Au Costa Rica, tous les chemins mènent aux parcs nationaux, aux réserves naturelles, aux volcans, aux cataractes bouillonnantes. Les amoureux de la nature sont comblés. Tout comme les sportifs. Car on peut aussi y surfer, faire de la planche à voile, du kayak, du rafting ou plus simplement aller pêcher.

Ici, seule la nature luxuriante a permis le développement du tourisme. Le pays ne possède, en effet, ni cités perdues, ni vestiges précolombiens. Mais des paysages à couper le souffle : volcans, forêts, mangroves, rivières, cascades. Les parcs nationaux, les réserves privées couvrent le cinquième de la surface du Costa Rica. Avec des forêts riches en ébène, balsa, acajou, cèdres, fromagers. Dans ce vaste jardin tropical, on recense pas moins de 850 espèces d’oiseaux, 13 000 espèces de plantes, dont 1 500 sortes d’orchidées, 130 espèces de serpents et 10 000 sortes de papillons dont le Morpho aux grandes ailes bleu électrique.

Mais, attention, ce petit pays d’Amérique centrale de 51 100 km2 n’est pas un lieu de farniente pour stars stressées. Coincé entre les Caraïbes et le Pacifique, il a reçu 1,2 million de touristes en 2003 (il vise les 2 millions de visiteurs étrangers en 2012). Les Américains du Nord sont les plus nombreux, loin devant les Européens et les Américains du Sud. Les investisseurs apprécient cet eldorado vert peuplé de 3,5 millions d’habitants pacifistes. Ici, pas de risques de  » golpes  » (coups d’Etat), l’armée fut abolie en 1948. Un seul  » problème  » : les  » Nica « , terme pour désigner les voisins nicaraguayens qui viennent travailler au noir dans les champs de café, d’ananas et couper la canne à sucre. Ils seraient entre 500 000 et un million entrés illégalement dans un pays où tout le monde gagne correctement sa vie.

A 1 200 m d’altitude, San José, la capitale fondée en 1737 s’agite. Gros bourg d’une province oubliée de l’empire espagnol, elle s’était réveillée au milieu du vxiiie siècle, avec la culture du cacao et du tabac. Un siècle plus tard, le boom du café lui apportait la prospérité. Deux mille familles de  » cafetaleros  » (les planteurs de café) l’ont ainsi modelée, lui apportant tout son lustre et son panache. Une chanteuse d’opéra italienne refuse de venir y donner un concert en 1894. Les barons du café financent la construction d’un théâtre national avec une contribution volontaire sur le café exporté. On fait même appel à des artistes italiens pour la façade Renaissance, l’escalier d’honneur et la salle.

Si, ici, la nature est exubérante, elle est aussi violente. Eruptions volcaniques et tremblements de terre ont détruit la plupart des bâtiments coloniaux de la ville, y compris, hélas, en 1991, le fameux théâtre. Mais San José affiche encore des maisons de bois de style créole, logées dans le barrio Otoya. Et deux musées exceptionnels, le musée du Jade et le musée de l’Or, qui s’enorgueillissent des plus belles pièces des artisans et orfèvres précolombiens : colliers, bracelets, clochettes et même hameçons. Déjà avant l’invasion au xvie siècle par les Espagnols, les indigènes Diquis et Borruca excellaient dans le travail de l’or.

Le dimanche 18 septembre 1502, Christophe Colomb jetait l’ancre pour la première fois sur la côte Atlantique, là même où se trouve l’actuel Puerto Limon. Pour une conquête qui devait durer à peine quelques décennies. Le Costa Rica devenait ainsi colonie espagnole jusqu’en 1821. De cet héritage, seuls subsistent quelques vieilles pierres, des noms de lieux, la langue et un pays qui se revendique à 93 %  » blanc « , à savoir habité par les descendants des premiers colons espagnols et par des immigrants européens arrivés à la fin du xixe siècle. Tout le contraire du Guatemala, indien à plus de 70 %.

Pays de l’or vert

Après la capitale, l’appel de la nature. Cap sur le volcan Arenal. Trois heures de route, après une halte à la Valle Escondido, un site développé par un Italien au nom espagnol, Manuel Hidalgo, arrivé ici il y a vingt-six ans. Cet homme d’affaires atypique y a acheté des terres et développé de nombreuses activités : canyoning, escalade, promenades à cheval, balades dans la forêt. Le rêve pour les amateurs de vraie nature. Le volcan apparaît enfin… bien dégagé. A 1 633 m d’altitude avec son cône presque parfait, il est le symbole du pays et ce malgré sa turbulence récente : le 5 septembre 2003, il expulsait en effet cendres, roches et lave à la vitesse de 250 km/h sur une distance de 1 km. A ses pieds, un lac dans lequel les pêcheurs aiment taquiner la perche arc-en-ciel ou proposent des promenades en bateau. L’eau chaude, de 25 à 35 °C, jaillit des entrailles de l’Arenal dans des piscines naturelles. Des gerbes d’eau dégringolent en cascade dans les bassins. Des rideaux de pluie dégoulinent des rochers. On peut s’asseoir fermement sur une pierre et se faire masser par l’élément liquide. Et jouir du spectacle. Car, parfois, le volcan honore les visiteurs d’une coulée de lave spectaculaire.

On ne manquera pas, non plus, la réserve biologique « La Tirimbina » qui s’étend sur 326 ha de forêts primaires humides auxquels s’ajoute une île de 2 ha. Ici, programmes éducatifs et promenades guidées pour observer les oiseaux sont à l’honneur. Le  » skywalk  » permet de mieux apprécier la voûte forestière. Les promenades aériennes se font à partir des plates-formes d’observation et de passerelles suspendues. L’une d’elles, longue de 262 mètres, enjambe la rivière Sarapiqui. Une belle opportunité pour faire connaissance avec l’oiseau bonne s£ur, le danseur à col blanc, le chasse-mouche royal. Ou le motmot à tête bleue, aux yeux cernés de noir et à la queue en forme de cuillère à long manche. Ou bien encore le quetzal reconnaissable à sa tête couverte d’un plumage indigo.

Sylvain Grandadam

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