Concept stores pour shopping addicts
Mode, beauté, déco à la pointe des tendances… Marques iconiques, produits vendus en exclusivité, accessoires insolites aussi… Ils ont tout ! Francis Ferent à Bruxelles, Itzu et Hush Up à Liège et Verso à Anvers : ces concept stores sont des musts absolus pour un shopping ultrabranché.
Barbara Witkowska
Hush Up La déco sympa dans la Cité ardente
Où? En 2005, Ludovic Rosu a décidé d’interrompre ses études d’architecture pour se consacrer à sa véritable passion, » un concept store rempli de tout ce que j’aime dans les domaines de la déco, de la mode et des accessoires « . Le jeune homme souhaitait se décentrer pour établir sa clientèle petit à petit. Son choix s’est porté sur un immeuble de 1968, situé dans le quartier historique d’Outremeuse à Liège. La surface est de 150 m2. L’avant de la boutique, conçu comme une mini-galerie d’art, accueille toujours des £uvres de jeunes artistes de la région. En ce moment, Ludovic Rosu s’associe à la Biennale de la photographie à Liège, en exposant » Territoires Clos » du photographe Fabris Remouchamps. Un comptoir bar original, £uvre du maître des lieux, sert de lien entre la galerie et l’espace principal du concept store. Ludovic a récupéré une passerelle qui surplombait une autoroute en l’équipant de néons de couleurs flashy.
Casting. Le design est privilégié. Les marques sont dénichées dans les Salons les plus pointus ou sur Internet, » en cherchant et en se perdant « . Les ustensiles de cuisine en mélamine ZAK côtoient des poufs belges Sit On It, des canards Bud en plastique multicolore et des accessoires (portemanteaux, services à café…) de Present Time et DuoDesign. La marque danoise Menu présente des objets sympas en caoutchouc, dont des sous-plats pliants et des vases éclatants de couleurs. Parmi les pièces exclusives, on note des portemanteaux en métal plié découpé au laser (séries limitées de 20 pièces numérotées) de la jeune société liégeoise Mockädesign et des distributeurs de Coca des années 1970 (matériel publicitaire). Les nostalgiques viennent pour les pièces vintage : des bancs d’école des années 1950, un frigo américain ou des tables de jeux vidéo des années 1970-1980. Ludovic Rosu a supprimé le prêt-à-porter (par manque de place), mais continue à promouvoir avec succès de jeunes créateurs liégeois d’accessoires : des écharpes en polaire de Solen et des bagues très amusantes, confectionnées avec des boutons de Anne-Cécile Blavier.
Pour qui ? Pour tous les curieux, optimistes et épicuriens de 7 à 77 ans, qui aiment se faire plaisir ou faire plaisir avec un objet rare, original et plein de couleur. Une fois la porte franchie, on s’attarde un bon bout de temps dans cette caverne d’Ali Baba version IIIe millénaire. Si vous ressentez ensuite une petite fringale, traversez la rue et poussez la porte de 7 et 3, c’est chez moi… Geneviève Mahin, une autre ovni débarquée très récemment dans le quartier, vous régale avec des petits plats savoureux, préparés avec amour (le saumon accompagné de quinoa est un délice), à prix doux.
Verso Le temple de la branchitude à Anvers
Où? Luc Dheedene, patron de Fashion Club 70 (l’un des plus gros importateurs de marques de prêt-à-porter de luxe italiennes et américaines), a d’abord ouvert, à Anvers, Verso Hommes. Puis, il a découvert ce superbe hôtel particulier de la fin du xixe siècle, dans un quartier en pleine explosion. Coup de foudre. Luc Dheedene décide, avec la complicité de ses fils Miguel et Gregory, d’y créer le premier concept store anversois. Depuis 2002, le prêt-à-porter et les accessoires homme et femme, ainsi que plusieurs marques de parfums sont regroupés dans cet impressionnant espace de 2 000 m2, intelligemment rénové par Glenn Sestig. L’architecte gantois a respecté les superbes volumes, se limitant à redistribuer l’espace avec des panneaux discrets qui dissimulent habilement les vêtements. Le comptoir central en chêne où se trouvaient des guichets (dans une vie antérieure, le bâtiment accueillait une banque) a été repeint en noir et transformé en présentoir de parfums et de bijoux. Le Verso Café, situé à l’entrée de la boutique, propose dans un décor sombre et intime des plats légers, des gâteaux de Pierre Marcolini et des thés Mariage Frères. Il y a deux ans, on a ajouté, en face, le Martini Bar, unique en Belgique. L’idée est empruntée à la boutique Dolce & Gabbana à Milan. Will Erens du bureau anversois Pur Sang, architecte officiel de Martini, lui a imaginé un décor » néo James Bond « , tendu de cuir blanc (fauteuils et murs) et éclairé par d’immenses lustres en cristal. Le bar, ouvert de 15 à 21 heures, propose un apéro » after work » ou » after shopping « .
