Comme un parfum d’altruisme

Toujours au top du tennis mondial, Andre Agassi est aussi un homme d’affaires qui verse volontiers dans l’humanitaire. Rencontre exclusive avec un joueur passionné dont le nom est désormais associé à une nouvelle fragrance.

Andre Agassi a toujours eu l’art de se faire remarquer. Lorsqu’il débarque, en 1988, sur les courts de tennis les plus prestigieux du monde, son look exubérant retient d’emblée l’attention. Le kid de Las Vegas û comme on le surnomme alors û a 18 ans à peine et tranche résolument avec le conformisme ambiant. Son short en jeans et sa crinière blonde font craquer les filles ; sa fougue juvénile et son coup droit détonnent prodigieusement. Rapidement, le jeune conquérant atteint le troisième rang mondial du classement ATP et plus personne n’ignore alors le nom d’Andre Agassi.

Difficile de superposer cette image sulfureuse des années 1980 sur le trentenaire étonnamment zen que l’on connaît aujourd’hui. Père de famille comblé, l’Américain arbore désormais le profil crâne rasé et affiche surtout une maturité enviable. Son mariage avec l’ancienne championne des courts Steffi Graf en 2001 et sa récente paternité l’ont de toute évidence transformé (Andre Agassi est le père d’un petit Jaden Gil de 2 ans et sera à nouveau papa en novembre prochain). En face à face, l’homme se révèle donc détendu, réservé et souriant, à des années-lumière de l’image  » star infernale du show-biz  » que les médias lui collaient jadis.

Sur les courts, le joueur s’est aussi assagi et gravite toujours dans les hautes sphères de la compétition tennistique (Andre Agassi était encore no 1 mondial il y a cinq mois à peine). Certes, à 33 ans, le champion pense déjà à sa reconversion et peaufine, en ce sens, son expérience de businessman avisé (l’Américain fut en effet le premier joueur de tennis à signer des contrats publicitaires aux montants vertigineux), mais ses priorités restent désormais centrées sur sa famille et son action caritative. Car peu de gens connaissent, à vrai dire, la fibre humanitaire d’Andre Agassi. Dès 1994 û alors qu’il n’a que 24 ans û, le kid de Las Vegas pose la première pierre de sa fondation pour les enfants défavorisés, maltraités et abandonnés de sa ville natale. L’A A C F (Andre Agassi Charitable Foundation) est née et s’attache à offrir des opportunités éducatives à tout un pan de la jeunesse délaissée de Las Vegas. Principalement financée par les contributions directes du joueur, la Fondation Agassi organise également, chaque année, un concert baptisé le Grand Slam destiné précisément à collecter des fonds pour ses missions d’aide à l’enfance. L’édition 2003 de ce gala de charité aura lieu le 4 octobre prochain avec, entre autres, Elton John, Robin Williams et Sheryl Crow en guest stars, et sera principalement sponsorisé par Aramis, une marque du groupe Estée Lauder. Ce partenariat est une demi-surprise : Andre Agassi est, en effet, le visage officiel de la campagne publicitaire pour la toute nouvelle fragrance masculine Aramis Life qui sera mise en vente dès le 29 septembre.

A l’aube de cette sortie parfumée, Weekend Le Vif/L’Express a rencontré le champion de tennis, à Londres, pour faire le point sur sa vie, son £uvre et cette nouvelle mission d’ambassadeur cosmétique qu’il a visiblement acceptée pour la bonne cause…

Weekend Le Vif/L’Express : Aramis Life, c’est votre parfum idéal ?

Andre Agassi : Oui, en effet, on y est arrivé ! Il représente bien les expériences que j’ai vécues dans ma vie. Il reflète ma vie. Il reflète la vie. Maintenant que j’ai 33 ans et une famille autour de moi, je sais ce qu’est la vie.

Concrètement, quelle a été votre implication dans l’élaboration de ce parfum ?

Cela représente de nombreuses discussions avec les spécialistes dont le métier consiste précisément à traduire, en senteurs, les envies de quelqu’un. Donc, à mon niveau, cela s’est résumé à :  » Ça, non. Ça, non plus. Ah, ça oui ! Un peu plus de ceci, un peu moins de cela…  » ( rires) Mais c’était chouette ! Je n’étais pas certain de pouvoir mettre les mots justes sur des senteurs et, donc, de pouvoir définir ce que je voulais exactement, mais cela faisait partie du jeu. En fait, il est beaucoup plus facile de dire ce qui ne vous plaît pas, plutôt que de donner une idée exacte de la piste que vous voulez emprunter. Mais on y est finalement arrivé et je n’en suis pas peu fier ! C’était une belle expérience pour moi.

Pourquoi vous êtes-vous lancé dans cette aventure parfumée ?

