CONSTANCE GUISSET

© DAVID GAGNEBIN DE BONS/STUDIO GUISSET

LE MUSÉE DE DESIGN ET D’ARTS APPLIQUÉS CONTEMPORAINS (MUDAC) DE LAUSANNE A INVITÉ LA DESIGNER FRANÇAISE POUR UNE CARTE BLANCHE QUI REVISITE TOUTE SA CARRIÈRE.

Cette carte blanche, c’est une rétrospective ?

Dans un sens, oui, parce qu’on y montre tous mes objets, mais je ne voulais pas d’une rétrospective classique, où chaque pièce est exposée sur des plots ou par ordre chronologique. L’objectif était de montrer la réalité du travail, qui est fait pour le corps, pour les gens. On a le droit de s’assoir, de s’allonger, de lire les livres et d’ouvrir les tiroirs. J’y ai caché quelques surprises…

Vous avez accordé un soin particulier à la scénographie…

Je voulais qu’on y retrouve une forme de questionnement de la perception, avec deux espaces, l’un en noir et blanc, l’autre en couleur. Les questions de la couleur, mais aussi de la forme, du genre, de l’abstraction, tout ça permet d’interroger ce que l’on voit réellement : ce qui était une fusée ou un animal sous-marin d’un côté devient une robe ou un chapeau de l’autre. Et tant qu’on n’en a pas fait la démonstration, on ne s’en rend pas compte, ça m’a beaucoup amusé.

Qu’est-ce que ça vous a appris sur votre propre boulot ?

Ça m’a vraiment fait réfléchir sur ces affaires de couleur, sur ce qu’on donne à montrer, sur le rapport généreux à l’usage. Il y a un truc important là-dedans. Je trouvais normal de laisser les gens s’asseoir, le MUDAC était très étonné, mais ils ont trouvé ça super.

Il y a également un ouvrage, que vous avez particulièrement soigné.

Plus jeune, je collectionnais les bouquins d’artistes, donc ça m’a éclaté de le faire. J’aime bien l’évanescence de l’exposition, mais j’aime aussi le livre en tant qu’objet ; c’est quelque chose qui reste, qui peut se transmettre. Evidemment, au contraire de l’expo, on ne peut pas y expérimenter le mobilier, mais on y retrouve l’esprit qui guide mon travail.

Ça fait quoi de se poser un moment pour jeter un oeil dans le rétroviseur ?

C’est sûr que ce n’est pas anodin, d’autant que je vais avoir 40 ans. J’ai mis une énergie folle à faire ce livre et cette expo, et ça m’a donné l’occasion de faire le point, de réfléchir sur plein de choses, mais aussi de me renforcer pour la suite. J’ai plutôt l’habitude d’être tournée vers l’avant, mais le fait de regarder en arrière m’a donné l’impression de poser de nouvelles bases pour l’avenir. Les choses sont encore plus claires maintenant.

anima – carte blanche à Constane Guisset, au MUDAC (Lausanne), www.mudac.ch Jusqu’au 15 janvier 2017.

M.N.

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