jackie Kennedy dans les magazines que lisait sa mère. Elle a adoré Catherine Deneuve dans Le dernier métro ou dans Le sauvage, qui lui a d’ailleurs inspiré le thème Africain Saharienne de ses prochains modèles. Stupéfaite par le charisme de certaines silhouettes et l’attraction qu’elles provoquaient à ses yeux, Carolina Ritz a ressenti l’élégance comme un art et elle s’est fait son cinéma. Cette ancienne de Petit Bateau voit la vie comme une gigantesque pièce de théâtre. Son poste de commerciale était un rôle qu’elle jouait par coeur et qui lui convenait à l’époque, mais elle refoulait ses idées, ses envies… Paradoxalement, la naissance de son troisième enfant lui a donné la matrice où ériger son obsession. Une feuille, des flashs, une idée, et ses combinaisons sont nées. Désormais insatiable, elle les verrait sans doute détrôner un jour la petite robe noire.

Oui, la combinaison vue par Carolina Ritz risque de tourner au basique, d’autant que selon elle, il n’y a pas d’âge pour l’enfiler. Pour celles qui n’ont jamais osé, cela nécessite seulement d’être en accord avec ses émotions. Cette condition semble sortie d’une méthode zen adaptée à bien trop de monde pour convenir à quelqu’un. Et pourtant, quand le dehors ne vient ni masquer ni souligner le dedans, quand l’apparence trahit seulement ce qu’on lui laisse le droit de dire, l’attitude devient une évidence. En gros, chez Carolina Ritz, la combi n’est ni un accoutrement ni un look, elle est une forme de sentiment, une marque de caractère, une preuve de volonté. Et surtout, elle ressemble à celle qui décide de la porter.

La silhouette est un charisme, et si une femme est, comme la décrit la créatrice,  » connectée « , entendez pieds au sol, tête au ciel, c’est-à-dire ancrée et rêveuse, elle sera sublime. Bien. Il s’agit d’être paradoxale. Dans une combinaison, le message qu’une fille passe est forcément plus fort. Les garagistes en combi des films des sixties faisaient réfléchir Carolina sur ce modèle réservé aux hommes. Pourquoi pas des femmes ? pensait-elle. Son parrain a répondu à sa question en lui offrant sa première combi, couleur parme avec une pomme dessinée sur le devant. Elle a eu l’impression d’être une héroïne de cinéma, de se sentir différente, et elle a adoré ça. Vive les souvenirs puisque la gamme qu’elle propose désormais dans une marque à son nom est datée. Plus besoin de chercher dans sa penderie le bas idéal ou le haut qui va bien. Comme le plombier avant nous, on enfile son bleu de travail et on est paré. Sauf que chez Carolina Ritz, le bleu est de toutes les couleurs, de toutes les matières, et de toutes les manières. Qu’elle soit volée, comme la 1974, à Emma Peel, ou bien, pour la 1987, empruntée à Sue Ellen de Dallas, la combinaison est désormais bien à nous et c’est notre film qui se joue. On s’incline. En jumpsuit, l’allure est immédiate. Pour la femme d’aujourd’hui, porter un basique, le garder jour et soir est une technique, une pratique, une posture, et une simplicité. La combi ne retire pas le trouble féminin. Elle jongle avec le masculin, elle s’en empare, elle le possède. Elle couvre mais elle est sexy. Y a- t-il plus grande volupté que de faire croire qu’on est bien sage, zippée jusqu’au col, enfermée jusqu’aux poignets et de se balancer sans vergogne avec l’air de ne pas y toucher ?

Carolina Ritz a réussi son pari. Si vous enfilez une première combinaison, vous ne saurez plus quoi faire de votre penderie ! C’est bien le problème… Il vous les faudra toutes, en denim, en cuir, en soie, en super 150 infroissable. Elles ont déjà séduit les revendeurs, les points de vente les plus hype, les sélectionneurs de tendance et les repéreurs de talent… Il faut juste espérer que Carolina ne devienne pas Coco avant qu’on mette la main sur ses modèles !

PAR CLAIRE CASTILLON

Faire croire qu’on est bien sage, zippée jusqu’au col.

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