Casting. En vedette ? Deux » corners in the shop » (hommes et femmes) Dolce & Gabbana, marque iconique de Luc Dheedene, situés au fond du magasin. Ailleurs, on a le choix entre les musts des collections Prada, Gucci, Christian Dior, Yves Saint Laurent, Giorgio Armani, Roberto Cavalli, Les Hommes, Ann Demeulemeester, Kris Van Assche et Dirk Bikkembergs, sans oublier les deuxièmes lignes de Dolce & Gabbana, Cavalli et Costume National. Côté jeans, vous y trouverez la marque 7 For All Mankind ( » les meilleurs jeans du monde « , dixit Miguel Dheedene). Dans un petit salon très cosy où brûle en permanence un feu dans la cheminée, les hommes peuvent choisir leur costume en demi-mesure (un atelier de six personnes £uvre à l’étage). Les aficionados des senteurs rares ont le choix entre Etat Libre d’Orange, Acqua di Parma, Costume National, The Different Company et Robert Piguet. Les bijoux ? Il y en a pour tous les goûts : Barong Barong (style gypsy), Ugo Cacciatori (bijoux précieux à l’ancienne) et Noble Necklaces (inspiration 1970).
Pour qui ? Pour la clientèle très » jet-set « , anversoise et internationale. Les patrons charismatiques soignent avec talent leurs relations extérieures. Verso est connu de tous les magazines les plus pointus du globe et y est mentionné comme le » place to be » à Anvers, à côté des musées, galeries d’art et hôtels chics.
Francis Ferent Une » institution » bruxelloise
Où? Depuis 1978, l’enseigne propose du prêt-à-porter branché de luxe pour hommes et femmes et compte aujourd’hui cinq boutiques. Inaugurée en 2003, la boutique de l’avenue Louise avait d’emblée l’ambition de se positionner comme un concept store. Selon Philippe Zone, qui tient aujourd’hui les rênes de la société, le concept store est un mode de vie d’avenir, un univers dans lequel tout un chacun peut se retrouver. La boutique Colette à Paris a servi de référence. Sa philosophie a été cependant adaptée au marché bruxellois qui ne permet pas de s’exprimer de façon aussi pointue. L’idée ? Créer des zones de rêve où des produits très haut de gamme côtoient des objets » plaisirs » plus accessibles. L’aménagement intérieur mêle des matériaux contemporains (pierre, verre et inox) dans un espace clair, cohérent et bien structuré. On entre dans un étalage de 50 m2, artistiquement mis en scène avec des vêtements, des accessoires et des objets d’art ou de design. Sur le long comptoir caisse le regard est attiré par des objets amusants et des gadgets à la mode. On traverse le département des accessoires avant de pénétrer dans le royaume du prêt-à-porter.
