En créant Ruby, la première marque tendance de casques de moto, ce passionné de vitesse, amateur de BD et d’Hergé, s’est attiré l’attention de Karl Lagerfeld et de Sofia Coppola. Défilés, créateurs et bobos ne jurent que par lui. En selle !

Il a connu six traumatismes crâniens et ceci explique en partie cela. Jérôme Coste dessine des casques de moto. Chers – entre 600 et 950 euros en moyenne la coque, davantage pour le sur-mesure – mais élégants, racés, au point de taper dans l’oeil de K.L. qui, le premier, fit des couvre-chefs Ruby un nouvel accessoire fashion lors de son défilé automne-hiver 09-10. Recouverts pour l’occasion de tweed, de vison ou de fourrure blanche puis posés sur la tête de frêles mannequins, comme un globe terrestre ou une inquiétante protubérance.  » Cela a été une chance de bosser avec Karl Lagerfeld et son studio, explique avec un enthousiasme intact le designer chevelu de 41 ans, silhouette svelte de Lucky Luke et barbichette de mousquetaire. Nous l’avons timidement approché sans savoir qu’il connaissait bien la marque, qu’il l’appréciait et qu’il voulait travailler avec nous.  »

Jérôme Coste sait s’entourer : Chanel mais aussi Maison Martin Margiela, Eley et Kishimoto ou plus récemment Sofia Coppola pour la collection croisière de Vuitton. Joli casting pour un créateur qui a longtemps associé le mot podium à un autre monde. Celui des champions de motocross qui gravissaient dans les années 80 les premières places… Les Ricky Johnson, les David Bailey et autres idoles de sa jeunesse. Son père, journaliste moto, l’initie à 11 ans au frisson du tout-terrain en lui prêtant une 50cc miniature. Une révélation qui ne sera pas que mécanique car l’univers esthétique des circuits deux roues marque le jeune pilote.  » J’ai été très influencé par les logos, les dessins et les couleurs des combinaisons. Pour moi, c’est très proche de la BD en termes d’émotion.  » Ce fan d’Hergé et d’héraldique a gardé de la ligne claire le goût de l’épure que l’on retrouve dans le design de ses casques.

Après un long passage par une école de graphisme, il s’envole vers la Californie où il travaille auprès d’un équipementier spécialisé dans le tout-terrain, se prend à ses heures perdues pour Peter Fonda dans Easy Rider, revient en France, conçoit une marque de vêtements pour skaters, monte un studio de création, puis s’attelle à Ruby, son label qu’il commercialise en 2007… Influencé par l’âge d’or des constructeurs british comme Norton ou Jaguar, Jérôme Coste ne résiste pas à renouer avec le chic des années 60 pour le lancement de son premier modèle Pavillon, un  » jet  » (casque enveloppant qui laisse apparaître le visage) qui lorgne vers le passé…  » C’est vrai mais en même temps, c’est tout sauf un produit rétro. La coque, par exemple, qui est en fibre de carbone, est beaucoup plus épaisse que ce que l’on faisait avant, pour des raisons de sécurité. Avec notre second modèle, Belvédère, qui est plus typé, nous avons été inspirés par l’aéronautique et par le futur tel qu’on se le représentait après-guerre.  » Deux modèles que la firme vient de compléter par Castel, un casque intégral qui – c’est une grande première dans le domaine – ne comporte pas de visière.

Malgré une image d’excellence et un réseau de distribution qui couvre une trentaine de pays dans le monde dont la Belgique, Ruby fait encore figure d’artisan aux côtés de géants comme Lazer ou Nolan dont les chiffres de vente sont écrasants.  » Nous avons la vocation de devenir une maison de luxe mais notre format est celui d’une start-up « , s’amuse le designer et entrepreneur qui, faute d’avoir trouvé le savoir-faire en Europe, a délocalisé ses ateliers de fabrication en Asie. Trente personnes y assemblent à la main 4 500 Ruby par an. Une goutte d’eau mais qui pourrait un jour faire tache d’huile.

PAR ANTOINE MORENO

 » NOTRE FORMAT EST CELUI D’UNE START-UP.  »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content