Quand vous êtes dans le business et la compétition depuis des années, il est important de savoir développer des synergies et de trouver de bons partenariats. Pour ma fondation, cette relation entre Aramis et moi est parfaite. La marque est d’ailleurs le sponsor principal du Grand Slam que j’organise le 4 octobre prochain et qui va rassembler des millions de dollars pour les enfants défavorisés de Las Vegas. Donc, c’est très important pour ma fondation et comme je fais partie du processus, je me sens impliqué à 100 %. Pour moi, la connexion avec Aramis était évidente. Et puis, tout le monde y gagne…

Aramis Life serait-il donc un parfum  » humanitaire  » ?

( Hésitant.) Oui, non, enfin… C’est quelque chose à part. Disons que l’aide à ma fondation est une espèce d’extension.

Quel est le montant du contrat entre Aramis et vous ?

Vous comprendrez aisément que je ne peux pas répondre à cette question ( sourire) !

Comment en êtes-vous arrivé à vous occuper d’enfants défavorisés à Las Vegas ?

Je suis né et j’ai grandi dans cette ville. J’ai créé cette fondation en 1994 quand j’avais 24 ans. Je voulais aider les enfants.

Oui, mais quelle est la vraie raison qui vous a poussé à le faire ? Tous les joueurs de tennis célèbres ne développent pas ce genre de projet…

Beaucoup de gens ne développent pas ce genre de projet ! Mais d’autres le font. En fait, cette responsabilité pèse sur les épaules de n’importe qui. Pour moi, il s’agissait d’un choix évident. Et j’aimerais vraiment comprendre pourquoi si peu de gens font ce choix-là…

Vous avez grandi à Las Vegas, mais vous êtes un joueur mondialement connu. Pourquoi n’avez-vous pas choisi un projet plus international comme moteur de votre fondation ?

Il y a deux choses importantes à respecter lorsque vous voulez lancer une fondation avec succès. Premièrement, l’argent que vous récoltez doit arriver à destination et, deuxièmement, lorsque l’argent est arrivé à destination, il doit surtout servir à des actions concrètes. Il ne faut pas que cet argent soit détourné, gaspillé ou dispersé à travers une foule d’intermédiaires. Sinon, les gens ne voient pas les bienfaits de leurs dons et, par conséquent, ils ne donnent plus rien lorsqu’ils sont à nouveau sollicités. C’est le problème de nombreuses fondations et moi, je fais très attention à ce que cela n’arrive pas chez moi. Je veux que les donateurs voient le résultat au quotidien et comme il est toujours plus facile de contrôler ce qui est tout près de chez soi, j’ai donc décidé de me consacrer aux enfants défavorisés de ma ville natale. Aujourd’hui, la Fondation Agassi fonctionne très bien et les gens sont heureux de voir que leur argent sert à quelque chose de positif et de concret.

Venons-en à votre carrière de tennisman et à votre vie de famille. Comment voyez-vous les dix prochaines années ?

Cela ne pourra être que pire parce que ma vie est plutôt chouette aujourd’hui ( rires) ! Non sérieusement, je doute que je continue encore à jouer au tennis, du moins sur le plan professionnel. Ou alors, je donnerai des cours aux enfants…

Vous êtes donc, aujourd’hui, à l’un des moments les plus épanouissants de votre vie ?

Absolument ! J’ai 33 ans, donc je suis vieux par rapport aux joueurs que je dois régulièrement affronter, mais je me débrouille encore plutôt bien ! Je ne sais pas si je vais encore faire des tournois pendant de longues années, mais en tout cas, je veux continuer à bien faire mon boulot. C’est important pour moi. Et puis, sur le plan privé, j’ai une famille extraordinaire. Que puis-je donc espérer de mieux ?

La légende dit que votre père vous a offert votre première raquette à l’âge d’une semaine. Allez-vous également pousser votre fils à jouer très tôt au tennis ?

J’étais le plus jeune fils d’une famille de quatre enfants et j’ai grandi dans l’ambiance des courts de tennis. Il est vrai que mon fils a, aujourd’hui, les mêmes opportunités. Mais je ne vais certainement pas le forcer à jouer au tennis. J’espère qu’il trouvera lui-même le domaine où il s’épanouira.

Avec le recul, quel est le plus beau souvenir de votre carrière ?

Les Jeux olympiques d’Atlanta en 1996 ( NDLR : Andre Agassi y a décroché la médaille d’or). C’était davantage une victoire remportée pour mon pays que pour moi-même.

Un dernier mot sur Justine et Kim, nos deux joueuses belges ?

Ce sont, sans hésiter, deux joueuses très talentueuses. Leur tennis est vraiment très agréable à regarder et il fût très dur de voir l’une des deux perdre à Roland-Garros ! Votre compatriote Xavier Malisse est aussi un très bon joueur. Vous avez de la chance !

Propos recueillis par

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