Casting. Fidèle à sa vocation d’origine, Francis Ferent est une boutique de mode. Celle-ci représente 90 % de l’offre. Chantal Tack (vingt-cinq ans de maison) effectue les achats avec beaucoup de discernement : les goûts et les attentes des clients n’ont plus aucun secret pour elle. Elle connaît aussi les tendances et les mouvances de la mode sur le bout des doigts. Plusieurs valeurs sûres se partagent la vedette depuis longtemps : Prada première ligne, Miu Miu, Burberry, Joseph, Dolce & Gabbana, Vanessa Bruno, Marc Jacobs et Stella McCartney. Givenchy vient de rejoindre ce team de rêve. Pour l’hiver 08-09, on annonce l’arrivée de Karma de Sonia Rykiel et la ligne EA7 d’Emporio Armani, deux collections qui s’inscrivent pile-poil dans la tendance sport-chic. Le prêt-à-porter est complété par des accessoires éponymes. A mentionner aussi : les montres » fashion » de Hermès, les parfums Etat Libre d’Orange, un choix de photographies en noir et blanc, toujours en rapport avec la mode, et une sélection de beaux livres qui racontent la haute-couture, les hôtels, les spas… trendy. Sans oublier les éventails qui font un come-back hype et des bougies parfumées à la figue, griffées Francis Ferent.
Pour qui ? Les femmes actives, modernes et organisées. Habituées à la classe » affaires « , elles n’hésitent pas à sauter dans un avion pour découvrir le dernier endroit huppé de la planète. Evoluant dans des milieux cosmopolites, elles veulent être sûres de ne pas se tromper dans leurs choix vestimentaires.
Itzu Une superbe loft story à Liège
Où? Situé sur un quai peuplé de belles maisons résidentielles, à peine à dix minutes du centre-ville, le lieu est totalement décentré. L’espace se déploie sur deux étages de 400 m2 chacun et ressemble à un loft duplex avec ses sols d’origine et ses murs en briques, peints en blanc. Le rez-de-chaussée accueille le prêt-à-porter homme et femme, les accessoires et les parfums. L’étage est dédié à la décoration. Son sol est en partie vitré et une immense verrière percée dans le toit fait pénétrer la lumière jusqu’au rez-de-chaussée. Au bar, situé tout au fond, on prend un café, un verre de vin ou une coupe de champagne. Les points forts de la déco ? Un gigantesque lustre sculpté avec des trophées de chasse, les cabines d’essayage en marbre vert et une superbe Harley-Davidson » tatouée » qui se balade entre le bar et l’étalage. Itzu a été créé il y a quatre ans par Léon Holla, propriétaire de deux boutiques pour hommes à Maastricht.
Casting. Les marques sont choisies pour leur côté exclusif, histoire d’inviter la clientèle à se déplacer. Parmi les valeurs sûres, présentes depuis le début et déclinées au masculin et au féminin, épinglons DSquared2, Y-3 de Yohji Yamamoto et April 77 (jeans et vestes assez techniques). Les hommes s’y précipitent pour Prada Sport, Stone Island (jeans japonais très pointus avec des toiles traitées à la main) et Porsche Design by Adidas. Parmi les nouveautés, signalons le label Diesel Black Gold (plus stylisé et plus haut de gamme que Diesel tout court), la ligne sport-chic de Juicy Couture avec ses joggings ornés de broderies et de paillettes (la nouvelle tendance) et, surtout, la griffe Etro (prêt-à-porter hommes, femmes et parfums). Les amateurs des fragrances rares se laissent séduire par la gamme Comme des Garçons et par les senteurs Des Filles à la Vanille. Les beaux bijoux brésiliens Guerreiro, en argent massif, sont empreints d’une symbolique (croix, cornes d’abondance) et se portent comme des porte-bonheur. A l’étage, la déco décline des objets exceptionnels et spectaculaires : des vases gigantesques réalisés avec des palmiers évidés, des chaises et tabourets en racine de teck, des tables comme sculptées en bois de suar, voisinent avec des têtes et des statues de Bouddha et des miroirs vénitiens provenant d’Indonésie.
Pour qui ? Pour les initiés, arty et intellos, » fous » de la marque DSquared2, fans de mode mais fuyant le show off. L’adresse se transmet par le bouche-à-oreille. On vient des Pays-Bas, de la région environnante et, parfois, de Bruxelles. L’ambiance est typiquement liégeoise. Irène Van Engelshoven et Julie-Anne Janssen vous y accueillent avec sourire, chaleur et simplicité. Un régal. Barbara Witkowska
Carnet d’adresses en page 152.
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